Entrez, c’est ouvert !

Fenêtre sur cour

En contemplant la fenêtre de « ma » cour intérieure, un bruissement d’abeilles s’est répandu dans l’enceinte entre deux immeubles enclochés. Le souffle a suspendu son envol à la vue de ce qui lui semblait être un frémissement d’ailes musicales à travers un son diaphane, cristallin. En prêtant l’oreille intérieure, le constat s’est fait que ce n’était pas tout à fait cela. Il s’agissait de quelque chose de plus silencieux que le silence, de plus léger que le souffle, quelque chose au-delà de la gamme des sons, au-delà de la portée de la lumière !

Quelque chose d’avant la Parole !

Ce dont on ne peut parler, il faut le taire, nous conseille l’ami Wittgenstein. Que reste-t-il, que nous reste-t-il pour communiquer, échanger, dire de ce dont on ne peut pas parler ? Il nous reste tout et rien, il nous reste l’Ouverture, la contemplation non plus de notre image, mais de l’Ouvert.

Comme dit Maximov, tout n’est que cendre et poussière, tout, sauf le temple à l’intérieur de nous. Il est à nous, avec nous dans les siècles des siècles.

Entrez, et constatez par vous mêmes ce dont on ne peut pas parler !

t.

Photo: Sacha QS.

8 réflexions sur “Entrez, c’est ouvert !

  1. Invitation à l’écoute, au silence habité,
    vibration muette, qui vibre ici et chante au-delà, au-delà de l’image.
    Appelle vers l’intérieur, de l’intérieur, pour l’intérieur, pour l’intime de notre intime.
    Souffle invisible, inaudible et pourtant qui nous caresse, désespéré de notre vacarme.
    Oui, tout et rien …d’Amour.
    D’Amour.
    Qu’elle (l’Amour) me pardonne pour mon impétuosité à prononcer son nom.
    Entrons en silence.

  2. SEUIL

    Je viens à ta porte mon aimée,
    Nu du monde, nu des êtres passants.
    Tu as tout retiré, fil après fil de ce qui me liait.
    Oh non je ne veux pas oublier ! Je viens pour renaître.

    Ainsi donc je viens, ne sachant même pas
    Si tu me la tiens ouverte ou si close elle sera,
    Je viens, et c’est juste me tenir au plus près
    Qui m’importe, je ne sais quels chants seront alors possibles.

    Je viens et c’est là l’important, quoi que tu puisses me dire,
    Même si à ta porte le dernier doute me vole l’instant,
    Même si à ta porte je ne puis signaler ma présence,
    Même si à ta porte pourtant ouverte je n’ose effleurer le bois.

    Je viens et c’est là l’important, si le vent alors pousse le bois,
    Si le battant s’écarte et qu’à la fin du silence tu sois là,
    Même si alors je ne trouve rien à dire, comment dire
    Quand tout a déjà été dit ? Le passé ne sera pas le présent.

    thomas

  3. Ham-dam

    « Tu ne me chercherais pas si tu
    ne m’avais déjà trouvé. »

    Darwaza Nûr

  4. Au moment où Sacha postait cette photo sur Flickr, je notais un commentaire : « Lumière, musique, fleur, on s’attend à voir surgir un ange musicien au milieu de la scène. » Un peu plus tard, tu postais ce billet poétique… Coïncidence ? Entrez, c’est ouvert… Il y a cet état de l’Être, où la lumière se fait si discrète, qu’elle se cache quasiment derrière l’ombre, comme le Soleil derrière la Lune pour dessiner un clair. Le manifesté serait le cache de la lumière ? En photographie, comme tu le sais, le cache est ce « papier à surface opaque destiné à cacher une partie de la pellicule à impressionner ». Lorsque dans le laboratoire, on projette en négatif l’image sur le papier sensible, les retouches se font dans l’obscurité de la lumière rouge. On peut poser un cache pour détourer une zone ou une partie de l’image, pour plus ou moins l’exposer, atténuer ou accentuer, redessiner des formes… Et puis, tu suggères que la voix parle, au-dessus de l’audible au-delà des fréquences. Je le devinais un peu… J’apprends.

  5. Oui ! Belle âme, « ma » Nezâm bien-aimée,

    Entre le Caché et le Révélé le Fedeli d’amore soupire sa nostalgie, à la lumière du croissant de Lune.

    Pèlerin dans la nuit, il est guidé par la lumière de la Lune vers celle dont elle est le reflet !
    Et son coeur « devine » qu’en réalité « l’Être qui soupire de nostalgie est en même temps l’être vers qui sa nostalgie soupire ».

    t.

    NB: Nul n’a encore fini d’apprendre… J’apprends, j’apprends aussi.

  6. Elle est belle cette photo de Sacha, entre la tristesse et la joie, elle me fait penser à Rainer Maria-Rilke. Tout est prêt, encore un peu comme « en chantier », mais on attend les Harmonies, elles sont déjà là mais on voudrait être sûr que ce n’est pas seulement le vent de l’imaginaire qui vibre dans le vert…

    « Aime-moi seul, aime-moi d’amour. Nul n’est plus intime que moi. Les autres t’aiment pour eux-mêmes, moi, Je t’aime pour toi, et toi, tu t’enfuis loin de Moi.

    Bien-aimé, tu ne peux me traiter avec équité, car si tu te rapproches de moi c’est parce que je me suis rapproché de toi.
    Je suis plus près de toi que toi-même, que ton âme, que ton souffle.

    Bien-aimé, allons vers l’union… Allons la main dans la main, entrons en la présence de la Vérité, qu’elle soit notre juge et imprime son sceau sur Notre union à jamais. »

    Ibn ‘Arabî : trad. Osman Yahya

  7. Mais aussi

    Ce dont on ne peut parler
    On le chante
    On le joue touche à touche
    Geste à geste
    On le danse
    On le dessine
    On le projette sur une toile une pierre
    On le sculpte
    Et même obstinément…
    Sans jamais « s’attarder à l’ornière des résultats »*
    On l’écrit

    * René Char

  8. Quel puissant appel que cet « Entrez, c’est ouvert ! » !
    Il est vrai que parler, disserter, discourir est toujours un moyen de rester sur le seuil. Oui, c’est ouvert, et pourtant nous sommes fermés ! Pour entrer, il faudra aussi « laisser entrer », n’est-ce pas ? Merci pour l’accueil et l’invitation.

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