Les yeux des poissons portent des larmes*

Selon une très ancienne tradition, « quand souffle le vent solaire » le moment est arrivé de rechercher la Réalité qui est au-delà des apparences de l’être humain.

Nous sentons et ressentons tous que « quelque chose » se passe. Quelque chose sur quoi nous n’avons apparemment aucune prise… Quelque chose se passe… Rien ne va plus. Les jeux seraient-ils déjà faits ?

La terre tremble, les âmes tremblent, le temps s’accélère, pendant que nous nous accrochons à un monde à jamais révolu, à des ombres errantes.

Des milliers d’êtres sont déroutés, empruntent des chemins hostiles, se noient sur des routes maritimes au bout desquelles aucun port ne les attend. Aucune terre pour les sans-terre ? Pas de famille d’accueil pour les membres de la famille, de la seule famille à laquelle nous appartenons tous ?

Absurditas : « Qu’ils restent chez eux ! Chacun chez soi… »

Chacun chez soi dans une Terre appartenant à tous ?
De quel « soi » parlons-nous, lorsque nous servons de soi pour exclure justement soi-même ?
Ne sommes-nous tous des hommes, sur une Terre des hommes ?

Ce qui a été n’est plus, ce qui va être n’est pas encore. Une seule certitude : la mutation ou, mieux, les mutations.

D’un côte l’homme augmenté avec de plus en plus de puissance, de longévité, de droits, et de l’autre l’homme diminué, humilié, chassé, expatrié, enterré ?

Tremblements, secousses, soulèvement de la terre et des hommes. Avons-nous perdu l’équilibre de façon irréversible, ou tout cela n’annonce-t-il rien d’autre qu’un nouvel équilibre, une harmonisation des hémisphères ?

Allons nous, enfin, vers l’émergence d’une réelle humanité, ou sommes-nous en train de nous éloigner définitivement de notre humanité ?

J’aime à penser que la réponse dépend (encore) de chaque un de nous !

J’aime à penser… mais il est fort probable qu’en réalité :

Le vent nous emportera sans qu’aucune trace n’en puisse être trouvée…

En tout état de cause… bénie sois la Vie !

???
t.0

*Basho

3 réflexions sur “Les yeux des poissons portent des larmes*

  1. Rien n’est jamais perdu dans la substance de vie,
    Ni graine infime, ni regard, ni pensée de nous en un.
    Nous ne savons que quêter la beauté avant le Sachant
    Qui nous mène, amoureux du subtil, vers son coeur.

  2. C’est vrai, tout est là, devant nous, « tous les possibles possibles ».
    J’aime à penser, avec vous, que la route empruntée dépend du voyageur.
    Mais comment ne pas ressentir en effet, au plus profond, cette suspension du réel en laquelle semblent plus que jamais se tenir l’Humanité, la Terre. Incertaine est leur destinée, et en elle notre destination.
    Pourtant, comment la Vie, et la Grâce qui l’incarne, ici-même, aujourd’hui même, pourraient-elles disparaître du cœur de ceux qui la connaissent ?
    Peut-être cette croisée des chemins est-elle, en quelque territoire de l’être, une croisée des réels. Se peut-il concevoir que des routes parallèles soient conjointement empruntées, et que des réalités, y compris les réalités sensibles des hommes se disjoignent ? Qu’une Terre Céleste, lumineuse et fertile, ne soit plus en mesure de coïncider avec le Terre physique de nos pérégrinations, devenue inactive par notre propre aridité, et que la rejoignent alors ceux qui, dans la vérité de leur âme, l’habitent en réalité déjà. Où serais-je alors ? Où suis-je ?

    Devant les forces de la Nature, devant les élans de la Vie, nous savons aujourd’hui — à l’heure où souffle le vent solaire, comme vous le dites si magnifiquement, chère femme aux semelles de vent ! — nous savons aujourd’hui à la fois que ne sommes pas tout-puissants, et que nous ne sommes pas impuissants.
    La vie n’est pas entre nos mains, nous ne sommes pas entre les siennes. Mais peut-être nous appartient-il au fond d’être tout simplement la Vie !
    Alors sans doute, et à cette condition seulement, la réponse dépend-elle encore de chacun de nous.

    Juste un dernier mot… Nous y sommes certes habitués ici, précieuse hôte aux semelles aériennes, mais l’illustration de votre billet est une pure perfection. C’est à elle seule un véritable haïku. Incommentable, donc, au cœur même du réel et de la question qu’est pour elle-même, à jamais, la réalité.
    Comme un poème de Basho… 😉

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