La Source

I– Rabbouni Yeshoua Ha Mashiah, Jésus Christ

La source de la Connaissance est unique et s’il peut y avoir des désaccords apparents au niveau des manifestations, au niveau de l’essence, en revanche, le désaccord est impossible !

L’Amour n’aime pas parce que nous sommes dignes d’être aimés ou parce que nous lui apportons quelque chose ; l’Amour aime parce qu’Il est amour inconditionnel !

C’est une chance que de pouvoir une fois au moins dans sa vie, connaître la soumission enthousiaste. Parmi les demi-vérités dont s’enchante notre société intellectuelle figure celle-ci, excitante, que chaque conscience veut la mort de l’autre. Aussitôt, nous voilà tous maîtres et esclaves, voués à nous entre-tuer. Mais le mot maître a un autre sens qui l’oppose seulement au disciple dans une relation de respect et de gratitude. Il ne s’agit plus alors d’une lutte des consciences, mais d’un dialogue, qui ne s’éteint plus dès qu’il a commencé, et qui comble certaines vies. Cette longue confrontation n’entraîne ni servitude ni obéissance, mais seulement l’imitation au sens spirituel du terme. À la fin, le maître se réjouit lorsque le disciple le quitte et accomplit sa différence, tandis que celui-ci gardera toujours la nostalgie de ce temps où il recevait tout sachant qu’il ne pourrait jamais rien rendre. L’esprit engendre ainsi l’esprit, à travers les générations, et l’histoire des hommes, heureusement, se bâtit sur l’admiration autant que sur la haine**.

D.ieu est amour : celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu en lui*

Comme le dit si finement Michel Tournier : Il n’est rien de tel que l’admiration. Exulter parce qu’on se sent dépassé par la grâce…

Plus que tout autre prophète ou maître, Rabbouni Yeshouah, Jésus Christ, fut et est le Sujet de toute mon admiration au sens spirituel du terme, le guide incontestable dans le chemin de l’Amour.
Plus que tout autre prophète ou maître, Jésus prêche et démontre par l’exemple la prééminence de l’Amour.

D.ieu est Amour, affirme-t-il.

Ah ! le scandale de cet Amour-là ! Inconditionnel, gratuit, radical…

Tu aimeras le Seigneur ton D.ieu (ton Seigneur d’Amour) de tout ton coeur, de tout ton esprit et de toutes tes forces, et tu aimeras ton prochain comme toi-même.
Aimez-vous les uns les autres.
Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés.
Ce que vous faites au plus petit d’entre vous, en vérité c’est à moi que vous le faites.

Oui ! Aimer, Aimer tout ce qui respire, aimer de toutes les diverses sortes d’amour dont l’être humain soit capable et rejoindre ainsi le principe Unique, la Source Universelle de la Vie !

Telle est la parole Christique, tel est son message, simple et clair comme l’eau de Source !

Alors, pourquoi un tel mépris de la tradition christique en France, et pourquoi à l’inverse une telle dévotion de principe envers toute autre forme d’enseignement spirituel ? Pourquoi ce refus systématique, et pourquoi l’arrogance et la condescendance qui l’accompagnent ?

J’ai ma petite idée là-dessus… et je la partage volontiers 😉

Le Christ est le seul « envoyé » qui ait donné sa vie, qui ait fait le sacrifice de sa propre vie pour accomplir sa mission, et témoigner de ses dires. Il est le Seul qui n’ait jamais caché que pour que le Royaume advienne, il fallait accepter l’humiliation, la souffrance, et la mort !

Incarnation de l’Amour (Divin parce qu’humain, et humain parce que Divin), il savait (il sait !) plus qu’un autre que l’Amour exige « l’humiliation » et « l’abaissement », seuls capables de protéger des réactions négatives et d’empêcher de se faire prendre dans la polarité de l’Amour et de la haine et de finir par être son propre opposé.

Humilité, abaissement et mort, donc, mais non pas comme une conséquence de cet Amour Inconditionnel : plutôt comme une condition de sa manifestation !

