Célébrer Hermann Hesse, c’est célébrer les valeurs intemporelles et la Liberté !

Lorsque nous nous sommes rencontrés, nous marchions vers l’Orient. Loin, très loin du Loup et des Steppes…Seule à seul nous chevauchions le vent ensemble, là où « le faiseur de pluie » se plaisait à nous envelopper de rosée. Transpercés d’éclairs étincelants de beauté auntant que de doutes, nous cheminions sur les routes de la connaissance. Nous étions et sommes toujours d’accord pour dire que : « Analyser le monde, l’expliquer, le mépriser, cela peut être l’affaire des grands penseurs. Mais pour nous une seule chose importe, c’est de pouvoir l’aimer, de ne pas le mépriser, de ne le point haïr tout en ne nous haïssant pas nous-mêmes, de pouvoir unir dans notre amour, dans notre admiration et dans notre respect, tous les êtres de la terre sans nous en exclure. »

Nous avons joué au « Jeu des Perles de Verre », et une fois encore nous nous sommes accordés sur le fait que « l’enjeu de l’éveil, c’était non la vérité et la connaissance, mais la réalité, le fait de la vivre et de l’affronter », et que dès lors « on ne découvrait pas des lois, mais des décisions, on ne pénétrait pas dans le coeur du monde, mais dans le coeur de sa propre personne ». Non, nous n’étions pas des savants et nous ne le sommes pas plus aujourd’hui… Nous savions que « l’art suprême consistait en ceci : se laisser aller, consentir à sa propre chute », car entre deux souffles il y a la grande respiration, où « chaque vie est une expiration du souffle divin, chaque mort une inspiration ». Nous savions aussi que « celui qui sait se plier à ce rythme et qui ne refuse pas sa propre disparition, celui-là n’éprouve aucune peine à mourir ni à naître : l’angoisse n’est réservée qu’à la créature qui se débat ! » « Chacun de nous n’est rien de plus qu’humain, rien de plus qu’un essai, une étape. »

Pèlerins d’Orient, il nous coûtait de n’être pas encore nés…
Vagabonds des étoiles, nous marchions dans la vallée, au bord du fleuve nous nous sommes arrêtés… Tu t’en souviens, tu t’es soudainement exclamé : « je suis passé par ici avec Sidartha ». « Et comment était-il ? », t’avais-je répondu. « Satisfait », m’as-tu dit.

« Satisfait, il contemplait l’eau du fleuve qui coulait et jamais il n’y avait pris tant de plaisir. Jamais il n’avait discerné d’une façon si agréable et si claire la voix et l’enseignement de cette eau fuyante. Il crut comprendre que le fleuve avait quelque chose de particulier à lui dire, quelque chose qu’il ignorait encore et qui l’attendait. Le sentiment qu’il éprouvait pour lui, c’était à la fois de l’amour, du charme, de la gratitude. Dans son coeur, il écoutait parler la voix qui s’était réveillée et qui lui disait : « Aime-les, ces eaux. Demeure auprès d’elles. Apprends par elles ! ». Oui, il apprendrait par elles, il devinerait leurs secrets, il acquerrait le don de comprendre les choses, toutes les choses, et de pénétrer dans leur mystère. »

Ensuite, tu es resté un long moment silencieux et tu as fini par dire que : « cette expérience de la vie ne fait pas partie des objectifs du langage, car elle n’est pas communicable, elle est et reste. » La sagesse qu’un sage cherche à communiquer a toujours un air de folie », as-tu dit avant de te taire. Oui, avant de te taire…

Aujourd’hui, au coeur de l’automne, je sais que « le ciel, comme le voit le prêtre, ça n’existe pas. Le ciel est bien plus beau, bien plus beau. » Et qu' »en vérité, il n’y a de jeunes et de vieux que parmi les hommes moyens. Les êtres qui possèdent des dons et se différencient des autres sont tantôt jeunes, tantôt vieux, comme ils sont tantôt joyeux, tantôt tristes. Le seul attribut réservé aux plus vieux est le pouvoir de manier avec plus de liberté, d’aisance, d’expérience, de bonté, la faculté d’aimer.  »

Tu sais, tu as bien raison : « Le bonheur, ce n’est pas d’être aimé. Chaque être humain a de l’amour pour lui-même, et pourtant, ils sont des milliers à vivre une existence de damné. Non, être aimé ne donne pas le bonheur. Mais aimer, ça, c’est le bonheur ! » Mais de tout cela et davantage nous reparlerons (toi et moi) de l’autre côté du rideau de rosée translucide et dorée où tu te trouves.

