La Source

I– Rabbouni Yeshoua Ha Mashiah, Jésus Christ

La source de la Connaissance est unique et s’il peut y avoir des désaccords apparents au niveau des manifestations, au niveau de l’essence, en revanche, le désaccord est impossible !

L’Amour n’aime pas parce que nous sommes dignes d’être aimés ou parce que nous lui apportons quelque chose ; l’Amour aime parce qu’Il est amour inconditionnel !

C’est une chance que de pouvoir une fois au moins dans sa vie, connaître la soumission enthousiaste. Parmi les demi-vérités dont s’enchante notre société intellectuelle figure celle-ci, excitante, que chaque conscience veut la mort de l’autre. Aussitôt, nous voilà tous maîtres et esclaves, voués à nous entre-tuer. Mais le mot maître a un autre sens qui l’oppose seulement au disciple dans une relation de respect et de gratitude. Il ne s’agit plus alors d’une lutte des consciences, mais d’un dialogue, qui ne s’éteint plus dès qu’il a commencé, et qui comble certaines vies. Cette longue confrontation n’entraîne ni servitude ni obéissance, mais seulement l’imitation au sens spirituel du terme. À la fin, le maître se réjouit lorsque le disciple le quitte et accomplit sa différence, tandis que celui-ci gardera toujours la nostalgie de ce temps où il recevait tout sachant qu’il ne pourrait jamais rien rendre. L’esprit engendre ainsi l’esprit, à travers les générations, et l’histoire des hommes, heureusement, se bâtit sur l’admiration autant que sur la haine**.

D.ieu est amour : celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu en lui*

Comme le dit si finement Michel Tournier : Il n’est rien de tel que l’admiration. Exulter parce qu’on se sent dépassé par la grâce…

Plus que tout autre prophète ou maître, Rabbouni Yeshouah, Jésus Christ, fut et est le Sujet de toute mon admiration au sens spirituel du terme, le guide incontestable dans le chemin de l’Amour.
Plus que tout autre prophète ou maître, Jésus prêche et démontre par l’exemple la prééminence de l’Amour.

D.ieu est Amour, affirme-t-il.

Ah ! le scandale de cet Amour-là ! Inconditionnel, gratuit, radical…

Tu aimeras le Seigneur ton D.ieu (ton Seigneur d’Amour) de tout ton coeur, de tout ton esprit et de toutes tes forces, et tu aimeras ton prochain comme toi-même.
Aimez-vous les uns les autres.
Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés.
Ce que vous faites au plus petit d’entre vous, en vérité c’est à moi que vous le faites.

Oui ! Aimer, Aimer tout ce qui respire, aimer de toutes les diverses sortes d’amour dont l’être humain soit capable et rejoindre ainsi le principe Unique, la Source Universelle de la Vie !

Telle est la parole Christique, tel est son message, simple et clair comme l’eau de Source !

Alors, pourquoi un tel mépris de la tradition christique en France, et pourquoi à l’inverse une telle dévotion de principe envers toute autre forme d’enseignement spirituel ? Pourquoi ce refus systématique, et pourquoi l’arrogance et la condescendance qui l’accompagnent ?

J’ai ma petite idée là-dessus… et je la partage volontiers 😉

Le Christ est le seul « envoyé » qui ait donné sa vie, qui ait fait le sacrifice de sa propre vie pour accomplir sa mission, et témoigner de ses dires. Il est le Seul qui n’ait jamais caché que pour que le Royaume advienne, il fallait accepter l’humiliation, la souffrance, et la mort !

Incarnation de l’Amour (Divin parce qu’humain, et humain parce que Divin), il savait (il sait !) plus qu’un autre que l’Amour exige « l’humiliation » et « l’abaissement », seuls capables de protéger des réactions négatives et d’empêcher de se faire prendre dans la polarité de l’Amour et de la haine et de finir par être son propre opposé.

Humilité, abaissement et mort, donc, mais non pas comme une conséquence de cet Amour Inconditionnel : plutôt comme une condition de sa manifestation !

