Ah, cette fameuse affaire des préservatifs contre le sida…
Pourquoi en parler ? Parce que :
J’aime à penser que l’humain n’est pas seulement son propre prédateur, qui guette avec délice le moment de faiblesse de sa proie pour mieux l’attaquer et l’écarteler sur la place publique, sous les vivats de la meute en délire, mais qu’il est aussi ce roseau pensant, frémissant, sensible et fragile qui guette les étoiles à la recherche d’un signe qui lui dira que la Vie a un sens, et que quoi qu’il arrive notre destin commun est de vivre ensemble, de nous entraider, de coopérer. Que nous sommes tous capables, aussi, de bienveillance, d’amour et de pardon. Chez nous, en France, le sport national est la médisance : médire pour montrer son intelligence, sa culture, sa différence. Nous donnons des leçons à la planète entière, nous, les détenteurs de la raison universelle, nous les détenteurs de la vérité !
Au sujet de Benoît XVI, ce qu’il a dit importe manifestement peu. L’anticlérical primaire et intolérant qui sévit parmi nous préférera récrire son discours pour lui faire tenir des propos inadmissibles qu’il pourra alors dénoncer à loisir, en criant au scandale.
Je ne suis pas une religieuse, je suis plutôt une mystique qui n’éprouve pas le besoin d’un intermédiaire entre la créature et le Créateur ! Néanmoins, j’ai le plus profond respect pour tous ceux qui, conscients (comme moi) de leur condition éphémère de passants sur cette Terre, cherchent et trouvent une raison de vivre à travers la transcendance, l’Amour du prochain, la compassion, la miséricorde, la fraternité ! Le Nom qu’ils donnent à Cela, peu importe : l’important c’est cette recherche du meilleur de soi-même, pour le bien de tous, pour l’espérance !
Les omniscients infaillibles ne connaissent pas le doute ou la remise en question de leurs préjugés. Pourtant, est-il vraiment scandaleux d’évoquer l’âme, donc la transcendance, dans un contexte où les rapports humains sont désacralisés, de parler d’humanité et de respect mutuel quand le consumérisme sans frein s’étend à la consommation des corps, et d’en appeler à la compassion envers ceux qui souffrent ? Non, les problèmes graves de notre monde ne se réduisent pas à des problèmes techniques, et nous le savons tous. Les solutions ne seront donc pas uniquement techniques, elles non plus, contrairement à ce qu’affirmeront spontanément tous ceux qui ont depuis longtemps éliminé toute idée d’âme, d’esprit, de transcendance du paysage humain. L’un n’empêche pas l’autre.
Pourquoi tant de haine et d’intolérance ?
Benoît XVI, il y a quelques mois vous êtes passé en bas de chez moi, et je suis descendu pour voir… Vous m’avez regardé droit dans l’oeil, et (ô surprise !) je n’ai vu dans votre regard que de l’Humanité, que de l’Amour ! (Et une immense fatigue causée par le poids de la tâche que vous n’aviez pas désirée ?)
Je voulais aussi témoigner de cela. Ça ne changera pas la configuration mentale qui transparaît dans cette nouvelle polémique, mais je tenais quand même à le dire. C’est fait, frater !
Humainement,
La femme aux semelles de vent aka tatiana f-salomao
Mozart Piano Concerto No.20 K.466 – 2nd Mov, Martha Argerich
Verbatim des déclarations de Benoît XVI
lors de la conférence de presse dans l’avion vers l’Afrique (extrait)
Philippe Visseyrias, France 2 : Saint-Père, parmi les nombreux maux dont souffre l’Afrique, il y a en particulier la propagation du sida. La position de l’Eglise catholique sur les moyens de lutter contre le sida est souvent considérée irréaliste et inefficace. Allez-vous aborder ce thème durant votre voyage ?
