Si je ne suis pas pour moi, qui le sera ? Si je suis seulement pour moi, que suis-je ?

« Je sais depuis longtemps que la peur est une maladie, et une maladie contagieuse. Seules la transmettent les personnes qui en sont atteintes. Ceux qui répandent la terreur, la division, la haine, sentent que de tous les abris mensongers qui s’écroulent, le leur est le premier menacé. »

Et puisque que démonstration est faite que le ridicule ne tue pas, je partage avec vous, ô mes concitoyens, ma profession de foi. Amen !

J’aime la France, mon pays, mon merveilleux pays, qui, aussi loin que je me souvienne, m’a toujours permis de croire, même au cœur de la plus longue nuit, à la valeur de l’humanité, de la liberté, de la fraternité, de l’égalité. Depuis trop longtemps déjà, peu à peu, cette France se laisse entraîner vers une intolérance primaire à l’encontre de ceux que la doxa du moment considère comme non conformes, c’est-à-dire contrevenants à la sacrosainte normalité qui s’apparente de plus en plus à la médiocrité, doublée d’une indestructible satisfaction de soi et d’un curieux sentiment de faire partie des gens du bien.

Autrefois, dans un autre millénaire, un autre monde (ou bien était-ce un univers parallèle ?), on disait de moi que j’étais communiste, d’où l’on déduisait que j’étais malsaine, diabolique, défenseur d’un être particulièrement « dangereux », qui se nommait Dom Helder Camara, archevêque chrétien considéré comme marxiste par le régime militaire brésilien.

Aujourd’hui, en France, il est fort probable que je sois cataloguée sur quelque liste noire comme « suppôt de la droite réactionnaire »… O tempora, o mores !

J’aime à penser que la France archétypale de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, est toujours là ! Qu’elle ne retirera pas son humanité à celui qui pense différemment, qui fait d’autres choix, qui se sent plus proche d’une autre couleur politique… Qu’elle saura traiter dignement celui qu’un inquiétant réflexe conduit de plus en plus à condamner au mépris général et à l’humiliation publique, fût-il libre (donc dangereux ?), fût-il croyant (donc diabolique ?), fût-il riche (donc mauvais ?)…

Insister sur ce que nous divise semble être la nouvelle doxa. Ce n’est pas la mienne.
La mienne, c’est le respect des différences, toutes les différences. C’est la recherche de ce qui nous unit, le respect de mes « adversaires », et le courage de mourir, s’il le faut, pour mon idéal, mais sans haine dans le coeur, sans mépris pour l’autre, loyalement, dignement.

Nous en sommes arrivés au temps redouté, redoutable, de la chasse à l’homme, de l’organisation des meutes, de la division et des ostracismes de toutes sortes. Nous voici dans l’idolâtrie, la revendication particulariste, la volonté d’imposer une unique manière d’être, une pensée unique… Le « bien » de la meute justicière, proclamé par décret, n’a plus grand chose à voir avec la recherche du bien de tous, du bien commun.

Le « j’aime pas les riches » d’un jour sera suivi le lendemain par « j’aime pas les pauvres », « j’aime pas le noirs », « j’aime pas les juifs », « j’aime pas les chrétiens ni les musulmans », « j’aime pas les autres », « j’aime pas ! »…

Tous contre tous, tous contre l’un ?

Alors voilà: ne comptez pas sur moi ! Je ne suis rien ni personne, et ma force et ma liberté viennent justement de cela !

Quoi que vous fassiez, vous les diviseurs, vous le savez sans doute au fond de vous-mêmes : vous avez gagné une bataille, mais vous avez déjà perdu la guerre !

Liberté, égalité, fraternité, tolérance… Cela viendra, c’est fatal !

L’amour vaincra !