Cet Amour-là aime tout le monde, aussi bien ses amis que ses ennemis, aussi bien les proches que lointains, les méritants que les déméritants, les purs que les impurs, les croyants que les incroyants, et non pas seulement MOI, toujours MOI, exclusivement MOI. Voilà bien le scandale apparemment insupportable : un amour inconditionnel qui met tout le monde sur un pied d’égalité…

Cet Amour-là affirme que c’est en donnant que l’on reçoit, en pardonnant que l’on est pardonné, en mourant que l’on vit.
Que le Royaume n’est pas de ce monde, absolument pas de ce monde « matériel », et que les derniers seront les premiers.
Cet Amour-là énonce sans détour où se trouve la véritable source du bonheur :

Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux !
Heureux les affligés, car ils seront consolés !
Heureux les débonnaires, car ils hériteront la terre !
Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés !
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde !
Heureux ceux qui ont le coeur pur, car ils verront Dieu !
Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu !
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux !
Heureux serez-vous, lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi.
Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux ; car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous.

Et tout cela pour un royaume « immatériel », qui n’est pas ici-maintenant-tout-de-suite ?

Alors la question se pose : le refus du message christique n’est-il pas finalement le refus de la pauvreté, de la souffrance et de la mort ? Le refus, au fond, de notre humanité ?

Et peut-être est-il préférable, pour l’Homme moderne si fier de ses Lumières et si imbus de tous ces progrès mirifiques qui nous « sauvent » des humiliations liées à la condition humaine en nous faisant enfin « maîtres et possesseurs de la Nature », peut-être est-il préférable de se tourner vers des images plus abstraites, plus exotiques, qui permettent peut-être, en quelque sorte, de composer plus facilement avec nous-mêmes, de ne pas prendre la vérité du message tout à fait au sérieux, tout à fait concrètement.

Quoi qu’il en soit, étant bien entendu que chaque message et chaque tradition ont leur valeur intrinsèque et leur authenticité indéniable (du moins là où ils sont authentiques, cela va de soi), étant bien entendu également que je ne suis nullement religieuse moi-même et que je n’ai pas de sympathie particulière pour les systèmes figés, quels qu’ils soient, je ne comprends pas pourquoi, en France, les uns sont systématiquement et bruyamment méprisés, lorsqu’ils affichent une affiliation à la tradition chrétienne, alors que d’autres sont admis volontiers, et même souvent considérés avec des égards respectueux, pourvu qu’ils se réfèrent à une tradition autre.

J’ai butiné de très nombreuses fleurs, me suis abreuvée à mille sources, et abondamment nourrie de chacune, mais je n’ai rien trouvé de plus simple, de plus clair, de plus aimable et de plus humain que le message des Évangiles, et je n’ai jamais tant aimé et admiré que Rabbouni Yeshouah, le Christ.

@photo: Chapada Diamantina , Brasil.

* I Jean 4:16:
**Albert Camus à propos de Jean Grenier.

21 réflexions sur “La Source

  1. « Dic nobis, Maria, quid vidisti in via ? »,
    « Dis-nous, Marie, Qu’as-tu vu en chemin ? »

  2. À la demande de ma fille, je me suis porté un jour au secours d’un écureuil tombé dans notre piscine.
    L’animal, à bout de souffle et presqu’inconscient, s’était réfugié dans le panier de l’écumoir. Après m’être informé auprès d’un spécialiste sur la façon de faire pour lui venir en aide, j’entrepris de le sortir de sa facheuse position et de lui donner la respiration artificielle. Tout alla bien jusqu’au moment où il reprit conscience. À ce moment, il tenta de me mordre parce qu’il se sentait menacé. Je le déposai par terre et je le laissai reprendre ses forces dans un coin ombragé. Il arrive parfois que la meilleure volonté du monde soit mal interprétée et suscite l’agressivité. La lumière éclaire parfois les zones d’ombre et révèle à la conscience des aspects que l’inconscient s’applique à cacher pour protéger l’intégrité de la vision du monde qu’on s’est forgé. Plus la lumière est vive et pénètre profondément, plus la réaction sera intense.

  3.  » Un jour on demanda à la Lune quel était son souhait le plus cher.
    Et elle répondit :  » que le Soleil cesse de briller ».

