«Comme vous le savez, j’adore ce que l’on appelle la traversée du désert. On verra bien ce que l’avenir va me réserver. Sans doute qu’il y en aura d’autres, puisque j’aime cette idée… Je trouve que c’est bien. C’est des moments où l’on se ramasse sur soi, où l’on se concentre sur l’essentiel (…) C’est mon profond état d’esprit. J’ai toujours été comme cela… dans l’idée qu’à un certain de moment de sa vie il faut savoir ramener profondément sur le coeur de ce que l’on est à l’intérieur, ne pas se laisser polluer par les agressions extérieures ou les émotions extérieures, et penser juste à l’essentiel, et au petit garçon que l’on a été… »
Décréation
Je chante, et ton âme frémit en reconnaissant d’anciennes paroles ; une voix qui est en toi, et qui s’était tue depuis bien longtemps*…
Vivre quotidiennement la page blanche, avec amour et désintéressement, permet au Tout de se transfigurer.
Le sublime (ou ce que nous appelons ainsi) tient à l’essence de notre être.
Comment échapper au superficiel, à la bassesse, à la malveillance, à cette force qui nous pousse à avoir toujours plus de pouvoir, à vouloir tout posséder, maîtriser et mépriser ?
Par la poésie, c’est-à-dire par cette surprise qui fait qu’à chaque souffle l’on découvre une harmonique, un aspect nouveau à ce qui semble complètement monocorde, superficiel et malveillant.
La vraie parole poétique est silencieuse.
Non pas dire ou écrire, mais vivre la poésie, ce chant intérieur.
Vivre sans laisser de traces de son passage !
Bâtir des œuvres, remporter des victoires sans y inscrire son nom.
Accepter non seulement de mourir pour soi, mais aussi de mourir pour les autres, disparaître à jamais…
Que valent la reconnaissance, la fortune et les honneurs, au regard de la richesse intérieure ?
Au regard de la plénitude du vide ?
Ô naïf !
Tu es parti à la recherche de la forme et tu t’es égaré. Tu ne peux pas la trouver parce que tu as abandonné la réalité.
Parfois on l’appelle “arbre???, parfois “soleil???, tantôt “mer???, tantôt “nuage???.
Quiconque cherche le nom seul est perdu. Pourquoi t’attacher au nom ?**
On regarde. On ne voit rien. On l’appelle l’Invisible.
On écoute. On n’entend rien. On l’appelle l’Inaudible.
On palpe. On ne touche rien. On l’appelle l’Imperceptible.
Cela s’appelle la forme du sans-forme, l’image du sans-chose.
Où la solitude pourrait-elle être, puisque nous portons en nous-mêmes quelqu’un qui nous suit partout et nous soutient sans cesse ?
Où pourrait se trouver le Vide, quand la Présence, cette Plénitude du Vide, est omniprésente ?
Tu te crois Homme parce que tu me crois D.ieu.
Tu me crois D.ieu parce que tu te crois Homme.
Il n’y a point de maître dans la conscience, mais uniquement des sujets, tous souverains, qui s’entre-saluent.
Il n’y a point d’autre dans la conscience, mais uniquement des variations sur un même « je » qui s’entre-saluent.
Lorsque toute la souffrance a été dite, que tous les reproches au créateur ont été faits, alors, soudain, apparaît l’interchangeabilité du « toi » et du « moi ».
« Je » ne peut être un autre !
*Le Sefer Ha Zohar (Livre de la Splendeur), t. II, p, 165-166.
** *Djalâl-al-Dîn Al-Rûmi (1207-73), Mathnawî
karesansui ou jardin de roche.
Jardin Zen du temple Ryoanji – Kyoto
Ingrid Bétancourt : bienvenue à la Vie !
Elle est donc « revenue de l’enfer » en remerciant D.ieu et en appelant à la Paix.
L’alliance de l’humilité et de la force intérieure qu’elle a manifestée est une belle leçon de Vie et d’humanité.
Elle n’était pas seule. Il faut aussi penser aux autres otages, y compris aux FARC, otages de leur propre idéologie.