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« Si je ne suis pas pour moi, qui le sera ? Si je suis seulement pour moi, que suis-je ? Et si pas maintenant, quand? » Hillel Hazaken
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Le temps de la cueillette ou le savoir-être

« Voici je vous le dis, levez-les yeux et regardez les champs qui déjà blanchissent pour la moisson » Jean 4:35

Semeurs et moissonneurs.
Ce n’est pas de savoir l’irrealité d’un rêve qui le fait s’évanouir. Nous faisons le constat de ce que nous sommes quand nous réalisons ce que nous ne sommes pas. Les représentations nous abusent, mais la réalité n’a pas de décor. Quand le temps de la cueillette arrive, la preuve du travail accomplit, c’est la moisson. Notre récolte temoigne pour ou « contre » nous !
Le jardinier veritable sait l’inutilité de l’effort dérisoire de tous ceux qui croient encore à la possibilité de préparer la terre pour y déposer la semence, une fois le moment passé.
Il y a un temps pour tout…
La jardinière ne parlera aujourd’hui ni de l’Art du jardinage, ni de l’Art de l’entretien du jardin.
La patience et la persévérance lui ont appris l’humilité (celle de l’humus), cette connaissance essentielle de la terre qui permet de ne pas confondre les différentes modalités du temps.

En labourant son propre champ, elle a compris que le semeur, le moisonneur et la terre à travailler ne font qu’un…

Elle sait maintenant que le travail de jardinage avait pour but de connaitre sa terre, et à travers cette connaissance, de s’accomplir en un jardin véritable.

Le SAVOIR-ÊTRE en est la récolte.

Celui qui ne se connaît pas, et de ce fait ne se transforme pas en se connaissant, ne peut rien connaître. Seul celui qui est formé et transformé, peut être connaissant.

Le savoir-être est la Connaissance, et la Connaissance donne à l’homme son visage et son Nom. Elle remet à l’endroit ce qui était à l’envers.

La jardinière, en labourant sa propre terre, a « reveillé les graines dormantes ».

Elle a respecté les differentes modalités du temps : elle a labouré son champ, laissé la terre se reposer, planté ses graînes, et attendu patiemment la sortie des bourgeons. Elle a pris soin de récolter les graines de certaines plantes, pour pouvoir les replanter, et fait en sorte que les « mauvaises » herbes n’étouffent pas d’autres plantes, sans pour autant les arracher, car elles sont aussi nécessaires à l’équilibre du jardin, à sa permanence… Elle a pris soin de semer des variétés diverses afin que son jardin puisse donner aussi bien des plantes nutritives que des plantes médicinales et des plantes esthétiques. Avec persévérence et un amour infini, elle a veillé à leur entretien. Sans penser aux fruits…

Elle s’est occupée des allées, des portails, ainsi que des palissades du jardin… Elle revenait sans cesse, comme il lui avait été conseillé, au concept-jardin.

Elle a œuvré auprès des abeilles, et avec elles a butiné les fleurs, issues de son propre champ. Elle a été le témoin oculaire du surgissement du miel. Elle a goûté le miel, et en le goûtant, ô merveille, elle s’est savourée elle-même !

Comme le miel, elle a pu être recueillie et concentrée dans un réceptacle qui n’était autre que Soi-même.

Il y a un temps pour tout, et le temps de la cueillette est arrivé.
Un arbre peut-il être un homme, un homme peut-il être un arbre ? *

Cette Terre labourée, cette substance, matière de connaissance, doit être récoltée, faute de quoi elle sera perdue, une fois le réceptacle en cendres dispersé.

Un chant interieur s’élève, venu des essaims d’étoiles bleues, le Vent Solaire en porte les paroles : l’Homme peut hériter de l’Humanité, en veut-il ?

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t.0

Aabshar, la cascade.

 

Entre-Dire (Interdire, XIIIe; entredire 1174).
Fruit défendu, Interdit !

Le miel de « la Cour des Abeilles »** est aussi connu comme SAF -Substance Absolue de Fraternité !

** Sarmoun-Sarman

*

Confondante simplicité

La fin’amor

De nom en nom, d’appellation en appellation, toi et moi, avons fini pour nous rejoindre, dans le seul nom que nous pouvons enfin échanger, partager, où nous pouvons nous reconnaître ! Joyeuse dualitude, infinie tendresse du face à face… L’être humain se révèle être l’unique sceau de l’alliance, le seul et unique Nom que nous convienne, le seul dans lequel nous réalisions l’union sacrée de nous-mêmes en nous-même ! Être Humain, lieu où le Divin s’est fait humain et où l’humain se révèle comme le Divin. Humain, tout simplement… HUMAIN.

Au hasard, Balthazar !