Benoît XVI : Je dirais le contraire. Je pense que l’entité la plus efficace, la plus présente sur le front de la lutte contre le sida est justement l’Eglise catholique, avec ses mouvements, avec ses réalités diverses. Je pense à la communauté de Sant’Egidio qui fait tellement, de manière visible et aussi invisible, pour la lutte contre le sida, je pense aux Camilliens, à toutes les sœurs qui sont au service des malades… Je dirais que l’on ne peut vaincre ce problème du sida uniquement avec des slogans publicitaires. S’il n’y a pas l’âme, si les Africains ne s’aident pas, on ne peut résoudre ce fléau en distribuant des préservatifs : au contraire, cela risque d’augmenter le problème. On ne peut trouver la solution que dans un double engagement : le premier, une humanisation de la sexualité, c’est à dire un renouveau spirituel et humain qui implique une nouvelle façon de se comporter l’un envers l’autre, et le second, une amitié vraie, surtout envers ceux qui souffrent, la disponibilité à être avec les malades, au prix aussi de sacrifices et de renoncements personnels. Ce sont ces facteurs qui aident et qui portent des progrès visibles. Autrement dit, notre effort est double : d’une part, renouveler l’homme intérieurement, donner une force spirituelle et humaine pour un comportement juste à l’égard de son propre corps et de celui de l’autre ; d’autre part, notre capacité à souffrir avec ceux qui souffrent, à rester présent dans les situations d’épreuve. Il me semble que c’est la réponse juste, l’Eglise agit ainsi et offre par là même une contribution très grande et très importante. Nous remercions tous ceux qui le font.
Mardi 17 mars 2009
Source : salle de presse du Saint-Siège (La Croix)
En vous remerciant de rappeler et de nous rappeler à notre humanité, au meilleur de nous-mêmes, loin, bien loin des querelles de clochers et surtout en replaçant la phrase du Pape dans son contexte qui prend alors tout son sens.
Je trouve d’une grande malhonnêteté d’avoir sortie cette phrase de son contexte pour vouloir lui faire dire ce qui nous arrange.. ce qui nous divise …(je me rappelle)… Et aussi ce fatiguant relais médiatique, où nulle part, je n’ai entendu un journaliste apporter cet autre son de cloche.
On dirait un consensus anti clérical de basse …. mais chez nous, comme vous dites, « être contre » est un sport national ….
Merci Tatiana pour ces mots qui gonflent mon coeur. Aimons-nous les uns, les autres
L’Osservatore Romano rend publique une étude, menée en Ouganda, mettant en évidence l’efficacité du préservatif dans la lutte contre la maladie.
La nouvelle peut surprendre après la polémique ouverte par Benoît XVI lors de son voyage en Afrique, mais l’Église catholique admet implicitement le préservatif pour lutter contre le sida. Son combat – totalement incompris – consiste à dire que ce moyen ne suffit pas, à lui seul, pour endiguer l’épidémie. Le quotidien officiel du Saint-Siège, l’Osservatore Romano, vient de le confirmer publiquement en admettant l’efficacité prophylactique du préservatif à condition qu’il soit associé à d’autres facteurs.
En première page de l’édition du dimanche 22 mars, un article sur «Église et sida» reconnaît que le préservatif est efficace «à 97 % contre l’infection» dans les meilleures conditions d’utilisation et «à 87 %» dans des conditions communes, comme en Afrique. Et le journal de citer l’expérience de l’Ouganda où des campagnes soutenues par le gouvernement, dites «ABC», ont été lancées contre le sida : «A» comme abstinence, «B» comme fidélité (be faithful), «C» comme préservatif (condom).