Cet Amour-là aime tout le monde, aussi bien ses amis que ses ennemis, aussi bien les proches que lointains, les méritants que les déméritants, les purs que les impurs, les croyants que les incroyants, et non pas seulement MOI, toujours MOI, exclusivement MOI. Voilà bien le scandale apparemment insupportable : un amour inconditionnel qui met tout le monde sur un pied d’égalité…

Cet Amour-là affirme que c’est en donnant que l’on reçoit, en pardonnant que l’on est pardonné, en mourant que l’on vit.
Que le Royaume n’est pas de ce monde, absolument pas de ce monde « matériel », et que les derniers seront les premiers.
Cet Amour-là énonce sans détour où se trouve la véritable source du bonheur :

Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux !
Heureux les affligés, car ils seront consolés !
Heureux les débonnaires, car ils hériteront la terre !
Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés !
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde !
Heureux ceux qui ont le coeur pur, car ils verront Dieu !
Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu !
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux !
Heureux serez-vous, lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi.
Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux ; car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous.

Et tout cela pour un royaume « immatériel », qui n’est pas ici-maintenant-tout-de-suite ?

Alors la question se pose : le refus du message christique n’est-il pas finalement le refus de la pauvreté, de la souffrance et de la mort ? Le refus, au fond, de notre humanité ?

Et peut-être est-il préférable, pour l’Homme moderne si fier de ses Lumières et si imbus de tous ces progrès mirifiques qui nous « sauvent » des humiliations liées à la condition humaine en nous faisant enfin « maîtres et possesseurs de la Nature », peut-être est-il préférable de se tourner vers des images plus abstraites, plus exotiques, qui permettent peut-être, en quelque sorte, de composer plus facilement avec nous-mêmes, de ne pas prendre la vérité du message tout à fait au sérieux, tout à fait concrètement.

Quoi qu’il en soit, étant bien entendu que chaque message et chaque tradition ont leur valeur intrinsèque et leur authenticité indéniable (du moins là où ils sont authentiques, cela va de soi), étant bien entendu également que je ne suis nullement religieuse moi-même et que je n’ai pas de sympathie particulière pour les systèmes figés, quels qu’ils soient, je ne comprends pas pourquoi, en France, les uns sont systématiquement et bruyamment méprisés, lorsqu’ils affichent une affiliation à la tradition chrétienne, alors que d’autres sont admis volontiers, et même souvent considérés avec des égards respectueux, pourvu qu’ils se réfèrent à une tradition autre.

J’ai butiné de très nombreuses fleurs, me suis abreuvée à mille sources, et abondamment nourrie de chacune, mais je n’ai rien trouvé de plus simple, de plus clair, de plus aimable et de plus humain que le message des Évangiles, et je n’ai jamais tant aimé et admiré que Rabbouni Yeshouah, le Christ.

@photo: Chapada Diamantina , Brasil.

* I Jean 4:16:
**Albert Camus à propos de Jean Grenier.

Sans détour…

Que de candidats voyageurs passent leur existence dans la préparation des provisions pour un voyage qu’ils ne feront jamais !

Dans “Poème en ligne droite???, Fernando Pessoa supplie la vie de lui faire entendre une voix humaine qui ne témoignerait pas d’un haut fait, d’une réussite insolente, d’un courage à toute épreuve… Car il n’est entouré, dit-il, que de demi-dieux, de princes qui ne connaissent de la vie que des réussites…

Lui, vil, sale, mesquin, comique, grotesque, émet le voeu d’entendre une voix humaine, une seule, qui admette ses faiblesses, sa solitude, ses insuccès, qui ne feigne ni le bonheur, ni la toute puissance, ni la gloire… de son ego.

Lui qui n’a connu que des champions, forme le voeu de rencontrer un humain, tout simplement humain, qui reconnaisse son impuissance et sa lâcheté, ses imperfections et son désarroi devant la condition humaine, et qui par là même manifeste et assume son humanité, dans la fraternité et la solidarité !

Et, tout comme Fernando que j’aime tant, je suis moi aussi fatiguée de n’être entourée que de demi-dieux, de princes qui pensent n’avoir besoin de personne, enfermés dans les hautes tours de leur glaciale et indifférente solitude.

Chacun pour Moi parce que je le vaux bien ! L’autre m’insupporte, seul le même, mon clone me convient. Quid de la différence ? ils ne veulent entendre en retour que l’écho de leur propre voix !

Ah! si je pouvais entendre une voix humaine… Une voix humble !!!

Et si, tout comme Fernando Pessoa, il ne me restait plus qu’à ranger mes valises, à les laisser derrière moi et prendre le vent, ou mieux : me laisser emporter par le vent ?

Aller vers Lekh Lekha ! Vers Soi-même.

