Entrez, c’est ouvert !

Fenêtre sur cour

En contemplant la fenêtre de « ma » cour intérieure, un bruissement d’abeilles s’est répandu dans l’enceinte entre deux immeubles enclochés. Le souffle a suspendu son envol à la vue de ce qui lui semblait être un frémissement d’ailes musicales à travers un son diaphane, cristallin. En prêtant l’oreille intérieure, le constat s’est fait que ce n’était pas tout à fait cela. Il s’agissait de quelque chose de plus silencieux que le silence, de plus léger que le souffle, quelque chose au-delà de la gamme des sons, au-delà de la portée de la lumière !

Quelque chose d’avant la Parole !

Ce dont on ne peut parler, il faut le taire, nous conseille l’ami Wittgenstein. Que reste-t-il, que nous reste-t-il pour communiquer, échanger, dire de ce dont on ne peut pas parler ? Il nous reste tout et rien, il nous reste l’Ouverture, la contemplation non plus de notre image, mais de l’Ouvert.

Comme dit Maximov, tout n’est que cendre et poussière, tout, sauf le temple à l’intérieur de nous. Il est à nous, avec nous dans les siècles des siècles.

Entrez, et constatez par vous mêmes ce dont on ne peut pas parler !

t.

Photo: Sacha QS.

Les jaillissements de Lumière

Hommage à la Douzième porte

Ô formes d’éternité, me voici.

Je suis une parcelle des parcelles de la Grande Âme Incandescente, une parcelle des parcelles de la Divinité.

Je suis l’éternel Amant de la Divine Amie.

Avant toute création, Elle existait. Avant toute forme, Elle existait.

Quand il n’y avait rien, Elle était. Quand le Rien n’était pas nommé, Elle était.

Quand le Chaos était roi, Elle était. Quand le Chaos devint l’Ordre, Elle était.

Quand les Destin n’était pas, Elle était. Quand le Destin montra sa face, Elle était.

Quand on ne l’a pas trouvée, Elle est. Quand on ne la voit pas, Elle est.

Elle n’est pas à droite. Elle n’est pas à gauche. Elle n’est pas dessus. Elle n’est pas dessous. Elle est dedans,
ELLE EST DEDANS,
ELLE EST DEDANS.

Condensée dans les éthers, Elle est lumière.

Condensée dans la matière, Elle est chaleur.

Condensée dans les corps, Elle est mouvement.

Condensée dans les cieux, Elle est nuage.

Condensée dans la terre, Elle est feu, Elle est glace, Elle est source vive.

Condensée dans la graine, Elle est l’arbre.

Condensée dans le germe, Elle est moi-même, je suis Elle et Elle est moi.

Donc, salut à la Parcelle des Parcelles de la Grande Dame Incadescente, par-delà la façade de l’Infini, salut l’âme pure dans `sa’ recherche du Divin Dessous, salut à l’éternel Amant de la Divine Amie.

Donc, salut au possesseur des clefs du Mystère, au maître des philtres et des talismans, à cet Enchanteur de vérité sur les chemins de vérité.

Donc, salut à ce roi d’un empire intérieur, assis sur les rives du rêve et de l’enchantement, au fond de la retraite où brûle l’esprit immortel.

Donc, salut à ce prince du sentiment qui possède dans sa poitrine le briquet du génie, et le clou de l’équilibre fixé dans son coeur.

Donc, salut à ce ressuscité dans les veines duquel habite la vérité à la manière des parfums, et dont le coeur est un magasin d’aromates des Échelles de l’Encens.

Donc, salut par millions de saluts à la Forme resurgie divine, salut à ce dieu renouvelé qui s’est rencontré avec l’ipséité de l’Unique, qui s’est fondu dans les Formes Divines.

Passe, tu es pur.

Désormais, plus de surprise, plus de surprise, plus de décomposition, plus de ténèbres.

Désormais, rien que vérité, rien que vigueur, rien que vie, santé, force.

Désormais rien que félicité paix, béatitude.

Excellent, excellent.

Passe, tu es pur.

 
 
in Le Livre de La Vérité de Parole
J.C. Mardrus
Transcription des Textes Egyptiens Antiques
Troisième jour de Juin MCMXXIV.

Photo : Ricardo Lopes

Cantate à l’enfant

Etui de musicienne
Dans Cela Est Ce Qui Est Là !