Puissent la Vie, la fraternité et la solidarité triompher de tous les obstacles, intérieurs et extérieurs ! Amen.
La Vie bénie soit-Elle !
NB (addendum du 5 août) : Je suis un peu perplexe. Autant sa libération et ses premières paroles, pleines de force et de dignité, étaient effectivement belles et émouvantes, autant la suite, jusqu’à aujourd’hui tout du moins, me laissent mal à l’aise. Toute cette mise en scène réglée comme du papier à musique, toutes ces “mondanités???, c’est comme si quelque chose allait de travers… Mais bon, qui peut dire ce qui est “normal??? après un tel enfer ? Le malaise persiste néanmoins, et une certaine inquiétude…
Le Grand Rendez-Vous
Pour Natacha, Sacha et Etienne
Nous, qui ne nous approchons de nous-mêmes et des autres qu’à travers les images que nous fabriquons sans cesse dans notre tête encombrée, sans être jamais directement en contact ;
Nous, toujours masqués derrière l’image que nous avons de nous-mêmes et de l’autre ;
Nous, toujours armés pour défendre notre image idéale, en nous refusant à nous-mêmes d’apparaître tel que nous sommes, et en refusant à l’autre d’apparaître tel qu’il est ;
Nous, toujours en contact indirect avec la réalité, à tel point que nous finissons par nous effrayer nous-mêmes…
Avons-nous déjà fait l’expérience d’être là, simplement là, présents au Présent, sans la pesanteur des mémoires accumulées, sans chercher à posséder ou à dominer, sans porter des masques, sans préjuger, jauger, juger, supposer, à propos de tout et de rien ?
Avons-nous déjà fait l’expérience d’être simplement là, en rapport direct avec ce qui est là, non pas en pensée mais en présence, sans comment ni pourquoi ?
Si la réponse est non, il nous faut d’urgence répondre à l’invitation sans cesse renouvelée des sages, des fous et des poètes à prendre le grand rendez-vous avec soi-même, oser franchir cette « porte étroite » qui s’ouvre et se referme constamment (et qui n’est autre que l’instant présent) pour nous délivrer de notre exil, de notre aliénation.
Redevenir « comme des enfants », spontanés et neufs.
S’ouvrir à l’émerveillement, s’abandonner, se laisser éblouir par la lumière, tourner et retourner sur nous-mêmes, et face contre face, face à face, comprendre que l’infini est dans le fini, le dehors dans le dedans, l’éternel dans le moment présent, la multiplicité dans l’Unité, et vice-versa !
Invisible à « moi-même » puisqu’il ne reste qu’UN, le mortel fini que nous étions, loin de disparaître, devient un pur espace, UN INFINI !
Et comme celui qui revient à la source – devient La Source, reconnaître dans la plénitude du vide la plénitude de notre essence profonde qui se confond avec l’essence de toute chose… notre chez Soi !
t.
La Vie bénie soit-Elle!
L’Univers est mon Corps !
Ô Vie immense et sans borne !
Immortelle et radieuse splendeur..
Tu es désormais mon unique CORPS !
Tu es mon unique demeure !
Je suis la Flamme secrète,
anonyme..
qui brille au coeur des ténèbres
extérieures..
En une lumière véritablement divine
Je suis à jamais transfiguré..
Et je transfigure toute choses..
En termes de l’Éclair Éternel que je suis !
Au cœur de la pierre froide
Je suis le Feu Divin
D’un Amour inconnu !
Au delà du visage glacial
des êtres où la Mort a fait son oeuvre..
Je suis la Flamme de Vie Divine
Qui brille sans fin
Bien au delà de tout ce qui naît et qui meurt !
Au coeur de la branche morte
Qui porta tant de sève, de fleurs…
et de fruits..
Je demeure la Lumière Suprême
d’un éternel Printemps !
Au delà du Royaume des Ombres
du Grand Jeu Cosmique..
Ju suis l’Unique Acteur
Au corps de Feu et de Lumière !