Certains voyagent par exotisme, pour se dépayser, pour l’excitation de connaître d’autres vies, d’autres langues. D’autres voyagent pour s’évader, prendre des vacances de soi-même, s’oublier…

Il leur faut toujours des bagages. Plus le voyage est long, plus il leur faut de bagages.

Pour ces voyageurs semi-divins et princiers, ceux qui « ne sont pas n’importe qui », le prix de l’excédant de bagages dépassera même le prix du billet de première classe.

Et le voyage, tout voyage (ici) devient signe extérieur de richesse.

Il existe néanmoins un voyage que seul un voyageur sans bagages peut entreprendre. Nous ne connaissons de ce type de voyage que ce que nous appelons la mort, le voyage sans retour !

Il existe cependant un autre versant du voyage, un versant abrupte vers une plongée dans l’abîme (de nous-mêmes), à la recherche de la vérité de ce que nous sommes.

Ce voyage, contrairement aux autres, est l’expression d’une humilité intérieure !

Dans ce voyage (comme dans la mort), nous n’emportons rien d’autre que la confiance que nous recevrons en chemin tout ce dont nous aurons besoin.

On se sait pauvre, et parce qu’on se sait pauvre, on osera demander et recevoir.

On se sait seul, et parce qu’on si sait seul, on osera aller vers l’autre et chercher sa compagnie.

Ce voyage vers soi-même, c’est la Vie, car même si nous feignons de l’oublier, nous sommes tous des voyageurs, des passants sur cette Terre. Rien de ce que nous accumulons, tant d’efforts après tant d’efforts, nous ne l’emporterons le moment venu.

Que nous soyons « riches » où pauvres, il n’y aura aucun bagages. RIEN. Nous arrivons nus, nous partirons dépouillés de tout, y compris de « notre » corps !

Alors, puisque il en est ainsi, pourquoi jouer les demi-dieux, arrogants, orgueilleux et indifférents ? Pourquoi ce sentiment d’importance quasi divine, cet orgueil, cette vanité ?

Pourquoi si mal aimer son prochain ? Pourquoi si mal aimer l’Amour ?

Oh oui, que je suis fatiguée de n’être entourée que de demi-dieux, de princes qui n’ont besoin de personne, enfermés dans la solitude glaciale et indifférente de leurs tours magistrales !

Moi qui suis si impuissante, si faible, si ignorante, si pauvre et démunie…
Comment moi, n’importe qui, esclave de la condition humaine, pourrais-je vivre avec vous, dans un même espace que vous,

Ô Princes, mes frères ?

t.

Poème en ligne droite

Je n’ai jamais connu quiconque qui ait pris des coups.
Tous, parmi mes connaissances, ont été des champions en tout.

Et moi, tant de fois méprisable, tant de fois porc, tant de fois vil,
Moi, tant de fois irréfutablement parasite,
Inexcusablement sale.
Moi qui, tant de fois, n’ai pas eu la patience de prendre un bain,
Moi qui fus tant de fois ridicule, absurde,
Qui me suis pris publiquement les pieds dans les tapis des étiquettes,
Qui ai été grotesque, mesquin, soumis et arrogant,
Qui ai souffert l’humiliation et me suis tu,
Et qui, lorsque je ne me suis pas tu, me suis senti plus ridicule encore;
Moi dont se sont ris des domestiques d’hôtel,
Moi qui ai senti les clins d’œil des employés du fret,
Moi qui me suis livré à des hontes financières, contracté des emprunts sans payer,
Et qui, à l’heure de prendre des coups, me suis accroupi
Pour échapper à la possibilité d’un coup ;
Moi qui ai souffert l’angoisse des petites choses ridicules,
Je constate que je n’ai pas de pair en tout ceci dans ce monde.

Tous ceux que je connais et qui parlent avec moi
N’ont jamais eu un geste ridicule, n’ont jamais souffert l’humiliation,
N’ont jamais été rien d’autre que princes – tous, ils sont princes – dans la vie…

Si seulement je pouvais entendre de quelqu’un une voix humaine
Qui confesse, non pas un pécher, mais une infamie ;
Qui raconte, non pas une violence, mais une lâcheté !
Non, ils sont tous l’Idéal, si je les écoute, et qu’ils me parlent.
Qui y a-t-il, dans ce vaste monde, pour me confesser qu’une fois, il a été vil ?
Ô princes, mes frères,

Allez, j’en ai assez des demi-dieux !
Où y a-t-il des hommes dans le monde ?

Ainsi, je suis le seul à être vil et dans l’erreur sur cette terre ?