L’enfant nouveau né interrogea : Qui suis-je ?
Une voix répondit : Tu es celui qui Est.
Où suis-je ? Une voix répondit : dans l’Univers.
Qu’est-ce que l’Univers, demanda l’enfant ?
L’Espace qui t’enveloppe, répondit la voix.
Où est le début de l’Univers ? Où est la fin de l’Univers ?
Où s’arrête l’Univers ?
L’espace n’a ni début, ni fin, répondit la voix.
Et qu’y a-t-il au-delà ? demanda l’enfant.
La voie répondit : ce qui est ici est dans l’au-delà et ce qui n’est pas ici n’est nulle part.

L’enfant contemple, et en contemplant il se perçoit à l’intérieur de l’espace et il réalise qu’il EST et qu’il sait où il est.

Il se dit donc : je suis là et je sais où je suis.
Et « je suis » est dans l’espace vide…
Et l’enfant réalise que l’espace est ce qui définit ce qu’il Est ! Et qu’il est Cela même et parce qu’il est l’espace il est tout ce qui est.
Et l’enfant se perçoit comme Celui qui Imagine et qui crée par Imagination !

Et l’enfant s’exclama :
Je Suis Est Celui qui Est : Le Vide conscient de Soi-même.
Ceci et Cela, Je Suis !

Photo de natacha quester-semeon

Hommage aux Alpilles !

Les Vacances… mais pourquoi faire?

Il y a vacances et vacances, chacun concevant la liberté et la disponibilité qui les accompagne d’après ce qu’il est ! Je ne voudrais pas analyser ici les attitudes de nos frères humains en vacances : il n’est pas en accord avec la sensibilité de ce blog de faire des analyses socio-psychologiques, et cela risquerait fort de gâcher le début des vacances, justement !

Pour celle qui écrit, la période des vacances ne change pas les priorités et ne modifie rien, à une nuance près : le lieu géographique. Si vacance signifie liberté et disponibilité à la vie, alors je suis constamment en vacances. Il ne m’a d’ailleurs jamais effleuré que changer de lieu puisse en quoi que ce soit changer l’être. Où que l’on aille, on y va avec soi-même ! Autant en être informé 😉

Alors, pourquoi se déplacer dans l’espace vers un « autre » lieu géographique, surtout lorsque l’on sait qu’il n’y a qu’un seul lieu, celui de l’Être ? C’est que dans son infinitude, l’Être a ménagé des espaces au cœur de l’espace, des environnements singuliers qui, comme les notes d’une mélodie unique, déclinent toujours le même thème mais s’accordent avec douceur à la respiration harmonique de chaque âme.

On trouve ainsi parfois des lieux vibrant de telle manière qu’ils sont comme des prolongements de nous-mêmes. Comme s’ils contenaient en eux des fragments, des versets de notre poème intime. Des phrases frémissantes de notre musique intérieure, inachevée ici, accomplie là…

La Toscane et la Provence, autrefois une seule et même province, font partie de ces lieux qui reflètent le mieux la complétude de « mon » âme. L’une comme l’autre – mais l’une est l’autre ! – expriment autant qu’il est possible cette quasi insoutenable Bienveillance de l’Être ! Le paysage y est si dépouillé, si dépourvu de tout artifice, si contenu dans sa propre discrétion qu’il ne fait plus aucun obstacle à l’espace, à la sublime bonté du vide !

Il est comme une prière de la Terre. Non pas une prière de demande, mais une prière de gratitude, élégante et silencieuse ! Moins vastes que la Toscane, secrètes au cœur de La Provence, les Alpilles accueillent la miséricorde divine parmi ses champs compatissants de lavande, son thym, son romarin revêtant humblement le vide de subtilités parfumées, comme l’offrande reconnaissante de la Terre au Ciel. Et que dire des cyprès qui, çà et là, émergent solitaires de la douce courbe des montagnes ? Ou des champs d’oliviers sacrés, ni d’Orient ni d’Occident, d’où jaillit la lumière de l’âme…

Dans la vallée des Baux de Provence, les visiteurs que l’on croise ne sont pas tous aussi discrets que les vrais amoureux savent l’être. C’est la renommée touristique du « plus beau village de France » qui les attire souvent. Mais qu’importe, après tout, ils ne font que passer…

Les pèlerins du silence, qui n’aspirent qu’à demeurer dans l’émouvante intimitée de l’être et des choses, sont toujours, dans cette terre de Provence, dans cet enclos du Paradis, invisibles et présents à la fois. Le temps passe, les civilisations naissent et meurent, mais ce sont toujours les mêmes amoureux qui habitent cette Terre de l’Âme.

Inclinaison amoureuse, gratitude infinie pour cette vallée et tous ses amants secrets et discrets, mais néanmoins transis d’Amour !

Et puisse leur bienveillance pardonner à cette amante, un brin trop bavarde…

t.

Alpilles hiver et été – Photos de Natacha Quester-Séméon