Henry Corbin (1903-1978), orientaliste et philosophe, est l’un des
penseurs les plus éminents du XXème siècle. Disciple d’Etienne Gilson
et de Louis Massignon, à qui il succéda dans la chaire d’Etude de
l’Islam de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes de la Sorbonne, il fut
aussi l’un des piliers fondamentaux –avec C.G. Jung et M. Eliade, entre
autres- du cercle « Eranos » de 1949 à 1977, directeur du Département
d’Iranologie de l’Institut Franco-Iranien de Téhéran de 1946 à 1970,
professeur durant plus de trente ans à l’Université de Téhéran et
membre fondateur de l’Université Saint-Jean de Jérusalem.
Auteur : Tatiana F.-Salomon
Il neige sur Florence
Cette présence si ouverte qu’elle disparaît *
Florence s’est mise en robe de fiancée pour nous recevoir.
Saisissement, éblouissant la vue, de cet espace que nous connaissions ouvert à la beauté du monde, étincelant de blancheur et rempli du tintement cristallin des sourires des jouvenceaux. J’appris plus tard que cette grâce exquise n’a lieu que tous les 25 ans. L’âme bondissante d’allégresse, émue comme seuls savent l’être ceux qui sont comme des enfants, j’ai pensé à tous les êtres humains qui méritaient autant, sinon plus que moi de ressentir cet état de grâce ! Contempler cette ville qui ne s’éclaire que de l’intérieur, s’abandonner dans les bras du vent, danser, virevolter, ivre de joie, avec la lumière!
Cela a eu lieu le jeudi 29 décembre 2005, à 3 heures du matin, pas très loin de l’aurore !
DISCOURS SUR LA DIGNITÉ DE L’HOMME, PAR PIC DE LA MIRANDOLE
J’ai lu, pères très honorables, dans les textes des Arabes, qu’Abdallah le Sarrasin, à qui on demandait ce qui, en ce monde qui est presque une scène, était le plus admirable à voir, avait répondu qu’on ne pouvait rien observer de plus admirable que l’homme. (…présentation de l’homme ; récit commenté de la Création… ) Le Grand Artisan décida enfin que celui à qui il ne pouvait rien lui donner en propre, aurait en commun tout ce qui avait appartenu en particulier à chacun. Aussi, il reçut l’homme comme l’œuvre d’une image indistincte, et l’ayant place au milieu du monde, lui parla ainsi :
« Je ne t’ai donné ni une place définie, ni une apparence propre, ni aucun rôle particulier, ô Adam, afin que tu prennes et possèdes la place, l’apparence et les rôles que tu auras souhaité toi-même, par v¦u et par ton propre avis. Tous les autres êtres ont une nature définie, contenue à l’intérieur de lois par moi prescrites. Toi, qui n’es enfermé dans aucun chemin étroit, tu te définiras ta nature en fonction de ton bon vouloir, en les mains duquel je t’ai placé. Je t’ai mis au milieu du monde, afin que de là tu regardes plus commodément autour de toi tout ce qui est dans le monde. Je ne t’ai fait ni céleste ni terrestre, ni mortel ni immortel, afin que, comme si tu étais ton propre juge et digne de te juge, peintre et sculpteur, tu façonnes toi-même ta forme. Tu pourras dégénérer vers les choses brutes du bas, tu pourras renaître vers les choses divines du haut, par le jugement de ton esprit.
Giovanni Pico della Mirandola
L’expression « dignité humaine » a été employée pour la première fois au XVIe siècle par Pic de La Mirandole. Pour dire quoi ? Que la dignité
de l’homme est celle de l’être qui ne se satisfait jamais de la place
qu’il occupe. Et qui toujours avance sur le chemin de la connaissance
et de de l’Amour !
*Jean Mambrino
Photo : © Sacha Quester-Séméon
Firenze
Célébrer
une ville est toujours une entreprise fort hasardeuse et difficile, et
combien plus encore lorsqu’il s’agit de Firenze ! La radicale
subjectivité d’une telle célébration en fait toujours, à quelques
exceptions prés, une ode solitaire et narcissique à soi même ! Avec une
témérité aussi impardonnable qu’inévitable, j’oserai dire, au risque de
tomber dans la banalité la moins poétique, que nul ne peut échapper à
célébrer Florence ! Et celle qui écrit ces lignes encore moins…
Pourquoi ? Parce que comme tant d’autres avant et après elle, elle a
trouvé en Florence l’autre moitié d’elle-même.
Il est
d’ailleurs assez curieux — car bien évidement tout cela n’était
prémédité –, et particulièrement heureux que la célébration de cette
Cité tout enveloppée de poésie, vienne ici juste après la célébration
de Rilke, qui l’a tellement aimée. N’écrivit-il pas que contrairement
à Venise où les palais comme des jolies femmes se reflètent
perpétuellement dans les miroirs des canaux (…) et qui sans doute
n’ont jamais éprouvé d’autre désir que d’être beaux, de faire étalage
de tous ces privilégies et d’en jouir […] à Florence il en va tout
autrement : Florence ne s’ouvre pas comme Venise à l’hôte de passage…
Florence
est tout en intériorité, discrète, secrète et néanmoins rayonnante
d’intensité ! Seuls les fideli d’amore les plus éperdus parviennent
s’accorder à son chant lumineux.
Mais une fois gagnée sa confiance,
cette ville humaniste, ouverte à la sublime beauté, s’offre avec une
générosité inouïe à nos coeurs d’enfants émerveillés, telles violettes
après la pluie !!
NB: justement, je suis ce jour en partance
pour Firenze, afin d’y célébrer l’avènement de la nouvelle année. Je la
souhaite à tous à son image.
À bientôt, depuis elle…
Fra Angelico – couvent de Saint Marc de Michelozzo – Firenze
Canti de Laurent le Magnifique
Canti de Laurent le Magnifique
Quant’e bella giovinezza
che si fuge tuttavia.
Chi vuol’ esser lieto, sia
di doman non c’è certezza
Qu’elle est belle la jeunesse
qui pourtant s’enfuit.
Qui veut être heureux, sache
qu’on n’est sûr du lendemain
Photo de Natacha Quester-Séméon Alpilles Sud/Toscana Française
SAYED IDRIES SHAH
Comme le dit si finement Michel Tournier : Il n’a rien de tel que l’admiration. Exulter parce qu’on se sent dépassé par la grâce…
Ce blog n’a pas d’autre intention que celle de célébrer l’amitié, le partage d’admiration, le sublime, en somme !
Le premier post est un hommage à Etienne Parizot qui réussi avec grâce à faire coïncider ces deux « opposés » que sont la Science et la Poésie.
Le deuxième, célébration exige, est un clin de coeur à Michel Cassé qui le premier a su entendre et faire parler la Nostalgie de la lumière et ainsi nous transmettre le chant poétique des étoiles.
Entre deux, comment exprimer l’indicible grâce de Natacha Quester-Séméon et de ses jaillissements de lumière qu’elle appelle photographie.
Aujourd’hui je voudrais célébrer, un maître, un Ami, le jardinier cosmique Sayed Idries Shah, qui au cours de son séjour parmi nous, a ensemencé tant de terres intérieures que grâce à lui du cœur de la nuit obscure, des étoiles nouvelles voient le jour pour le plus grand bien de l’humanité.
Sayed Idries SHAH, Maitre Soufi d’origine afghane, est né en 1924 à Simla (Inde), mort à Londres en 1996.
http://www.humains-associes.org/No8/HA.No8.Habitants.html
http://www.octagonpress.com/authors/idriesshah.htm