    La Lune veut briller par elle-même et trouve que le Soleil lui fait de l’ombre … oui, mais sans Soleil, pas de Lune…
    A force de se (mé)-prendre pour la source de la lumière, on se détourne de la Lumière elle-même. Mais le Soleil, même si je ne le vois pas, voilé par l’épaisse couche de nuages de mon ignorance, ne cesse jamais de briller, réchauffer et éclairer le Monde.
    Et il me semble que ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de Lumière que je suis dans le noir, mais que c’est parce que je suis dans le noir que je ne vois pas la Lumière.

    « Nasrudin entra dans la maison de thé, déclamant: « La lune est plus utile que le soleil. ».
    – Et pourquoi donc, Nasrudin?
    – Parce que c’est surtout quand il fait nuit que nous avons besoin de lumière. »*

    * »Les exploits de l’incomparable Nasrudin »- Plus utile-

  4. Les Pâques à New York

    Seigneur, c’est aujourd’hui le jour de votre Nom,
    J’ai lu dans un vieux livre la geste de votre Passion

    Et votre angoisse et vos efforts et vos bonnes paroles
    Qui pleurent dans un livre, doucement monotones.

    Un moine d’un vieux temps me parle de votre mort.
    Il traçait votre histoire avec des lettres d’or

    Dans un missel, posé sur ses genoux,
    Il travaillait pieusement en s’inspirant de Vous.

    À l’abri de l’autel, assis dans sa robe blanche,
    Il travaillait lentement du lundi au dimanche.

    Les heures s’arrêtaient au seuil de son retrait.
    Lui, s’oubliait, penché sur votre portrait.

    À vêpres, quand les cloches psalmodiaient dans la tour,
    Le bon frère ne savait si c’était son amour

    Ou si c’était le Vôtre, Seigneur, ou votre Père
    Qui battait à grands coups les portes du monastère.

    Je suis comme ce bon moine, ce soir, je suis inquiet.
    Dans la chambre à côté, un être triste et muet

    Attend derrière la porte, attend que je l’appelle !
    C’est Vous, c’est Dieu, c’est moi, – c’est l’Éternel.

    Je ne Vous ai pas connu alors, – ni maintenant.
    Je n’ai jamais prié quand j’étais un petit enfant.

    Ce soir pourtant je pense à Vous avec effroi.
    Mon âme est une veuve en deuil au pied de votre Croix ;

    Mon âme est une veuve en noir, – c’est votre Mère
    Sans larme et sans espoir, comme l’a peinte Carrière.

    Je connais tous les Christs qui pensent dans les musées ;
    Mais Vous marchez, Seigneur, ce soir à mes côtés.

    Je descends à grands pas vers le bas de la ville,
    Le dos voûté, le coeur ridé, l’esprit fébrile.

    Votre flanc grand-ouvert est comme un grand soleil
    Et vos mains tout autour palpitent d’étincelles.

    Les vitres des maisons sont toutes pleines de sang
    Et les femmes, derrière, sont comme des fleurs de sang,

    D’étranges mauvaises fleurs flétries, des orchidées,
    Calices renversés ouverts sous vos trois plaies.

    Votre sang recueilli, elles ne l’ont jamais bu.
    Elles ont du rouge aux lèvres et des dentelles au cul.

    Les fleurs de la Passion sont blanches comme des cierges,
    Ce sont les plus douces fleurs au Jardin de la Bonne Vierge.

    C’est à cette heure-ci, c’est vers la neuvième heure,
    Que votre tête, Seigneur, tomba sur votre Coeur.

    Je suis assis au bord de l’océan
    Et je me remémore un cantique allemand,

    Où il est dit, avec des mots très doux, très simples, très purs,
    La beauté de votre Face dans la torture.

    Dans une église, à Sienne, dans un caveau,
    J’ai vu la même Face, au mur, sous un rideau.

    Et dans un ermitage, à Bourrié-Wladislasz,
    Elle est bossuée d’or dans une châsse.

    De troubles cabochons sont à la place des yeux
    Et des paysans baisent à genoux Vos yeux.

    Sur le mouchoir de Véronique Elle est empreinte
    Et c’est pourquoi Sainte Véronique est votre sainte.

    C’est la meilleure relique promenée par les champs,
    Elle guérit tous les malades, tous les méchants.

