Exquise délicatesse : de l’évanescence au point Zéro

Comment pourrais-tu, étant immobile, te mouvoir dans le vide et chevaucher le vent ?

Tous ces masques sont lourds à porter, et l’Être est plus léger que l’air !

Oui, comment pourrais-Je, étant immobile, me mouvoir dans le vide et chevaucher le vent ?

Je n’ai pas de savoir-faire pour Cela !

Tout savoir est temps déployé, et la conscience est éternelle immédiateté.

Dessaisissement volontaire,
Déprise de la maîtrise acquise sur soi.

Tout personnification est lourde à porter, et l’Être est plus léger que l’air !

Je me déposséderai de moi-même, de l’idée même de moi-même.
Je m’abandonnerai de manière à laisser faire le vent.
Je me laisserai emporter par le vent , absorber par le vent.

Comment pourrais-Je ÊTRE pleinement vide et inspirer le vent ?

Toute appellation est lourde à porter, et l’Être est plus vide que le vent !
Toute substance est lourde à porter, et l’Être est moins encore que le Rien !

Plus vide qui le vide, l’Être est !

SOLITUDE FONCIÈRE

Et puis…

Du dedans du dedans de l’infiniment obscur, mystérieux et abyssal silence
De l’ultime particule évanescente
Du quasi Rien…
Jaillit La Lumière !

t.0 ???

Regardant sans voir on l’appelle Invisible ; écoutant sans entendre on l’appelle Inaudible ; palpant sans atteindre on l’appelle Imperceptible ; voilà trois choses inexplicables qui, confondues, font l’unité. Son haut n’est pas lumineux ; son bas n’est pas ténébreux. Cela serpente indéfiniment indistinctement jusqu’au retour au Non-chose…On le qualifie de Forme de ce qui n’a pas de forme et d’Image de ce qui n’est pas image…

Lao Tzu Livre de la Voie et de la Vertu (chapitre XIV)

2 réflexions sur “Exquise délicatesse : de l’évanescence au point Zéro

  1. « Comment pourrais-tu, étant immobile, te mouvoir dans le vide et chevaucher le vent ? »

    Avec des semelles de vent, peut-être ? 😉

    Ce que vous dites de la déprise de la maîtrise acquise sur soi, et de la lourdeur des identifications, est magnifiquement désarmant.

    Il est vrai que toute identification est pesante, et entrave l’être en quelque sorte.

    Peut-on dire que la conscience qui se fixe sur un état manifeste ou une représentation donnée, même non physique, devient aveugle à toute autre représentation également possible, et se prive donc de la vérité de ce qui est ?

    En ce sens, en effet, le Non-chose dont parle Lao Tzu deviendrait Chose s’il pouvait se laisser voir, entendre ou atteindre, et ce faisant serait comme privé de soi-même, par sa révélation même.

    Peut-on dire alors, même si la formulation semble paradoxale, que seule l’Absence peut révéler la Présence, et même que seule l’absence manifeste en réalité la Présence ? Que l’absence, absolue, est la manifestation même de la Présence ? Et que la Présence est le véritable fondement de l’indétermination absolue ?

    Toute manifestation ne peut que travestir ce qui est sans image et sans forme, en lui-donnant, aussi subtile soit-elle, une image et une forme.

    Mais comment, étant immobile, se mouvoir dans le vide et chevaucher le vent ?

  2. A méditer sur le « Point de l’évanescence »,
    je ressens que l’Etre est au-delà de tout ce que je peux imaginer.

    Pourtant, à Vous lire et relire, je ressens aussi que l’Etre, la Présence, est proche. Si proche…
    Et cette proximité est troublante. Vraiment troublante.

    Car elle m’invite à actualiser une nécessité ; celle d’apprendre à vivre dans le moment présent.
    Puisque pour ressentir, je dois être là.
    Pour goûter, je dois être là.
    Pour apprendre à être, je dois aller avec l’Etre.

    Mille feux d’artifice nous attirent vers l’extérieur.
    La Présence, Elle, nous oriente vers le Dedans, sans nous forcer. C’est une invitation silencieuse.

    Elle est vraiment d’une « exquise délicatesse. »

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.