Nous vivons la plus extraordinaire aventure de tous les temps… la fabrication d’un être qui n’existe pas encore sur la Terre.
Pour que l’espèce humaine se transforme en humanité, l’homme doit s’orienter du « dehors » vers le dedans ; du monde des images vers le monde essentiel, si nous souhaitons, désirons, voulons que demain existe encore !

Ma mie, est-ce que tu m’entends ?

Tout est calme et Baux, tout respire la grâce, la beauté. Ces pures splendeurs et ces mers de pierres alentour. Et l’infini de ce silence parsemé d’invisibles d’étoiles !

Soudain, le mistral souffle quelques brins d’herbe de Provence, la douce senteur de cette terre bénie embaume le vide et puis, et puis… derrière le hurlement du vent , j’entends la plainte de la Terre :

– Ma mie, est-ce que tu m’entends ?

– Oui ! Mère miséricordieuse, compatissante, infinie tendresse, merveilleuse Amor !

– Ma mie, ne vois-tu rien venir ?

– Si, si, Mère, si… est-ce la fin ?

– Non, nous ne sommes qu’au commencement de cette fin. Le cycle achevé, tout doit recommencer, mais seulement par la spirale de la fraternité, de la solidarité humaine, de l’Amour

– L’Homme n’aime pas, mère, l’Homme ne s’aime pas… L’Homme ne (se) connait pas, l’homme ne (se) comprend pas… Peut-on être fraternel sans aimer, peut-on aimer sans (se) connaitre, sans (se) comprendre ? Comment aller vers ce qu’on ne connait pas, Mère du monde ?

– L’Homme doit retourner les yeux au-dedans, tendre l’oreille vers l’intérieur et se laisser guider par la voix silencieuse, qui indiquera la Voie à suivre.

– Tu le sais, tu le sais, Mère : ils ont des yeux mais ne voient pas, ils ont des oreilles mais n’entendent pas…

– Celui qui n’entend pas le murmure de la brise, entendra le hurlement de la tempête solaire ; celui qui ne ressent pas la caresse du souffle, sentira la chaleur intense du Vent Solaire. Crois, ô Être humain, rien ne va se perdant pour toi !
Ma mie, est-ce que tu m’entends ?

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Poïésis

« Si les vieux imbéciles n’avaient pas trouvé du Moi que la signification fausse, nous n’aurions pas à balayer ces millions de squelettes qui, depuis un temps infini, ! ont accumulé les produits de leur intelligence borgnesse, en s’en clamant les auteurs ! »

Les « grandes » personnes mentent, elles sont cyniques et désabusées… Ne les croyez pas !
Les « grandes » personnes mentent toujours !

Seule la poésie réconciliera les hommes !
Seule la Beauté sauvera le Monde !
Seule la Musique rétablira l’équilibre !

Le penchant vers la platitude continuera… Mais des signes d’une aurore nouvelle se lèveront. Cette aurore, cette révolution neuro-poétique se laisse déjà entrevoir à travers la nuit obscure. La servitude volontaire, la servilité obséquieuse envers la plate pensée, le conformisme à la médiocrité mercantile, vont in fine corroder le vil métal, et faire sortir, malgré tout, à cause de tout, l’essence musicale de la Vraie Vie !
Non, le monde n’est pas voué sans appel à la platitude, à la médiocrité.

Il y a un temps pour tout ! Le temps de la Poïésis est arrivé, pour que demain existe encore !

« De l’Amour nous sommes issus, selon l’Amour nous sommes faits »

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Anne-Sophie Mutter at 13 with Herbert Von Karajan

Sans détour…

Que de candidats voyageurs passent leur existence dans la préparation des provisions pour un voyage qu’ils ne feront jamais !

Dans “Poème en ligne droite???, Fernando Pessoa supplie la vie de lui faire entendre une voix humaine qui ne témoignerait pas d’un haut fait, d’une réussite insolente, d’un courage à toute épreuve… Car il n’est entouré, dit-il, que de demi-dieux, de princes qui ne connaissent de la vie que des réussites…

Lui, vil, sale, mesquin, comique, grotesque, émet le voeu d’entendre une voix humaine, une seule, qui admette ses faiblesses, sa solitude, ses insuccès, qui ne feigne ni le bonheur, ni la toute puissance, ni la gloire… de son ego.