    Elle fait encore mille et mille autres miracles,
    Mais je n’ai jamais assisté à ce spectacle.

    Peut-être que la foi me manque, Seigneur, et la bonté
    Pour voir ce rayonnement de votre Beauté.

    Pourtant, Seigneur, j’ai fait un périlleux voyage
    Pour contempler dans un béryl l’intaille de votre image.

    Faites, Seigneur, que mon visage appuyé dans les mains
    Y laisse tomber le masque d’angoisse qui m’étreint.

    Faites, Seigneur, que mes deux mains appuyées sur ma bouche
    N’y lèchent pas l’écume d’un désespoir farouche.

    Je suis triste et malade. Peut-être à cause de Vous,
    Peut-être à cause d’un autre. Peut-être à cause de Vous.

    Seigneur, la foule des pauvres pour qui vous fîtes le Sacrifice
    Est ici, parquée tassée, comme du bétail, dans les hospices.

    D’immenses bateaux noirs viennent des horizons
    Et les débarquent, pêle-mêle, sur les pontons.

    Il y a des Italiens, des Grecs, des Espagnols,
    Des Russes, des Bulgares, des Persans, des Mongols.

    Ce sont des bêtes de cirque qui sautent les méridiens.
    On leur jette un morceau de viande noire, comme à des chiens.

    C’est leur bonheur à eux que cette sale pitance.
    Seigneur, ayez pitié des peuples en souffrance.

    Seigneur dans les ghettos grouille la tourbe des Juifs
    Ils viennent de Pologne et sont tous fugitifs.

    Je le sais bien, ils ont fait ton Procès ;
    Mais je t’assure, ils ne sont pas tout à fait mauvais.

    Ils sont dans des boutiques sous des lampes de cuivre,
    Vendent des vieux habits, des armes et des livres.

    Rembrandt aimait beaucoup les peindre dans leurs défroques.
    Moi, j’ai, ce soir, marchandé un microscope.

    Hélas! Seigneur, Vous ne serez plus là, après Pâques !
    Seigneur, ayez pitié des Juifs dans les baraques.

    Seigneur, les humbles femmes qui vous accompagnèrent à Golgotha
    Se cachent. Au fond des bouges, sur d’immondes sophas,

    Elles sont polluées de la misère des hommes.
    Des chiens leur ont rongé les os, et dans le rhum

    Elles cachent leur vice endurci qui s’écaille.
    Seigneur, quand une de ces femmes me parle, je défaille.

    Je voudrais être Vous pour aimer les prostituées.
    Seigneur, ayez pitié des prostituées.

    Seigneur, je suis dans le quartier des bons voleurs,
    Des vagabonds, des va-nu-pieds, des recéleurs.

    Je pense aux deux larrons qui étaient avec vous à la Potence,
    Je sais que vous daignez sourire à leur malchance.

    Seigneur, l’un voudrait une corde avec un noeud au bout,
    Mais ça n’est pas gratis, la corde, ça coûte vingt sous.

    Il raisonnait comme un philosophe, ce vieux bandit.
    Je lui ai donné de l’opium pour qu’il aille plus vite en paradis.

    Je pense aussi aux musiciens des rues,
    Au violoniste aveugle, au manchot qui tourne l’orgue de Barbarie,

    A la chanteuse au chapeau de paille avec des roses de papier ;
    Je sais que ce sont eux qui chantent durant l’éternité.

    Seigneur, faites-leur l’aumône, autre que de la lueur des becs de gaz,
    Seigneur, faites-leur l’aumône de gros sus ici-bas.

    Seigneur, quand vous mourûtes, le rideau se fendit,
    Ce qu’on vit derrière, personne ne l’a dit.

    La rue est dans la nuit comme une déchirure
    Pleine d’or et de sang, de feu et d’épluchures.

    Ceux que vous avez chassé du temple avec votre fouet,
    Flagellent les passants d’une poignée de méfaits.

    L’Étoile qui disparut alors du tabernacle,
    Brûle sur les murs dans la lumière crue des spectacles.

    Seigneur, la Banque illuminée est comme un coffre-fort,
    Où s’est coagulé le Sang de votre mort.

