NON ! Les jeux ne sont pas faits ! Combat pour l’ange !
Certes, nous voyons en ce moment se dérouler sous nos yeux ébahis une Comedia Senza Arte, une tragédie version péplum, écrite et mise en scène par un coq livrant le dernier combat de son crépuscule, entouré d’une basse-cour de poules et de poulets décérébrés qui cocoriquent dans le vacarme insensé des paroles de haine, de vengeance et de fureur, annonçant que la victoire leur appartient.
Ce ne sont, en réalité, que des bruits de cymbales, répercutant la voix grinçante d’hommes et de femmes creux, vidés de tout libre-arbitre, de créatures soumises, de fantômes, de cauchemars, dont l’existence n’est nourrie que de nos plus anciennes peurs, héritées des nuits d’angoisse passées dans les grottes et les cavernes des Anciens Mondes où régnait la terrifiante obscurité.
Ce sont des gens du passé, issus d’un monde révolu, des créatures rouges, entourées et surveillées par des prédateurs bruns tapis dans la nuit et qui croient leur heure de gloire arrivée — mais qui, au fond d’eux-mêmes, savent que de toutes les croyances et demeures mensongères qui s’écroulent, les leurs seront les premières à sombrer. La phase terminale de décomposition des extrêmes est arrivée !
NON, les jeux ne sont pas faits. Et ce n’est pas parce que les créatures Brunes et Rouges se sont mélangées, au point qu’on n’arrive plus à distinguer les unes des autres, que nous allons sombrer dans la nuit obscure, ou dans le vide de la désespérance !
Ce que nous voyons de nos yeux, ce n’est pas leur triomphe, mais leur aliénation, la fin de leur imposture, la fin de leur monde de mensonges, fait de haines et de promesses factices.
Nous assistons là non pas à l’ascension des extrêmes, mais au début de leur décomposition.
L’ultime râle d’un monde fini !
Ne nous laissons pas attraper par leur vacarme, par ces ombres errantes et grimaçantes qui nous menacent. Elles sont l’expression de leur propre peur, de leur faiblesse, de la défaite de leur propre pensée. Ils se mangeront entre eux et ils le savent : chacun espère rester encore un peu le maître du festin, mais ils finiront par se dévorer les uns les autres. Ça a déjà commencé !
Ce sont eux les perdants, pas nous. Oui, la bascule est là. Mais ce qu’elle annonce est la fin des extrêmes. Tout simplement !
Cela ne se fera pas sans combat, sans souffrances, sans sacrifices. Nous n’avons pas encore gagné cette guerre ! Restons vigilants. Ne nous endormons pas ! Ne nous laissons pas corrompre par l’illusion d’une bataille gagnée sans combat !
Oui ! La fin des extrêmes est annoncée. Mais elle dépend de nous !
Sans aucun doute, ils marcheront, feront du bruit, chanteront leur victoire. Mais ne nous laissons pas illusionner ! Pendant ce temps, ne disons rien, ne nous dispersons pas : agissons ! Si nous le voulons vraiment, nous pouvons gagner cette guerre. Car déjà les lumières de la RAISON se sont mises en orbite. Osons, en silence, incarner la guérison !
« Oh ! crois, ô mon cœur : rien ne va se perdant pour toi. Tien demeure, oui, tien à jamais, ce qui fut ton attente, ce qui fut ton amour, ce qui fut ton combat.« *
Savoir, vouloir, oser, se taire.
*Gustav Mahler, Symphonie n° 2 dite « Résurrection »
Tableau : Saint Michel Archange terrassant le démon de Guido Reni,1636, église Santa Maria della Concezione dei Cappucini à Rome.