Les femmes peuvent ne pas les avoir aimés,
Ils peuvent avoir été trahis – mais ridicules jamais !
Et moi, qui ai été ridicule sans avoir été trahi,
Comment pourrais-je parler avec mes supérieurs sans vaciller ?
Moi, qui suis vil, littéralement vil,
Vil au sens mesquin et ignoble de la vilénie.

(??lvaro de Campos – Fernando Pessoa)

Poema em Linha Reta

Nunca conheci quem tivesse levado porrada.
Todos os meus conhecidos têm sido campeões em tudo.

E eu, tantas vezes reles, tantas vezes porco, tantas vezes vil,
Eu tantas vezes irrespondivelmente parasita,
Indesculpavelmente sujo.
Eu, que tantas vezes não tenho tido paciência para tomar banho,
Eu, que tantas vezes tenho sido ridículo, absurdo,
Que tenho enrolado os pés publicamente nos tapetes das etiquetas,
Que tenho sido grotesco, mesquinho, submisso e arrogante,
Que tenho sofrido enxovalhos e calado,
Que quando não tenho calado, tenho sido mais ridículo ainda;
Eu, que tenho sido cômico às criadas de hotel,
Eu, que tenho sentido o piscar de olhos dos moços de fretes,
Eu, que tenho feito vergonhas financeiras, pedido emprestado
[sem pagar,
Eu, que, quando a hora do soco surgiu, me tenho agachado
Para fora da possibilidade do soco;
Eu, que tenho sofrido a angústia das pequenas coisas ridículas,
Eu verifico que não tenho par nisto tudo neste mundo.

Toda a gente que eu conheço e que fala comigo
Nunca teve um ato ridículo, nunca sofreu enxovalho,
Nunca foi senão príncipe – todos eles príncipes – na vida…

Quem me dera ouvir de alguém a voz humana
Que confessasse não um pecado, mas uma infâmia;
Que contasse, não uma violência, mas uma cobardia!
Não, são todos o Ideal, se os oiço e me falam.
Quem há neste largo mundo que me confesse que uma vez foi vil?
Ó principes, meus irmãos,

Arre, estou farto de semideuses!
Onde é que há gente no mundo?

Então sou só eu que é vil e errôneo nesta terra?

Poderão as mulheres não os terem amado,
Podem ter sido traídos – mas ridículos nunca!
E eu, que tenho sido ridículo sem ter sido traído,
Como posso eu falar com os meus superiores sem titubear?
Eu, que venho sido vil, literalmente vil,
Vil no sentido mesquinho e infame da vileza.

??lvaro de Campos – Fernando Pessoa

Traduit par Zar et t.

*Georges de La Tour – La Madeleine à la veilleuse

Voyage en Italie

Santa Croce
Tatiana F. Salomon à Florence, Italie août 2008. © Sacha Quester-Séméon.

Ah ! l’insuffisance du langage pour décrire (dépeindre ?) à la fois le plus justement et le plus simplement possible toute la poésie, toute la beauté qui habite la Nature italienne ! Comment dire qu’au dedans de ses paysages, on circule comme dans une révélation ? Qu’on est enveloppé dans un climat d’harmonie, si évidente et pure, si lumineuse et simple que tout nous parait neuf, sans cesse renouvelé, à chaque souffle, à chaque regard, comme si dans ces paysages se concentraient les éternels matins du monde…

Ah ! pouvoir inventer une parole simple, si simple qu’elle n’a jamais été dite, pour pouvoir te dire mon amour et ma gratitude, « ma » bien aimée, ma che bella Italia !


Maria Callas – Bellini

Rainer Maria Rilke, Le livre du pèlerinage (extrait)

Tu es l’héritier.
Les fils héritent,
car les pères meurent.
Les fils fleurissent.

Tu es l’héritier.
Tu hérites de la verdure
de jardins passés, du calme azur
de ciels écroulés.
Rosée de mille jours,
tant d’étés que disent les soleils,
tant de printemps de lumière et de plaintes
comme les lettres d’une jeune femme.
Et tu hérites des automnes qui reposent
dans la mémoire des poètes
comme des robes fastueuses ;
et tous les hivers, terres orphelines,
semblent doucement se presser sur toi.
Et tu hérites de Kazan, de Rome et de Venise,
à toi seront Florence et le dôme de Pise,
la Troïtzka Lawra, le monastère qui,
sous les jardins de Kiev, dessine
un labyrinthe de couloirs noirs, –
les cloches de Moscou comme des souvenirs, –
et la musique sera tienne : voix, cors et violons,
et tout chant dont la profondeur
sera assez intense
brillera sur toi comme un diamant.