    Les rues se font désertes et deviennent plus noires.
    Je chancelle comme un homme ivre sur les trottoirs.

    J’ai peur des grands pans d’ombre que les maisons projettent.
    J’ai peur. Quelqu’un me suit. Je n’ose tourner la tête.

    Un pas clopin-clopant saute de plus en plus près.
    J’ai peur. J’ai le vertige. Et je m’arrête exprès.

    Un effroyable drôle m’a jeté un regard
    Aigu, puis a passé, mauvais, comme un poignard.

    Seigneur, rien n’a changé depuis que vous n’êtes plus Roi.
    Le Mal s’est fait une béquille de votre Croix.

    Je descends les mauvaises marches d’un café
    Et me voici, assis, devant un verre de thé.

    Je suis chez des Chinois, qui comme avec le dos
    Sourient, se penchent et sont polis comme des magots.

    La boutique est petite, badigeonnée de rouge
    Et de curieux chromos sont encadrés dans du bambou.

    Hokusai a peint les cent aspects d’une montagne.
    Que serait votre Face peinte par un Chinois ?…

    Cette dernière idée, Seigneur, m’a d’abord fait sourire.
    Je vous voyais en raccourci dans votre martyre.

    Mais le peintre, pourtant, aurait peint votre tourment
    Avec plus de cruauté que nos peintres d’Occident.

    Des lames contournées auraient scié vos chairs,
    Des pinces et des peignes auraient strié vos nerfs,

    On vous aurait passé le col dans un carcan,
    On vous aurait arraché les ongles et les dents,

    D’immenses dragons noirs se seraient jetés sur Vous,
    Et vous auraient soufflé des flammes dans le cou,

    On vous aurait arraché la langue et et les yeux,
    On vous aurait empalé sur un pieu.

    Ainsi, Seigneur, vous auriez souffert toute l’infamie,
    Car il n’y a pas plus cruelle posture.

    Ensuite, on vous aurait forjeté aux pourceaux
    Qui vous auraient rongé le ventre et les boyaux.

    Je suis seul à présent, les autres sont sortis,
    Je suis étendu sur un banc contre le mur.

    J’aurais voulu entrer, Seigneur, dans une église ;
    Mais il n’y a pas de cloches, Seigneur, dans cette ville.

    Je pense aux cloches tues : – où sont les cloches anciennes ?
    Où sont les litanies et les douces antiennes ?

    Où sont les longs offices et où les beaux cantiques ?
    Où sont les liturgies et les musiques ?

    Où sont les fiers prélats, Seigneur, où tes nonnains ?
    Où l’aube blanche, l’amict des Saintes et des Saints ?

    La joie du Paradis se noie dans la poussière,
    Les feux mystiques ne rutilent plus dans les verrières.

    L’aube tarde à venir, et dans le bouge étroit
    Des ombres crucifiées agonisent aux parois.

    C’est comme un Golgotha de nuit dans un miroir
    Que l’on voit trembloter en rouge sur du noir.

    La fumée, sous la lampe, est comme un linge déteint
    Qui tourne, entortillé, tout autour de vos reins.

    Par au-dessus, la lampe pâle est suspendue,
    Comme votre Tête, triste et morte et exsangue.

    Des reflets insolites palpitent sur les vitres …
    J’ai peur, – et je suis triste, Seigneur, d’être si triste.

    « Dic nobis, Maria, quid vidisti in via ? »
    – La lumière frissonner, humble dans le matin.
    « Dic nobis, Maria, quid vidisti in via ? »
    – Des blancheurs éperdues palpiter comme des mains.

    « Dic nobis, Maria, quid vidisti in via ? »
    – L’augure du printemps tressaillir dans mon sein.

    Seigneur, l’aube a glissé froide comme un suaire
    Et a mis tout à nu les gratte-ciel dans les airs.

    Déjà un bruit immense retenti sur la ville.
    Déjà les trains bondissent, grondent et défilent.

    Les métropolitains roulent et tonnent sous terre.
    Les ponts sont secoués par les chemins de fer.

    La cité tremble. Des cris, du feu et des fumées,
    Des sirènes à vapeur rauquent comme des huées.