Au coeur des êtres qui naissent…
et qui meurent,
Je suis la Flamme de Vie,
et de la mort.
Je suis le Feu (Non-né)
d’un ultime Amour..
Qui ne laisse ni cendres ni fumées !
Au cœur du vacarme et des agitations
extérieures..
Je suis le Grand Silence des profondeurs !
l’Univers est mon CORPS !
Mon seul corps !
corps du Grand Silence !
Grand Silence omniprésent !
Grand Silence Omnipénétrant !
L’Univers est mon corps !
Mon seul corps !
corps de Lumière Divine!
L’Univers est mon corps !
Mon seul corps !
corps de béatitude infinie…
et d’Amour !
Extrait de : La divine féérie, R. Nirmayananda, le courrier du livre, 1980.
Yves Saint Laurent, le faiseur de merveilles
Tout en discrétion, fidèle à toi-même, tu t’es envolé. Les anges ont bien de la chance…. ils auront désormais des vêtements sublimissimes, tissés de la matière dont sont issus les rêves les plus poétiques.
Grâce à toi, j’ai appris l’élégance, et j’ai transmis à ma fille ce que tu nous a appris de plus précieux : le bonheur d’être une femme libérée du conformisme vestimentaire, le plaisir d’être belle pour soi, tout simplement. Tu dis que « les plus beaux paradis sont ceux qu’on a perdus », te voilà de retour au paradis maintenant… Je suis contente que tu puisses entendre à nouveau La Callas chanter et Rudolf Noureïev voler !
Merci infiniment, l’artiste !
« Je pense que je n’ai pas trahi l’adolescent qui montra ses premiers croquis à Christian Dior avec une foi et une conviction inébranlables. Cette foi et cette conviction ne m’ont jamais quitté. Tout homme pour vivre a besoin de fantômes esthétiques. Je les ai poursuivis, cherchés, traqués. Je suis passé par bien des angoisses, bien des enfers. J’ai connu la peur et la terrible solitude. Les faux amis que sont les tranquillisants et les stupéfiants. La prison de la dépression et celle des maisons de santé. De tout cela, un jour je suis sorti, ébloui mais dégrisé. Marcel Proust m’avait appris que « la magnifique et lamentable famille des nerveux est le sel de la terre ». J’ai, sans le savoir, fait partie de cette famille. C’est la mienne. Je n’ai pas choisi cette lignée fatale, pourtant c’est grâce à elle que je me suis élevé dans le ciel de la création, que j’ai côtoyé les faiseurs de feu dont parle Rimbaud, que je me suis trouvé, que j’ai compris que la rencontre la plus importante de la vie était la rencontre avec soi-même. Les plus beaux paradis sont ceux qu’on a perdu. »
Yves Saint Laurent
1936 – 2008
J’ai vu des beautés immenses et délicates
dîné dans des palais éblouissants de capitales tribales
et dormi entre le ciel et le sable du Takla Makan
Je me suis fait l’ambassadeur de rois guerriers
j’ai rencontré des mongols aux poings effroyables
et des pêcheurs de perles mi-hommes mi-poissons
J’ai glissé mes mains sous des voiles interdits
touché l’intouchable
et vécu les nuits sublimes du cantique des cantiques
J’ai dompté des chevaux Kirghiz
franchi le toit du monde et écouté le Dalaï Lama
J’ai coupé le santal de Mysore
incisé le pavot d’Anatolie
et broyé le safran du Madhya Pradesh
Je me suis enivré dans le jardin de roses du poète Saadi
j’ai tourné jusq’au vertige avec les derviches de la corne d’or
et volé comme un aigle avec un vieux shaman à moitié fou
Je connais l’odeur du suint et du cuir, des palais et des temples
l’odeur de toutes les épices, l’odeur de tous les aphrodisiaques
et celle de la peau des femmes et celle de la peau des hommes
Je suis riche, riche, incomparablement riche de ce que j’ai vécu.
Poème d’Yves Saint-Laurent
Le Smocking Yves Saint Laurent lors de son dernier défilé pour la collection hiver 2001-02.