Confondante simplicité

La fin’amor

De nom en nom, d’appellation en appellation, toi et moi, avons fini pour nous rejoindre, dans le seul nom que nous pouvons enfin échanger, partager, où nous pouvons nous reconnaître ! Joyeuse dualitude, infinie tendresse du face à face… L’être humain se révèle être l’unique sceau de l’alliance, le seul et unique Nom que nous convienne, le seul dans lequel nous réalisions l’union sacrée de nous-mêmes en nous-même ! Être Humain, lieu où le Divin s’est fait humain et où l’humain se révèle comme le Divin. Humain, tout simplement… HUMAIN.

Au hasard, Balthazar !

Nous vivons la plus extraordinaire aventure de tous les temps… la fabrication d’un être qui n’existe pas encore sur la Terre.
Pour que l’espèce humaine se transforme en humanité, l’homme doit s’orienter du « dehors » vers le dedans ; du monde des images vers le monde essentiel, si nous souhaitons, désirons, voulons que demain existe encore !

Ma mie, est-ce que tu m’entends ?

Tout est calme et Baux, tout respire la grâce, la beauté. Ces pures splendeurs et ces mers de pierres alentour. Et l’infini de ce silence parsemé d’invisibles d’étoiles !

Soudain, le mistral souffle quelques brins d’herbe de Provence, la douce senteur de cette terre bénie embaume le vide et puis, et puis… derrière le hurlement du vent , j’entends la plainte de la Terre :

– Ma mie, est-ce que tu m’entends ?

– Oui ! Mère miséricordieuse, compatissante, infinie tendresse, merveilleuse Amor !

– Ma mie, ne vois-tu rien venir ?

– Si, si, Mère, si… est-ce la fin ?

– Non, nous ne sommes qu’au commencement de cette fin. Le cycle achevé, tout doit recommencer, mais seulement par la spirale de la fraternité, de la solidarité humaine, de l’Amour

– L’Homme n’aime pas, mère, l’Homme ne s’aime pas… L’Homme ne (se) connait pas, l’homme ne (se) comprend pas… Peut-on être fraternel sans aimer, peut-on aimer sans (se) connaitre, sans (se) comprendre ? Comment aller vers ce qu’on ne connait pas, Mère du monde ?

– L’Homme doit retourner les yeux au-dedans, tendre l’oreille vers l’intérieur et se laisser guider par la voix silencieuse, qui indiquera la Voie à suivre.

– Tu le sais, tu le sais, Mère : ils ont des yeux mais ne voient pas, ils ont des oreilles mais n’entendent pas…

– Celui qui n’entend pas le murmure de la brise, entendra le hurlement de la tempête solaire ; celui qui ne ressent pas la caresse du souffle, sentira la chaleur intense du Vent Solaire. Crois, ô Être humain, rien ne va se perdant pour toi !
Ma mie, est-ce que tu m’entends ?

t.0 ????

«Mens agitat molem» (c’est l’esprit qui fait mouvoir la matière).

S’éveillant à soi-même, l’homme s’est éveillé à D.ieu. S’éveillant à D.ieu, il s’est éveillé à Soi, au-delà de D.ieu et de Soi !

Soudain, dans un seul espace indistinct, le dehors et le dedans ne font qu’un ! Dans le Silence, la Présence ! Jaillissement du souffle, ouverture de l’Ouvert !

Au dedans du dedans, dans le silence le plus profond, irradie la flamme immortelle. Plénitude ici, plénitude là, plénitude plus intérieure que soi-même. Plus Vrai et Plus Réel que le Vrai et le Réel !

Tout et Rien, Plénitude vide, Plénitude du Vide, Avant le Tout, au-delà de tout…
Au-delà de Tout, quel autre Nom peut-on donner à Cela ?!

Silence !
L’Être est Vacuité ! La Vraie Parole est Silencieuse ! La seule louange, c’est Le Silence !

Alors je me tais…

t.0 ????

Fernando Pessoa

Plus je grandis, moins je suis. Plus je me trouve, plus je me perds. Plus je m’éprouve, plus je vois que je suis fleur et oiseau et étoile et univers. Plus je me définis, moins j’ai de limites. Je déborde tout. Dans le fond je suis le même que Dieu.