Tu sais, j’accepte comme toi, avec grâce, la vieillesse. Elle est à la fois grave, radieuse et juvénile ! Et si je ne fais pas encore « L’Éloge de la vieillesse », ça viendra en temps voulu. Sachez aussi, très, très cher ami, que non seulement j’ai appris à rire, mais j’ai aussi cessé de me prendre au sérieux !

Siddhârta.
Le Jeu des perles de verre
Le Voyage en Orient
Le Loup Des Steppes
Narcisse et Goldmund
Éloge de la Vieillesse…

Le jeu des perles de verre (amazon.fr)
Wikipédia : Hermann_Hesse
Notice biographique – Bibliographie – Feuillets d’album

11 réflexions sur “Célébrer Hermann Hesse, c’est célébrer les valeurs intemporelles et la Liberté !

  1. […]Un jeune homme poursuivait Nasrudin de ses questions? Nasrudin répondait à tout, mais il voyait bien que l’autre n’était pas entièrement satisfait.

    Un jour, il finit pour dire à Nasrudin : j’ai besoin de réponses plus explicites. Je t’en prie Nasrudin, donne-moi un secret.

    Je te le donnerai peut-être…
    Le jeune l’homme revint le lendemain à la charge.

    Très bien, dit Nasrudin, peux-tu garder un secret ?
    – Je ne le communiquerais jamais à personne, répondit-il!

    Alors note bien, je t’en prie:
    – Je peux garder un secret aussi bien que toi!!!

    😉

  2. Mille mercis renouvellés, tatihannah, pour cette invitation à la transcendance en acte, et pour la délicatesse de l’évocation, qui seule peut éclairer le saint silence qui se glisse entre nos pensées et défie notre avidité verbale.

    Merci aussi pour le clin d’œil à Wittgenstein. Si sa logique est à ce point incontournable, c’est sans doute qu’elle est éclairée de ses propres limites.

    À l’évidence, il n’est nul secret dont on puisse parler !

  3. « Le Loup des Steppes » est un livre qui a laissé une belle empreinte sur moi.

    Ce voyage initiatique, cette solitude de l’exigence, la lucidité, l’espoir inavoué, l’humour et l’amour… « Vous devez apprendre à vivre, voilà ce qu’on veut. Vous devez concevoir l’humour de la vie. » C’est un livre que j’adore !

    Ton hommage est très beau, vos pas semblent se confondre 🙂
    Merci pour ce texte inspiré !

  4. Oui, il y a toute une vie entre les lignes, chez Siddhartha comme dans votre témoignage chaleureux 😉 Merci pour cette mise en abîme, avec tendresse. Cela me touche beaucoup parce que ce livre est un des premiers qui a semé en moi plein de questions que je ne m’étais jamais posées.

    Il disait, si je me souviens bien : « Le contraire de toute vérité est aussi vrai que la vérité elle-même !… une vérité, quand elle est unilatérale, ne peut s’exprimer que par des mots… »

  5. merci de me rappeler Hesse il y a 40 ans que je ne l’ai pas lu et j’ai semé les livres que j’avais en route. Un tour sur Amazon s’impose

  6. ohh Le grand Herman, le grand narcisse et goldmund ! tant de précieux souvenirs
    Et je les sens toujours vivre en moi… mon coeur est séparé… et mon sentier est préparé.

  7. « Siddharta » demeura un long séjour dans ma bibliothèque sans que le désir,
    ne serait- ce que de l’ouvrir, ne me prit. Et puis, j’ai lu votre beau et touchant hommage qui va droit dans cette région du coeur qui murmure « apprends moi… ». J’ai suivi cette onde. Bien m’en a pris. Le livre parle au coeur. Et je lirai aussi les autres romans.

    Et dire que sans votre hommage « Siddartha » aurait pu rester des années encore dans la bibliothèque. Quel dommage cela serait ! Passer à côté de toute cette beauté.
    Merci à vous ! Merci.

    Ekwala

  8. Entre ! Libèr-tés-Amours

    Crépuscule: entre! Libèr-tés-Amours…
    Nuit ajourée, accouche des couches de Toi.
    Des peaux cédées de ton fonctionnement, « fun en bulles » : sens ka, Libre-TOI.

    Je : n’appartiens qu’à l’Espace…tant et encore…

    AM §

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