Lui qui n’a connu que des champions, forme le voeu de rencontrer un humain, tout simplement humain, qui reconnaisse son impuissance et sa lâcheté, ses imperfections et son désarroi devant la condition humaine, et qui par là même manifeste et assume son humanité, dans la fraternité et la solidarité !

Et, tout comme Fernando que j’aime tant, je suis moi aussi fatiguée de n’être entourée que de demi-dieux, de princes qui pensent n’avoir besoin de personne, enfermés dans les hautes tours de leur glaciale et indifférente solitude.

Chacun pour Moi parce que je le vaux bien ! L’autre m’insupporte, seul le même, mon clone me convient. Quid de la différence ? ils ne veulent entendre en retour que l’écho de leur propre voix !

Ah! si je pouvais entendre une voix humaine… Une voix humble !!!

Et si, tout comme Fernando Pessoa, il ne me restait plus qu’à ranger mes valises, à les laisser derrière moi et prendre le vent, ou mieux : me laisser emporter par le vent ?

Aller vers Lekh Lekha ! Vers Soi-même.

Certains voyagent par exotisme, pour se dépayser, pour l’excitation de connaître d’autres vies, d’autres langues. D’autres voyagent pour s’évader, prendre des vacances de soi-même, s’oublier…

Il leur faut toujours des bagages. Plus le voyage est long, plus il leur faut de bagages.

Pour ces voyageurs semi-divins et princiers, ceux qui « ne sont pas n’importe qui », le prix de l’excédant de bagages dépassera même le prix du billet de première classe.

Et le voyage, tout voyage (ici) devient signe extérieur de richesse.

Il existe néanmoins un voyage que seul un voyageur sans bagages peut entreprendre. Nous ne connaissons de ce type de voyage que ce que nous appelons la mort, le voyage sans retour !

Il existe cependant un autre versant du voyage, un versant abrupte vers une plongée dans l’abîme (de nous-mêmes), à la recherche de la vérité de ce que nous sommes.

Ce voyage, contrairement aux autres, est l’expression d’une humilité intérieure !

Dans ce voyage (comme dans la mort), nous n’emportons rien d’autre que la confiance que nous recevrons en chemin tout ce dont nous aurons besoin.

On se sait pauvre, et parce qu’on se sait pauvre, on osera demander et recevoir.

On se sait seul, et parce qu’on si sait seul, on osera aller vers l’autre et chercher sa compagnie.

Ce voyage vers soi-même, c’est la Vie, car même si nous feignons de l’oublier, nous sommes tous des voyageurs, des passants sur cette Terre. Rien de ce que nous accumulons, tant d’efforts après tant d’efforts, nous ne l’emporterons le moment venu.

Que nous soyons « riches » où pauvres, il n’y aura aucun bagages. RIEN. Nous arrivons nus, nous partirons dépouillés de tout, y compris de « notre » corps !

Alors, puisque il en est ainsi, pourquoi jouer les demi-dieux, arrogants, orgueilleux et indifférents ? Pourquoi ce sentiment d’importance quasi divine, cet orgueil, cette vanité ?

Pourquoi si mal aimer son prochain ? Pourquoi si mal aimer l’Amour ?

Oh oui, que je suis fatiguée de n’être entourée que de demi-dieux, de princes qui n’ont besoin de personne, enfermés dans la solitude glaciale et indifférente de leurs tours magistrales !

Moi qui suis si impuissante, si faible, si ignorante, si pauvre et démunie…
Comment moi, n’importe qui, esclave de la condition humaine, pourrais-je vivre avec vous, dans un même espace que vous,

Ô Princes, mes frères ?

t.

Poème en ligne droite

Je n’ai jamais connu quiconque qui ait pris des coups.
Tous, parmi mes connaissances, ont été des champions en tout.