Dans la nuit où sont nées les étoiles, j’ai commencé à me consteller d’être. Il n’y a pas un seul atome de la plus lointaine étoile qui ne participe à mon être.

Maître Eckhart

Dans cette divinité où l’Être est au-delà de Dieu, et au-delà de la différenciation, là, j’étais moi-même, je me voulais moi-même, je me connaissais moi-même, pour créer l’homme que je suis. Ainsi je suis cause de moi-même selon mon essence, qui est éternelle, et non selon mon devenir qui est temporel. C’est pourquoi je suis non-né et par là je suis au-delà de la mort. Selon mon être non-né, j’ai été éternellement, je suis maintenant et demeurerai éternellement. Ce que je suis selon ma naissance mourra et s’anéantira de par son aspect temporel. Mais dans ma naissance éternelle, toutes les choses naissent et je suis cause de moi-même et de toute chose.

Si je l’avais voulu, ni moi-même ni aucune chose ne serait, et si je n’étais pas, Dieu ne serait pas non plus. Que Dieu soit Dieu, je suis la cause ; si je n’étais pas, Dieu ne serait pas.
Mais il n’est pas nécessaire de comprendre cela.

Et voir une fois encore le commencement de tout…

Ecoute la flûte de roseau et sa plainte…

C’est du feu, non du vent, le son de la flûte […]
C’est le feu de l’Amour qui est dans le roseau..
. (Rûmi)

2009/2010
Silence et vacuité, page blanche, tel est cet entre-deux où se situe cette nouvelle année : là où ce qui a été n’est presque plus et ce qui sera n’est presque pas encore. Cet entre-deux où se situe aussi la Terre de nos aspirations, la Terre de nos rêves, la Terre Céleste où l’Impossible s’accomplit en fait. Sans cette Terre Céleste, tout serait vain, tout, jusqu’à notre amour le plus profond, tout ne serait que métaphore. Car comment vivre sans rêves, sans élévation, sans transcendance ? Comment vivre en ignorant l’enfant au dedans de nous ? Mon souhait, pour cette toute nouvelle année, est que chacun, ne serait-ce que le temps d’un soupir, puisse se relier à cette Terre de l’âme, boire à cette source d’émerveillement sans fin, et croire à nouveau, comme le savent les vrais enfants, ceux qui n’ont pas d’âge, que tout est possible, que chaque instant est un instant neuf, et qu’à tout moment nous pouvons tout recommencer, et commencer !
Puisse cette nouvelle année qui s’avance être pour chacun celle de la réalisation du désir de son cœur, celle de tous les commencements !

t.0 ????

Puissions-nous être de ceux qui ne finissent jamais de naître !

Vivre c’est respirer en tout, comme le Tout respire en toi !

Le vent solaire insuffle la bonne nouvelle à l’étoile bleue, qui aussitôt la rayonne, scintillante, vers la rosée, qui la transmet aux fleurs des champs. Celles-ci la disent au ruisseau, qui la murmure aux petits cailloux. La rivière prend la relève et l’annonce aux vagues de l’Océan, qui la transmettent aux dauphins. Ceux-ci la font résonner vers les terres immergées. Les rochers enfouis en frémissent, la répercutant vers leurs cimes. Les brises marines la captent et en avertissent le peuple ailé, qui aussitôt la transmet aux plus hautes vallées. La rosée, gorgée du parfum des fleurs, la recueille à nouveau et la répand à tous les vents… : Il est né le Divin Enfant !

Puissions-nous être de ceux qui ne finissent jamais de naître !

t.0 ????


David Oistrakh, Debussy – Clair de lune

Arrivé au sommet de la montagne, ne t’arrête pas !

   

Avant
les montagnes sont des montagnes et les rivières des rivières

Pendant
les montagnes ne sont plus vraiment des montagnes et les rivières ne sont plus vraiment des rivières

Après
les montagnes sont à nouveau des montagnes et les rivières à nouveau des rivières…

Dénuement du verbe

Infinité de fréquences harmoniques

Vacuité des sens

Perplexité

Le Vrai, le Réel ne peut être dit

Indicible imminence, Sensation, Vide…

Beauté parfaite

Bonté

Présence
 
  
 t.0 ????
 
  

Photo : Mont Huangshan ynwa2005, creative commons