    Une foule enfiévrée par les sueurs de l’or
    Se bouscule et s’engouffre dans de longs corridors.

    Trouble, dans le fouillis empanaché de toits,
    Le soleil, c’est votre Face souillée par les crachats.

    Seigneur, je rentre fatigué, seul et très morne …
    Ma chambre est nue comme un tombeau …

    Seigneur, je suis tout seul et j’ai la fièvre …
    Mon lit est froid comme un cercueil …

    Seigneur, je ferme les yeux et je claque des dents …
    Je suis trop seul. J’ai froid. Je vous appelle …

    Cent mille toupies tournoient devant mes yeux …
    Non, cent mille femmes … Non, cent mille violoncelles …

    Je pense, Seigneur, à mes heures malheureuses …
    Je pense, Seigneur, à mes heures en allées …

    Je ne pense plus à Vous. Je ne pense plus à Vous.

    Blaise Cendrars
    1887-1961

  5. Désolée pour la longueur du poème…
    je n’ai pas pu m’empêcher de partager avec vous;-)

  6. @Tatiana Original votre carnet intime, il invite à une introspection poétique, c’est si rare… merci, j’y reviendrai !
    @Valostine, je n’ai compris le sens de votre réponse à travers cette histoire, pourriez-vous m’éclairer ?

  7. AP | 29.08.2008 |
    Le Vatican met en garde contre la « christianophobie »
    Le ministre des Affaires étrangères du Vatican a mis en garde vendredi contre la « christianophobie », déclarant qu’elle devait être combattue avec la même détermination que l’antisémitisme et l’islamophobie.

    « On doit combattre aussi fortement la ‘christianophobie’ que l’islamophobie et l’antisémitisme », a déclaré Mgr Mamberti, au cours d’un discours sur la liberté religieuse à Rimini, sur la côte Adriatique. La « christianophobie », a-t-il expliqué, se caractérise par des préjugés sur les chrétiens, l’intolérance et la discrimination, la violence et la persécution. Vingt-et-un missionnaires catholiques ont été tués en 2007, a noté le prélat. AP

    http://tempsreel.nouvelobs.com/depeches/international/europe/20080829.FAP3404/le_vatican_met_en_garde_contre_la_christianophobie.html

  8. @ Alex : oui, bien sûr.
    Par rapport au texte de Tatiana, ce que je voulais dire c’est que l’Amour, cet Amour dont nous parle le Christ c’est comme le Soleil et sa Lumière sur Terre : une condition siné qua non pour être Vivant.
    Alors, dans mon ignorance (la nuit), je peux clamer et me persuader, comme le dit Mulla Nasrudin, que « la Lune est plus utile que le Soleil », en avançant des arguments qui semblent tout à fait « logiques » et convaincants en plus, car c’est bien vrai que c’est la nuit que j’ai le plus besoin de Lumière, certes.
    Mais cette logique-là c’est juste une façon justifier l’état où je suis, sans chercher à en sortir, à comprendre.
    C’est confondre la source, la cause de la Lumière (le Soleil) avec ses effets, son reflet (la Lune). Comme si je confondais la Lumière du Soleil, avec celle des lampadaires (lumières artificielles).

    J’espère que je suis un peu plus claire, car, il est vrai qu’à la relecture de mon premier post, c’était loin d’être le cas …..

  9. L’inquisition n’est certainement pas pour rien dans cette histoire là, car personnellement le souvenir de l’éducation catholique,que j’ai reçu étant enfant, n’est pas bon, les frères et sœurs , par leurs comportements me faisaient fuir l’Ami le plus cher à mon cœur et, s’il n’y avait cet autre « souvenir », plus « ancien », ma tendresse pour « la pierre rejetée » ne serait pas.
    « pardonne leur parce qu’ils ne savent ce qu’ils font… »

  10. « Heureux les pauvres en esprit… »

    J’aime la traduction des béatitudes dans la bible Chouraqui:
    « En marche les humiliés du souffle… »

    Être heureux c’est donc être
    en marche!
    vers ce que l’on est

    en vérité et en Réalité
    vers ce que l’on nait!

    Je pense ,là, à ce mot de Louis-René des Forêts:
    « Dis-toi que nous n’en finissons pas de naître
    Mais que les morts,eux, ont fini de mourir »

    En fin, donc, commençons!

