Vagabondages

On me nomme « Personne ». Qu’est-ce que cela signifie d’être quelqu’un ?

Ce n’est pas tout de vouloir retourner chez soi, encore faut-il savoir ce qu’être chez soi signifie.

Puisque habiter la terre, c’est y vivre en passant, le vagabond pose sa maison partout où l’on veut bien de lui.

Il est facile d’être tout le monde à la fois, de ruser avec son apparence, de mentir sur son identité. Il est facile aussi de n’être personne et de « s’effacer ». Mais être véritablement soi, s’assumer pleinement, voilà la difficulté !

Grandiose solitude.

Le mot « hôte » désigne celui qui reçoit autant que celui qui est reçu.
Solitaire, tu seras visité.

Le Doute.

Le doute philosophique n’est ni la méfiance, ni le soupçon, ni la critique destructrice : il est questionnement et approfondissement.

Lever le voile.

il me faut guérir de moi-même pour retrouver la terre et la maison d’où je suis originaire.

Imagination créatrice.

Se trouver sans pays, sans maison, sans ami, aveugle et sans mémoire, c’est souffrir de leur absence, dans la nostagie de l’amour, de la béauté, du retour, et c’est chercher à les regagner en imagination, n’avoir d’autre issue qui leur donner de l’être, leur donner l’être dont on s’était privé jusqu’alors.

Comprendre quoi ?

Que les possessions de toutes sortes ne sont rien. Que la possession ne suffit pas à posséder une identité. La terre, les maisons, les coutumes, les religions et les noms sont interchangeables. Ils se (con)fondent tous dans le vent des sables.

Habiter n’est pas s’attacher à des choses, mais prendre la mesure du monde et de la condition humaine et faire en sorte que le monde soit plus humain. Plus beau et plus bon.

Habiter, c’est Être !

Être.

Être n’est pas vivre dans le monde. Être, c’est être du monde et pas du monde à la fois.

Être, c’est soutenir le monde (et ses habitants). Être, c’est faire en sorte que le monde soit !

Être est Celui qui a fait des Deux Un.

Seule, l’Être Est!

Soutien.

Entre la tension et le détachement, le filet invisible, tendre et lumineux, qui empêche le funambule de tomber.

Il n’y a pas dans l’espace visible et invisible, un seul atome, qui ne contienne la solidarité, la compassion, l’Amour !

Appel.

Tout aspire à la métamorphose. Toute notre nature nous appelle (sourtout les parties les plus « basses » et le plus « méprisables »). Chaque élément nous appelle au secours pour que nous l’arrachions à la pesanteur.

Toute chose cherche à devenir de plus en plus gracile, de plus en plus lumineuse et ainsi atteindre l’état le plus transparent de l’Être !

La poésie.

La poésie, c’est le culte rendu par l’homme à la Lumière !

La poésie, c’est de la lumière en parole. C’est le Verbe incarné.

La Lumière.

La lumière est à la fois l’Appel et la réponse de l’Être à l’Être !

Entendre cet Appel, c’est y répondre « Me Voici ! ».

La lumière monte vers la lumière, la lumière descend vers la lumière.

Fin des vagabondages…

t.

Si tu pleures, ne cache pas ton visage,
mélange-le aux étoiles.


Photo – Les Temps Modernes de Charlie Chaplin (1936).
« Charlot quitte la civilisation déshumanisée de l’industrie et du travail à la chaîne. S’il reste pauvre, il n’est du moins plus seul.
Il quitte son passé d’esclave pour une vie d’homme libre » (source).

8 réflexions sur “Vagabondages

  1. Merci de rappeler avec autant de beauté et de tendresse d’où je viens, où je vais et ce que je peux devenir entre les deux ! 🙂

  2. Ce texte est inspiré amie de ce voyage…

    Qui s’abandonne à la guidance de ce pôle
    Est voyageur en son pays, en sa propre mémoire.
    Tenu par le chant du coeur que l’on répète,
    Bouclier de l’oubli, alerte du rappel.

    Je t’aime ainsi âme fragile, légère, voyageuse,
    Aimée par la subtilité des passants messagers
    Et leurs caresses d’ailes joignant l’immensité.
    Cette merveille que l’on ne peut dire sans que les pierres tombent et scellent le secret.

    A toi vers eux, nous, portés par le Calame.
    L’écriture, même oubliée sera connue en limpidité
    En cet instant où nous saurons, où nous serons.
    Soyons attentifs, artisans, de la nouvelle création.
    t.

  3. « Il n’y a pas dans l’espace visible et invisible, un seul atome, qui ne contienne la solidarité, la compassion, l’amour! »

    Est ce que celà signifie :
    Que la matière formée d’atomes, n’est pas une substance matérielle, inerte, composite mais une seule Matière Vivante.
    Que les milliards de formes existantes dans l’univers, des bactéries aux galacties, sont la manifestation, le témoignage, l’expression de l’amour, de la solidarité.
    Que totalement immergé dans ce milieu tel les poissons dans l’eau, je me demande, c’est quoi l’eau, est ce que ça existe ?

  4. Pour ma part, c’est en habitant ailleurs plutôt que d’où je « suis » que j’essaie, à mon grand étonnement, d’apprendre à « être » ou à accepter ce que je ne suis pas. « Va savoir… »

  5. Il est notre voyage unique, nos errances muent par cette soif de savoir ; nous devenons vagabonds puis une caravane nous appelle du plus lointain désert.

    Loin, si loin dans la longue nuit des âges est né le chant,
    Assourdi il hissait doucement les consciences balbutiantes
    Vers ce regard, vers cette mémoire étrange de l’ailleurs.
    Lentement ils mirent leurs pas à la frange du monde et du rêve.

    Ils allaient dans la nuit sereine en terre labourée, quand ?
    Comme une graine ils me mirent dans une tombe, où ?
    Et nous pleurions de cette séparation nécessaire, un temps.
    Mais chevauchant le monde je reviens, amis je reviens !

    Je me souviens du chant d’adieu, je me souviens des larmes,
    Bruns et noirs étaient les semeurs, brun et noir j’étais. Comme Joseph
    Semé en ce puits obscur quand la caravane des amis s’en alla.
    De la nécessité ou du destin je ne sais, sorti je suis esclave de ses yeux.

  6. Ô chère, très chère femme aux semelles de vent,
    l’âme est comblée, qui rencontre votre âme !

    « Entre la tension et le détachement, le filet invisible, tendre et lumineux, qui empêche le funambule de tomber. »

    Et vous êtes donc tout ensemble le funambule et le filet, l’être et le rappel de l’être, l’être et l’appel à l’Être. Et c’est encore l’être exalté qui vous répond enamouré : « Me voici ! »

    Ô gracile et secret diapason,
    Vagabonde en chaque rivage,
    Chaque rivage,
    Où l’être abonde !

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