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2009/03/25/01016-20090325ARTFIG00032-sida-l-eglise-ne-proscrit-pas-le-preservatif-.php
Honnêtement, j’ai été interloqué en entendant cette phrase la première fois rapportée dans les médias. Mais après avoir vu la vidéo de l’intégrale de son interview, et donc bien remise dans son contexte, elle prend un autre sens. C’est en effet symptomatique de l’époque de ne trouver des solutions à nos problèmes humains que par la technique, à l’instar de la crise économique ou du changement climatique. Sans remettre nos choix et les rapports humains au cœur du problème. Finalement, parler d' »humaniser la sexualité » semble trop « révolutionnaire » pour avoir droit de cité ? Pourquoi ne pas lui faire crédit de cela ? Parce que nous avons besoin de railler et dénigrer pour exister ? Je me rappelle aussi. Merci à vous, en ces temps très troublés, de nous rappeler l’essentiel, que seule l’union nous permettra peut-être de passer ce cap… tous ensemble.
Je voudrais aussi vous remercier Madame Tatiana pour votre témoignage fraternel.
Seigneur pardonnez-leurs car ils ne savent ce qu’ils font….. »
Le chef de l’Eglise catholique, lui sait ce qu’il fait !!
Il envoie à la mort des innocents…..
Le seul argument qui compte : aimez-vous les uns, les autres…….
Humainement,
On entend ce qu’on veut entendre
On interprète selons ses humeurs du jour
Toujours à la recherche d’un bouc-émissaire
Pour mieux dissimuler ses propres lacunes
Je me rappelle, moi aussi !
Quelle chance, quel bonheur que d’entendre Vos paroles si éclairantes, apaisantes,
Cela amortit les aboiements stridents de la meute Affamée partie à la chasse
Sur une supposition dont on n’a pas pris la peine
De vérifier le bien-fondé, parce que…
Je me rappelle !
Ma première réaction devant la position du Pape, telle que relatée et « résumée » dans les média, était qu’il était vraiment trop coincé par ses dogmes et malheureusement « à côté de la plaque ».
Ton billet donne un nouvel éclairage, beaucoup plus nuancé, et je t’en remercie.
Toutefois, là où l’église « admet implicitement », elle gagnerait à clarifier et à annoncer plus clairement l’approche « ABC » sans oublier le « C », pour calmer les esprits: pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple?
Merci Tatiana pour ce commentaire qui ramène l’homme au meilleur de lui même!
Savent ils ceux qui ne prennent que des bouts de phrase pour « épingler » l’Eglise et le pape qu’ils blessent et trompent les hommes?
Est ce le rôle des médias de ne révéler que partiellement les propos?
L’Amour prend tous les risques, l’amour est patient!
Merci Saint Père d’aimer votre peuple et de prendre les risques de rappeler que l’amour est respect!
Pour aimer il faut connaître, respecter, compatir!
Ouvrons nos coeurs et aimons aussi ceux qui nous font mal.
Ci-dessous, le lien vers l’article publié aujourd’hui par Valeurs Actuelles Voilà un vrai travail de journaliste ! http://www.valeursactuelles.com/public/valeurs-actuelles/html/fr/articles.php?article_id=4376 Benoît XVI et le sida Polémiques.Retour sur les déclarations du Pape Laurent Dandrieu, le 26-03-2009 Une simple petite phrase de Benoît XVI, dans l’avion qui le conduisait en Afrique, a suffi à déclencher un tollé général. Le point sur ce que le pape a vraiment dit, perçu bien autrement en Afrique que dans les opinions occidentales…… la suite à lire dans Valeurs Actuelles.
Merci beaucoup pour votre rectificatif car ayant vu
l’interview du Pape dans l’avion, j’étais très surpris
des réactions dans notre pays.
C’est un Pape que je découvre depuis peu, surtout à travers ses écrits. Et je trouve qu’il manifeste beaucoup d’humanité et aussi qu’il met en avant l’humain en l’homme.
Je suis content de votre mise au point car je crois que si j’étais à sa place, je me sentirais vraiment blessé par cette injustice.
Félix
Oui, je serais assez dans cette attitude. Devant une telle levée de boucliers, aussi unanime (on dirait que c’est orchestré ou alors les gens sont vraiment très très « Panurgiques ») je commence à me poser des questions.