L’errant voyageur

Nous sommes l’Être en devenir,
Et…
L’être en transition, limités et inachevés, certes, mais transpercés par l’Éternel

Atome d’un instant, atome d’éternité
Source infiniment ouverte d’où jaillit la Présence

Errants

Nous voici, tous : dans une caravane de rêve !

L’errance infinie de la caravane
trouve son point d’arrêt
dans le coeur de l’homme.

Il y a un temps pour tout, et tout temps est transit !

Chanson du Rappel

Tu es à jamais voyageur… Nuitamment tu parcours la route qui mène d’un monde à l’autre.
« Tout entier oreilles », tu franchis les ponts et les passerelles par la grâce de la fondamentale.

Tu es à jamais voyageur…
Tu ne peux t’établir nulle part ailleurs qu’en toi-même

Tu es à jamais voyageur, universel voyageur
Que de voyages n’as-tu accomplis ? À peine arrivé, tu ne tardes à partir…

Tourne et retourne, Amie !
Tourne et retourne en toi-même.

Suis les scintillements des lumières
Poursuis ta route sereinement

Le chemin apparaîtra à mesure de tes pas
Tu sais déjà que « Celui qui voyage en Soi ne gagne que Soi-même ».

Que la transcendance est immanente à la conscience
Elle-même, Soi-même, Cela, le Sans-Nom…

Errant voyageur,
Errant navigateur,
Entre deux mondes tu voyages.
Tu connais les pièges du monde extérieur et tu ne te contentes pas de ses contours.
Tu sais le caractère éphémère de la vie du dehors.

Toi qui perçois les mondes de l’intérieur,
Toi qui contemples l’intérieur de la créature,
Toi qui perçois
L’âme de l’univers

Double transcendance du Sujet et de l’Objet
Tu es
À jamais voyageur, universel voyageur

Errant voyageur,
Déroutant voyageur
Pourquoi partir à Sa recherche puisque qu’Elle est Omniprésente ?

t.0 ????


Bach – Goldberg Variations: Aria (Glenn Gould)

HOME planète

exode
Photo : Sebastião Salgado

Hier, en visionnant sur l’Île Verte, le très beau film de Yann, « HOME« ,  je me suis dit qu’il fallait vraiment le remercier, lui, et tous ceux qui ont permis que le film existe et soit largement diffusé. Il reste néanmoins que le problème majeur de notre situation présente sur Terre, qui contient en lui-même la solution, n’a pas vraiment été abordé… La pollution est mentale avant tout, la dégradation de notre Maison/Home est en rapport direct avec la dégradation de nos valeurs humaines : fraternité, solidarité, respect de la dignité de chacun… L’Occident n’est certes pas la totalité de la planète – heureusement ! –, et la vision occidentale, je dirais même française, est et reste limitée à ses propres limites.

C’est parce que nous sommes individualistes, égoïstes et superbement arrogants, que nous avons érigé l’avoir en valeur suprême, au détriment de l’être : la possession comme mode de vie, comme but ultime. Nous voulons toujours plus et ne sommes jamais satisfaits – dans le matériel comme dans les rapports humains.

C’est cette avidité qui est la source majeure de l’épuisement de notre Home. Nous ne croyons qu’au progrès, qui nous apportera toujours plus, et refusons toute idée de progression intérieure. Nous n’aimons pas la transcendance. Nous vivons à courte vue, ne voyant pas plus loin que le bout de nos désirs de consommer toujours d’avantage, coûte que coûte, jusqu’à la totalité de nos ressources humaines et terrestres. Nous ne transmettons plus rien : ni les ressources de la planète, ni les valeurs culturelles, ni les responsabilités, économiques et politiques, auxquelles on s’accroche jusqu’à son dernier souffle, ni même les moyens financiers accumulés, utiles parfois au développement de nos enfants, mais que le fameux progrès nous permet de dépenser jusqu’au terme d’une vie toujours plus longue, dans le seul but d’une jouissance immédiate et sans limites.

Je sais par expérience que ce perspective est plus difficile à embrasser qu’une perspective somme toute technique sur les conséquences de l’utilisation abusive du pétrole, de l’agriculture intensive, de la déforestation et de l’exploitation insensée des ressources. Ce discours conduit finalement à l’idée que tout ne va pas pour le pire dans le royaume de l’occident, puisque le problème est maintenant identifié et que la science des pays riches a trouvé des solutions, qu’il suffit en quelque sorte d’appliquer : le miracle aura forcément lieu ! La formule « il est trop tard pour être pessimiste » résonne comme une incantation dans le film. Mais il ne s’agit ni d’optimisme, ni de pessimisme : il s’agit de l’état des lieux – sur tous les fronts, y compris humain –, et de notre capacité à en prendre acte. Pour qu’il y ait changement, il faut que l’homme change, et cela dépend de nous, de chacun de nous. Il nous faut non seulement une prise de conscience individuelle, mais un développement de notre conscience qui l’amènera du particulier à l’universel. C’est la condition sine qua non pour que demain existe encore !

Une certitude : c’est de désamour que nous souffrons, ce désamour qui nous a rendu indifférents aux Hommes et à la Terre. Notre avidité aussi y trouve sa source.

Et si la solution n’était rien d’autre que ce mot d’ordre révolutionnaire : « Aimons-nous et aimons-nous les uns les autres » ?