C’est pour toi seul que les poètes
s’enferment et rassemblent des images
pleines de sons et de richesses,
puis s’en vont, mûris par les métaphores
et toute leur vie restent solitaires…
Et les peintres ne peignent
que pour qu’impérissable
te revienne la nature
que tu as créée périssable :
tout devient éternel. La Femme en la Joconde
est depuis longtemps mûrie comme un vin.
Il ne doit plus y avoir de Femme,
car nulle femme nouvelle
n’apporterait de nouveau.
Les créateur sont comme toi :
ils veulent l’éternel. Ils disent : pierre,
sois éternelle. Et cela veut dire : sois tienne !

Les amants aussi amassent pour toi :
ils sont les poètes d’une heure brève.
Sur une bouche inexpressive
leur baiser imprime un sourire
comme s’ils la faisaient plus belle, –
et ils apportent le plaisir et nous ménagent
les douleurs qui seules mûrissent.
Et ils apportent la souffrance dans leur rire,
des désirs qui sommeillent, puis s’éveillent
pour éclater en pleurs dans un cœur inconnu.
Ils accumulent les énigmes et puis meurent
comme meurent les bêtes, sans comprendre, –
mais peut-être auront-ils des fils
en qui s’épanouiront leurs vertes existences ;
grâce à eux tu hériteras
de cet amour qu’ils se donnèrent
aveuglément, comme en dormant.

C’est ainsi que vers toi
afflue le superflu des choses.
Et comme les bassins supérieurs des fontaines
sans cesse débordant, telles des mèches
de cheveux dénouées, dans le bassin du bas :
la plénitude tombe en tes vallées
quand choses et pensées débordent.

Le livre du pèlerinage (qui fait partie du Livre d’Heures) a été écrit après les voyages en Italie et en Russie.
Traduction d’Arthur Adamov, Actes-Sud, 1989.

Ave, Anne-Marie Parizot !

Salut en immortalité

30 septembre 1954 – 22 juillet 2008

« Regarde, des anges diffusent à travers l’espace
leurs sentiments qui ne cessent jamais.
Notre incandescence leur serait froideur.
Regarde, des anges rougeoient à travers l’espace.

Cependant qu’à nous, qui n’en savons rien d’autre,
tantôt une chose se refuse, tantôt une autre échoit en vain,
eux marchent, enthousiasmés par ce qu’ils ont à accomplir,
à travers leur domaine pleinement achevé. »

Regarde, ma mie…
tes atomes dansent !
Là où tu es, le désir du cœur se réalise,
« nulle part autour de toi il n’est fait de tort aux choses »,
tout est musique et infinie bonté.

Chante, chante avec les Anges !

Ave, Ave, Ave Anne-Marie !

(Voir aussi les hommages de Girl Power 3 et ET d’Orion).

Vider le vide

S’unifier à la nature, afin d’en ressentir l’essence.

Être en harmonie avec l’intuition intérieure.

ET PUIS

Atteindre la plénitude en diminuant le plein qui est en soi.

S’en tenir au fond et non à la surface.

Se libérer des rationalisations, accueillir ce qui se présente sans anticipation, spontanément !

Connaître sans voyager, comprendre sans regarder, accomplir sans agir.

Demeurer désintéressée et disponible à recevoir cet être qui m’est plus intérieur que moi-même.

Acquérir une attitude qui n’attache, au milieu des bruits et des fureurs du moi, aucune importance à la mort, et considère le cycle des naissances comme naturel et nécessaire. Et néanmoins, l’ayant compris, changer de plan de nécessité afin d’y échapper.

Laisser le vent m’emporter à ma destination…

QUOI

Comment admettre que notre personnalité à laquelle nous attribuons une existence indépendante de nos actions ne soit que le simple produit de nos action?

ALORS…

Ton image réside dans mes yeux, ton nom n’est pas hors de mes lèvres, ton souvenir est au plus profond de mon être. À qui donc parlerais-je, à qui donc écrirais-je, puisque Tu es partout où je suis, et que je suis partout où Tu es ?

En passant, comme une lampe allumée qui a donné un baiser à une lampe qui ne l’était pas encore, puis s’en est allée…

TOUT ÇA POUR ÇA ?

OUI !