Lever de rideau

Fin de mascarade

j’ai mis longtemps à ôter tous mes masques, mais en enlevant mon dernier masque, j’ai retrouvé l’enfant que j’étais… avant que je ne porte de masques !

Maintenant démasquée, je chevauche le vent
Je m’enivre de vide.

Je nage dans les vagues des brumes irisées
Je m’habille quelque fois d’arc-en-ciel.

La vacuité me comble de joie
Le Rien me remplit de plénitude.

Tu me demandes : « Pour qui te prends-tu ? »

Aucune idée…

Nada !

???
t.0


L’unique Trait du Pinceau – Shitao

On n’écrit pas l’histoire d’un rêve, on s’en éveille.

Exquise délicatesse : de l’évanescence au point Zéro

Comment pourrais-tu, étant immobile, te mouvoir dans le vide et chevaucher le vent ?

Tous ces masques sont lourds à porter, et l’Être est plus léger que l’air !

Oui, comment pourrais-Je, étant immobile, me mouvoir dans le vide et chevaucher le vent ?

Je n’ai pas de savoir-faire pour Cela !

Tout savoir est temps déployé, et la conscience est éternelle immédiateté.

Dessaisissement volontaire,
Déprise de la maîtrise acquise sur soi.

Tout personnification est lourde à porter, et l’Être est plus léger que l’air !

Je me déposséderai de moi-même, de l’idée même de moi-même.
Je m’abandonnerai de manière à laisser faire le vent.
Je me laisserai emporter par le vent , absorber par le vent.

Comment pourrais-Je ÊTRE pleinement vide et inspirer le vent ?

Toute appellation est lourde à porter, et l’Être est plus vide que le vent !
Toute substance est lourde à porter, et l’Être est moins encore que le Rien !

Plus vide qui le vide, l’Être est !

SOLITUDE FONCIÈRE

Et puis…

Du dedans du dedans de l’infiniment obscur, mystérieux et abyssal silence
De l’ultime particule évanescente
Du quasi Rien…
Jaillit La Lumière !

t.0 ???

Regardant sans voir on l’appelle Invisible ; écoutant sans entendre on l’appelle Inaudible ; palpant sans atteindre on l’appelle Imperceptible ; voilà trois choses inexplicables qui, confondues, font l’unité. Son haut n’est pas lumineux ; son bas n’est pas ténébreux. Cela serpente indéfiniment indistinctement jusqu’au retour au Non-chose…On le qualifie de Forme de ce qui n’a pas de forme et d’Image de ce qui n’est pas image…

Lao Tzu Livre de la Voie et de la Vertu (chapitre XIV)

TURNER !

Célébration de Joseph Mallord William Turner

1775-1851

En gratitude d’un émerveillement sans cesse renouvelé et jamais démenti, face à ses dissolutions de formes en matière de lumière, je voudrais aujourd’hui célébrer Turner, celui qui a été élu amant et confident de la lumière par la lumière elle même !

Car, qu’est-ce que la peinture sinon l’offrande, l’abandon de la lumière, jusqu’au dénuement le plus intime des formes qui la voilent ? Et cela en toute confiance, car elle sait que son amant éperdu d’amour dans l’ivresse de leur étreinte veillera à laisser sur elle un voile translucide qui mettra à l’abri des profanes leur ultime secret !

Tate Gallery – Londres
http://www.tate.org.uk/servlet/BrowseGroup?cgroupid=999999998