    Allons!

  11. vous lire me donne de la joie… je ne sais pas pourquoi…qu’importe, puisque je suis heureux de vous lire; pour moi c’est l’essentiel( être bien!)…je sais que pour certains c’est égoïste. mais pour moi c’est très bien ainsi. je vous embrasse et vous dis continuez, continuez à écrire des textes si apaisants… merci pour ce que vous faites …mais 1000 000 merci pour l’intelligence qui vous inspire ces idées, car l’essentiel: c’est elle…tout le reste est rien..oui tout reste!.

  12. @titi “pardonne leur parce qu’ils ne savent ce qu’ils font…???

    OUI ! Que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre !

    @Bernard : En fin, donc, commençons!

    Rabbouni fut deux fois enterré. Deux mille années de notre temps, ressuscitant à l’aube du troisième jour (du troisième millénaire), L’Evénement était en somme, à deux mille années lumière de nos consciences, raison pour laquelle, nous ne pouvions le comprendre ?… Oui, au retour de l’Universelle conscience ! Soyons en Elle !

    @ngatamaare 😉

    « Que je parle les langues des
    hommes et des messagers,
    si je n’ai pas l’amour,
    je ne suis qu’un gong retentissant,
    qu’une cymbale tonitruante. »

    Merci de tout coeur à vous tous, merci d’accepter de communier ensemble… et comme le dit ngatamaare : « vous lire me donne la joie » 😀

  13. Un jour je vins à toi comme un enfant pauvre auprès d’une femme riche. Et tu pris mon âme dans tes bras et tu me berças… Comprends-tu que j’ai grandi contre toi?

  14. @Zéro
    “Dic nobis, Maria, quid vidisti in via ????,
    “Dis-nous, Marie, Qu’as-tu vu en chemin ????

    Aux apôtres encore incrédules, Marie de Magdala a porté cette Bonne Nouvelle.
    « La vie s’est manifestée, et nous avons vu, et nous témoignons, et nous vous annonçons la vie… » (1ère lettre de St Jean 1,2).

    Humainement, heureusement !

  15. J’ai l’impression de réaliser une chose depuis la lecture de vos si beaux messages (mille merci !!!). Par chez nous, on entend souvent dire que « pour aimer l’autre, il faut d’abord s’aimer soi-même », que l’amour de soi serait une condition préalable indispensable à l’amour de l’autre, comme s’il existait une sorte de « problème » que je dois petit à petit résoudre entre moi et moi-même, qui serait le chemin vers l’amour de l’autre. Mais n’est-ce pas là un piège, une interprétation confuse, égocentrée (tournée toujours comme vous dîtes vers « seulement MOI, toujours MOI, exclusivement MOI ») et très « occidentale » du message de Jésus ? Ne manque t-il pas l’autre face de la pièce : pour aimer soi-même, il est nécessaire d’aimer l’autre ?

    Il me semble entrevoir que ce que je rejette ou méprise chez l’autre est comme la mesure exacte de ce que je rejette et méprise en moi-même. Dans ce cas, en fait, cet autre n’est-il pas (toujours !) un cadeau, n’est-il pas justement celui qui peut me sauver de moi-même, en me montrant ce que je suis et qui je suis en réalité (avec moi-même, avec l’autre, avec le monde) ? Et s’il me montre, dans la relation que j’entretiens avec lui, là où j’en suis très exactement sur le chemin de la vie, ne m’ouvre t-il pas alors la possibilité de la compassion et du pardon ? Ne me permet-il pas, en l’aimant et en lui pardonnant, de m’aimer et me pardonner moi-même ? Souhaiter le bien de l’autre, quoi que cet autre me renvoie en miroir, n’est-ce pas aussi souhaiter mon propre bien ?

    Et j’ai l’impression d’entendre le « tu aimeras ton prochain comme toi-même », plus comme « tu aimeras ton prochain à la mesure de l’amour que tu te portes », mais « tu aimeras ton prochain parce qu’il est (comme) toi-même »…

    « Jésus déclarait à la foule : « Je vous le dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre. À celui qui te prend ton manteau, laisse prendre ta tunique. Donne à quiconque te demande, et ne réclame pas à celui qui te vole. Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux.

    Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance pouvez-vous attendre ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance pouvez-vous attendre ? Même les pécheurs en font autant. Si vous prêtez quand vous êtes sûrs qu’on vous rendra, quelle reconnaissance pouvez-vous attendre ? Même les pécheurs prêtent aux pécheurs pour qu’on leur rende l’équivalent.

    Au contraire, aimez vos ennemis faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Dieu très haut, car il est bon, lui, pour les ingrats et les méchants.

    Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et vous recevrez une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans votre tablier; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous. »

    Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc (6, 27-38)

  16. @liteule « l’amour de soi serait une condition »…

    L’amour de l’Autre en Soi-même !

    L’amour de l’Autre en Soi m’aime !

    Amour de soi ou amour de Soi?
    Non pas l’amour de soi mais l’amour de Soi en relation à mon Tout…autre…

    Allons, donc
    vers ce Soi à l’orée de Tout
    commençons !
    à l’orée de Tout en chaque Un
    puissé-je tendre la main
    en vérité et en Réalité

    Soi-même

  17. @liteule avec tendresse

    « Ama et fac quod vis , aime et fais ce que tu veux »!

    Aime et fais ce que tu veux.
    Si tu te tais, tais-toi par amour,
    Si tu parles, parle par amour,
    Si tu corriges, corrige par amour,
    Si tu pardonnes, pardonne par amour.

    Aie au fond du coeur la racine de l’amour :
    De cette racine, rien ne peut sortir de mauvais.

    Saint-Augustin

  18. L’Amour n’est pas aveugle, bien au contraire. Il voit à travers tout. Il est la lumière elle-même qui permet de voir la nature de Soi.
    Il n’y a pas de moi qui tienne face à Soi. Et comme Soi est partout, y compris dans ce qui n’est pas «aimable» par moi, donc ce que je refuse de voir en moi-même, le refus de voir l’Amour en face est le refus de l‘unité de Soi, en toute chose. Il n’y a pas de moi, de toi, mais un nous. Et si ce nous ne fait qu’un seul, il ne peut être qu’Amour. Comme vous le dites, il est inconditionnel. L’Amour ne sépare pas, ne voit ni le bien, ni le mal, mais voit ce qui est tout simplement, et l’accepte comme une partie de lui-même. Ce que bien sûr moi est incapable de faire dans l’état actuel. Cette manifestation de l’Amour nous montre que je ne suis pas meilleur qu’un autre puisque l’autre c’est moi. Ça serait donc la «disparition» de moi puisqu’en fin de compte il n’existe pas… Je ne sais pas si c’est particulièrement le cas en France, on le dirait bien, mais ce refus de l’Amour est peut-être le reflet de la froideur, de l’individualisme. Même pas de l’égoïsme, car le vrai égoïste sait où se trouvent ses intérêts. Nous avons sûrement fait un pas en arrière…

  19. Heureusement que Jésus est là, car il nous aime même si
    nous ne nous aimons pas encore.
    Et comme il nous aime, cela veut dire qu’il y a quelqu’un
    qui nous aime.
    Alors, comme il y a quelqu’un qui nous aime tel que nous sommes,
    nous pouvons nous aimer tel que nous sommes vraiment.

    La manière dont il me regarde, m’indique la bonne façon de me regarder.
    Et comme je suis un homme comme tous les hommes, c’est aussi la
    bonne façon de regarder tous les hommes.

    J’aime bien penser que Jésus est comme une maman, et qu’il nous
    aime aussi parce qu’il nous voit tout petit et qu’il nous a vu bébé.
    Tout petit, j’ai confiance en ma maman qui m’aime, je ne suis pas gêné
    par le regard qu’elle me porte. Je ne me pose pas la question de savoir
    si je dois faire ou non ce qu’elle me dit.

    Elle me tend la main et je la saisis. C’est tout.
    Puisque de toute façon je suis tout petit.

    Félix

  20. @ Félix

    Jean 13 : 34-35
    « Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »

  21. « N’ayez pas peur ! Ayez le courage de vivre l’évangile et l’audace de le proclamer. »

    Benoît XVI

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