Hommage au Féminin Créateur
Quelle que ce soit la doctrine philosophique à laquelle on adhère, on constate, dés que l’on spécule sur l’origine et la cause, l’antériorité et la présence du Féminin.
Parfois, d’une façon soudaine, une Présence surgit à l’improviste. Les yeux sensibles ne distinguent aucune forme. Le regard intérieur ne découvre que l’espace privilégié qui contient un corps « invisible ».
Néanmoins son évidence éclate dans l’immobilité perçue comme l’apogée d’une infinité de mouvements. Oui ! c’est bien ELLE, la tourbillonnante, celle qui fait chanter les pierres et danser les atomes.
De l’incandescence de l’idée, une flamme jaillit jusqu’à la conscience.
La parole, ensevelie par le silence, ressurgit en chair verbale qui respire des arias tournoyants défaisant les voiles diaphanes qui entourent la flamme !
Ô jour, lève-toi, les atomes dansent !
Interdit, le poète voit apparaitre la plus étonnante des transfigurations que sa tentative poétique ait jamais accomplie : l’idéé s’est déliée en femme. Et il contemple dans cette femme archétypale « la Beauté éternelle qui est inspiratrice et objet de tout amour, et il la regarde, dans sa nature essentielle, comme étant par excellence le médium par lequel la Béauté incréée se révèle et exerce son activité créatrice. »* La chair s’est idéalisée et l’idée s’est revêtue de chair. L’âme a pris corps dans le poème. L’une est l’autre !
La femme est le Rayon de la Lumière divine.
Ce n’est point l’être que le désir des sens prend pour objet.
Elle est Créateur, faudrait-il dire.
Ce n’est pas une créature.**
Le titre du billet : Dante, chant 2, La Divine comédie
*Ibn el Arabi- Fösus in Imagination Créatrice dans le soufisme D’Ibn Arabî, Henri Corbin, Flammarion, page 143
**Jalâloddin Rûmî, Mathnaawi, livre 1
Peinture: Della Primavera di Sandro Botticelli,
Mille merci à Maurice Scève.