Et moi, tant de fois méprisable, tant de fois porc, tant de fois vil,
Moi, tant de fois irréfutablement parasite,
Inexcusablement sale.
Moi qui, tant de fois, n’ai pas eu la patience de prendre un bain,
Moi qui fus tant de fois ridicule, absurde,
Qui me suis pris publiquement les pieds dans les tapis des étiquettes,
Qui ai été grotesque, mesquin, soumis et arrogant,
Qui ai souffert l’humiliation et me suis tu,
Et qui, lorsque je ne me suis pas tu, me suis senti plus ridicule encore;
Moi dont se sont ris des domestiques d’hôtel,
Moi qui ai senti les clins d’œil des employés du fret,
Moi qui me suis livré à des hontes financières, contracté des emprunts sans payer,
Et qui, à l’heure de prendre des coups, me suis accroupi
Pour échapper à la possibilité d’un coup ;
Moi qui ai souffert l’angoisse des petites choses ridicules,
Je constate que je n’ai pas de pair en tout ceci dans ce monde.

Tous ceux que je connais et qui parlent avec moi
N’ont jamais eu un geste ridicule, n’ont jamais souffert l’humiliation,
N’ont jamais été rien d’autre que princes – tous, ils sont princes – dans la vie…

Si seulement je pouvais entendre de quelqu’un une voix humaine
Qui confesse, non pas un pécher, mais une infamie ;
Qui raconte, non pas une violence, mais une lâcheté !
Non, ils sont tous l’Idéal, si je les écoute, et qu’ils me parlent.
Qui y a-t-il, dans ce vaste monde, pour me confesser qu’une fois, il a été vil ?
Ô princes, mes frères,

Allez, j’en ai assez des demi-dieux !
Où y a-t-il des hommes dans le monde ?

Ainsi, je suis le seul à être vil et dans l’erreur sur cette terre ?

Les femmes peuvent ne pas les avoir aimés,
Ils peuvent avoir été trahis – mais ridicules jamais !
Et moi, qui ai été ridicule sans avoir été trahi,
Comment pourrais-je parler avec mes supérieurs sans vaciller ?
Moi, qui suis vil, littéralement vil,
Vil au sens mesquin et ignoble de la vilénie.

(??lvaro de Campos – Fernando Pessoa)

Poema em Linha Reta

Nunca conheci quem tivesse levado porrada.
Todos os meus conhecidos têm sido campeões em tudo.

E eu, tantas vezes reles, tantas vezes porco, tantas vezes vil,
Eu tantas vezes irrespondivelmente parasita,
Indesculpavelmente sujo.
Eu, que tantas vezes não tenho tido paciência para tomar banho,
Eu, que tantas vezes tenho sido ridículo, absurdo,
Que tenho enrolado os pés publicamente nos tapetes das etiquetas,
Que tenho sido grotesco, mesquinho, submisso e arrogante,
Que tenho sofrido enxovalhos e calado,
Que quando não tenho calado, tenho sido mais ridículo ainda;
Eu, que tenho sido cômico às criadas de hotel,
Eu, que tenho sentido o piscar de olhos dos moços de fretes,
Eu, que tenho feito vergonhas financeiras, pedido emprestado
[sem pagar,
Eu, que, quando a hora do soco surgiu, me tenho agachado
Para fora da possibilidade do soco;
Eu, que tenho sofrido a angústia das pequenas coisas ridículas,
Eu verifico que não tenho par nisto tudo neste mundo.

Toda a gente que eu conheço e que fala comigo
Nunca teve um ato ridículo, nunca sofreu enxovalho,
Nunca foi senão príncipe – todos eles príncipes – na vida…

Quem me dera ouvir de alguém a voz humana
Que confessasse não um pecado, mas uma infâmia;
Que contasse, não uma violência, mas uma cobardia!
Não, são todos o Ideal, se os oiço e me falam.
Quem há neste largo mundo que me confesse que uma vez foi vil?
Ó principes, meus irmãos,

Arre, estou farto de semideuses!
Onde é que há gente no mundo?

Então sou só eu que é vil e errôneo nesta terra?

Poderão as mulheres não os terem amado,
Podem ter sido traídos – mas ridículos nunca!
E eu, que tenho sido ridículo sem ter sido traído,
Como posso eu falar com os meus superiores sem titubear?
Eu, que venho sido vil, literalmente vil,
Vil no sentido mesquinho e infame da vileza.

??lvaro de Campos – Fernando Pessoa

Traduit par Zar et t.

*Georges de La Tour – La Madeleine à la veilleuse