AMEN. ????

t.0

Amen

Abbaye de Sénanque [3]
Photo de Natacha Quester-Séméon

Entre deux…

L’homme extérieur se définit, se construit par le refus de ce qui est, l’homme intérieur par l’acceptation, l’inclinaison vers le Vrai, le Réel.

L’homme extérieur fuit, nie le réel, résiste au réel, l’homme intérieur l’accueille, s’ouvre à l’instant, et agit en conséquence.

L’un est sur-armé pour contrer le présent, l’autre désarmé et présent, s’adapte à chaque instant et se laisse porter par le vent.

Le seul désarmement est mental

Dire « Amen », c’est dire « Oui ! » à ce qui est, c’est cesser de lutter. Être ni pour, ni contre, mais acquiescer, accueillir ce qui est !

Amen est en réalité la Paix tant recherchée, car lorsqu’on cesse de résister, qu’on dit adieu aux armes, la Paix survient ou, mieux, la Paix ensevelie, emprisonnée par le refus, refait surface !

Lâcher prise permet de prendre le large, le chemin des vents ardents, le chemin de la Liberté !
L’amen est le Oui primordial. En lui est la transcendance du monde !

Seul « Amen » libère
car…
c’est seulement lorsqu’il y a totale acceptation de ce qui est que la Paix devient possible.

Sensation-s

A.M.E.M., c’est la douceur de l’Amour, la douceur du Oui !
La vie à l’intérieur de la vie !
La Vie en Vrai…

C’est l’idée déliée,
Dénudée, désarmée, et bienheureuse d’être là, écroulée dans l’herbe, arrosée par la pluie.

Caressée par la blanche bruine, l’idée-graine tressaille à l’appel de la lumière, les montagnes s’allègent et s’envolent en fumée…

Le corps se spiritualise,
l’esprit se corporalise

La tête dénébulée a retrouvé son vide originel

Et dès lors
Elle marche sur Terre
Manteaux en haillons
Pieds nu dans la poussière sacrée

Invisible

Lumière de gloire,
Lumière de joie !

Paix sur la Terre
Ainsi soit-elle
Amen ! ????

La splendeur visible

Vagabondage au gré du vent…

Viens et vois
La Vie est partout, dans tout ce que tu touches et qui te touche
Le Bien est partout, dans tout ce que tu touches et qui te touche

Viens et vois
la splendeur de la Vie !

Tissés des imperceptibles chants, les champs se donnent à voir
qu’attends-tu pour cheminer au dedans ?

Viens et vois
Tout s’allège, ondoie, flotte
Entre ciel et terre
Détache-toi de toi-même
Ouvre-toi à l’Ouvert
Et vois
Les fils de lumière qui relient le Vivant au Vivant
L’Être aux choses
Dans la splendeur de toute vie sur la Terre

Goûte la Vie, redeviens lumière !

t.zéro


Jascha Heifetz – Debussy – La Fille Aux Cheveux De Lin

« Notre destinée, notre raison d’être ou d’aimer est dans l’infini, seulement là. » (William Wordsworth)

Le Paradis n’est pas perdu, nous sommes dans le Paradis !

Et si la crise n’était pas celle qu’on croit ?

Et si la cause de la crise actuelle n’était que l’immense fatigue d’une civilisation enfermée dans une carapace de fausses valeurs illusoires, où plus rien n’a de sens, où les mots ont perdu leur substance, où chacun vit sans savoir pourquoi il vit ?
Certes, nous faisons tout ce que nous avons envie de faire, et nous avons créé une civilisation de divertissement, avec pour seul moteur notre désir de vivre une vie toujours plus excitante. Mais nous ne sommes jamais satisfaits ! Et pour cause…

Peut-on vivre sans qu’il y ait un sens, sans réelle raison d’exister, à la fois particulière et universelle ?

Sujets consentants d’une servitude volontaire au service de l’assouvissement de toutes nos pulsions, nous avons décidé que le sens de la vie était la recherche de la toute puissance, et la satisfaction de nos désirs. Or nos envies, changeantes et mouvantes comme notre imagination débridée, sont comme des entonnoirs sans fond, jamais comblées. Nous sommes probablement la première civilisation où la seule raison d’exister est de consommer le maximum dans le temps qui nous est imparti – y compris les ressources de la Terre !

Personne (ou presque) n’éprouve plus pour personne la moindre sym-pathie, la moindre solidarité. Chacun pour moi et le vide existentiel pour tous !

Éternels insatisfaits, épuisés de l’intérieur, desséchés, égarés au milieu de nulle part. Notre crise est celle du défaut d’humanité, de l’absence de sens, dans un monde désorienté qui, en niant l’âme du monde, s’est voué au désenchantement et à la mort spirituelle !

Seul, face à son vide existentiel, l’homme occidental est à lui-même sa propre crise !

Et pourtant… Le Paradis n’est pas perdu, nous sommes dans le Paradis !

En contemplant, derrière l’azur, le noir glacial et infini de l’univers, je me dis, comme à chaque fois : qu’elle est belle la Terre, planète océan, belle à en vivre, magnifique Île Verte enveloppée de translucidité nourricière et protectrice de vie.
Terre aimante, point final de nos errances, hôte gracieuse, si fragile et précieuse, accueillante, bienveillante.

Humble et discrète

Terre
Mère
Veilleuse

Île flottante dans l’océan sidéral,

Puissions-nous être de ceux qui ne te trahiront pas,
Puissions-nous être de ceux qui ne nous trahirons pas !


Michelangeli – Ravel Piano Concerto – [2] Adagio assai