Un nouveau dire, lié à un nouvel être.
Et penser que nous appelons “réalité objective » notre perception altérée et limitée des sens !
Dualitude
Dans une quasi infinie distance, l’Amie contempla l’Ami et dit : “Je ne sais rien de vous, et encore moins de votre vision du monde. Vous devez vivre dans un monde si différent…??? Et l’Ami lui repondit : “ Non. Nous vivons exactement dans le même monde. La seule différence, c’est que vous, vous vous voyez dans le monde, tandis que moi, je vois le monde entier en moi. Voilà l’évolution, le glissement infime de perception qu’il reste à accomplir. »
Peut-être nous rendons-nous compte aujourd’hui, comme jamais l’homme ne l’a fait jusqu’ici, que non seulement notre conscience personnelle, mais aussi la structure interne de l’univers n’ont pour lieu de réalisation que le seul événement immédiat.
Le vent du désert balaie la trace des voyageurs.
Seul s’imprime le pas présent.
Le passé, le futur : du sable lissé par le vent.*
Oui ! La vraie Vie, la vraie poésie, commence à des milliers de kilomètres (à dos de vent) de cet enclos des faux-semblants, de ce brouillard cotonneux où sommeille la surface anesthésiée de l’esprit, au-delà de ce monde des ombres errantes…
Le pied qui danse, le son des clochettes
Les chants que l’on chante et les divers pas
Les formes prises par le dieu qui danse
Trouve en toi tout cela et tomberont tes chaînes**
Tu as vu la clarté des cimes, tu as vu la Lumière ductile Imacculata, et cette découverte a transformé complètement ta vision et ta vie. Tu es déconsidérée aux yeux du monde, tu es allée trop loin pour être comprise… Cela aussi est dans l’ordre des choses.
Maintenant, non plus parcellaire mais complète, tu danses dans la région dépouillée.
Salut anonyme au coeur incandescent, plongé dans le silence de ton vide.
Il n’y a plus rien à dire,
Désemcombré,
À la puissance Zéro tu vis,
Pur étant !
Simple chose que voilà,
Dans la simple chose d’être-là !
*Krishnamurti (Poèmes et Paraboles 1981)
**Danse de Shiva
Sublime !
Mais il n’y a pas de mots pour commenter une telle musique.
Même silencieux, il n’y a pas de commentaire possible. D’où se projetterait-il ? Où serait-il ancré pour capter son essence ? Même en suivant son cours aux floraisons indéfinies, qui jamais ne se résout, jamais ne s’établit, on ne saurait l’accompagner. Seule l’âme faite souffle de Vie, habitée par ce chant et l’habitant elle-même, peut devenir à son tour ce voyage ininterrompu de l’amour infini vers l’amour infini.
Cette flûte qui parle à Dieu comme l’aube à la Vie, cette incantation où l’Être parle à l’Être de l’Être, et en l’Être lui-même, n’est-elle pas l’origine absolue de toute inspiration divine ? Comme le « t.zéro » des phénomènes dont vous signez joliment ce billet et qui vous signe en retour dans sa toute infinité singulière…
Et ce chant qui, comme celui des baleines animant d’un seul souffle aux modulations éperdues tous les océans de la Terre, n’est-il pas le chant de la Créature égarée dans l’océan du vide, changeant enfin en Joie inespérée la plainte infinie de l’exil, par la grâce du don intime de son être ?
Si la créature sait chanter, c’est qu’elle sait son chant entendu, et qu’elle entend le chant de l’appel en réponse, et qu’elle répond au chant par ce chant reconnu.
C’est qu’elle sait le chant répandu dans les modulations de l’espace, portant support au monde, élevant l’univers, ce chant qui montre le chemin que la flûte en nos âmes répercute, vers le seul lieu qui est le lieu de tous les lieux.
Là-bas, où la voix de la flûte est le plus clair des messages, où la missive d’Amour qu’elle adresse à l’Ami est reçue dans la grâce et lue et comprise par le Cœur même qui l’a inspirée, là-bas dont on ne peut parler mais vers quoi tout concourt, et dont jamais ce blog ne se détourne, il me semble que c’est aussi le lieu indicible que soupçonne Rimbaud dans ces vers suspendus :
Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t’exiles,
Million d’oiseaux d’or, ô future vigueur ?
Cette vigueur de la vraie Vie, merci de nous en montrer le chemin de vos millions d’ailes ductiles, chère femme aux semelles de vent !
Portée … transportée…
Portée par les mots, portée de vos mots vivants qui vivifient
Portée du chant de la flûte, qui égraine des notes comme des petits cailloux qui montrent le chemin
Merci de Vous
« Écoute le Ney (la flûte de roseau) raconter une histoire, il se lamente de la séparation :
« Depuis qu’on m’a coupé de la jonchaie, ma plainte fait gémir l’homme et la femme.
« Je veux un coeur déchiré par la séparation pour y verser la douleur du désir.
« Quiconque demeure loin de sa source aspire à l’instant où il lui sera à nouveau uni.
« Moi, je me suis plaint en toute compagnie, je me suis associé à ceux qui se réjouissent comme à ceux qui pleurent.
« Chacun m’a compris selon ses propres sentiments, mais nul n’a cherché à connaître mes secrets.
« Mon secret pourtant n’est pas loin de ma plainte, mais l’oreille et l’oeil ne savent pas le percevoir
« Le corps n’est pas voilé à l’âme, ni l’âme au corps ; cependant nul ne peut voir l’âme.
« C’est du feu, non du vent, le son de la flûte : que s’anéantisse celui à qui manque cette flamme !
« C’est le feu de l’Amour qui est dans le roseau… »
Djalâl-od-Din-Rûmi
« Mais moi, niant ce que je vois,
je dirai de mes illuminations
celles qui me viennent.
Je me prends à composer une chose
dressée dans l’illusion,
dans le nom, unique,
dans le sens, plurielle.
en la cherchant,
je cherche le lieu nulle part.
Comme si je poursuivais
la beauté d’une chose
indiscernable et devant moi »
Abû Nuwâs
En Vérité et en Réalité
Cette parole là me fait quelque chose
@bernard Alléluia ! Hosanna ! AMEN !
J’effleure la musique du Silence…
M’évidant
Je m’approche
en corps
au-delà de l’espace et du temps
donne moi de demeurer
présent
là où Tu es
Je (Te) suis
Passant et écoutant…
786 encore gardienne de la porte d’or.
En salut profond vers vous Mevlevi,
Discrets et abandonnés du sama.
Voir est aussi entendre l’Autre comme une communion christique: l’Autre sait mieux ce que nous sommes et chaque présence de l’humain en l’autre est mieux disante que notre imaginaire vis à vis de nous.
Je passais… Là-bas, si haut pourtant, le salam, shalom, la paix vous saisira.
Le mieux est de la quêter dans l’actuel, même si c’est le plus difficile car vous ne savez pas qui vous êtes avant de vous abandonner…
C’est tellement beau tout ce que je lis ici…
je dis avec mes mots…
j’ai le sentiment qu’en cherchant à devenir plus humaine, ici et maintenant, j’apprends à accueillir en moi ce que je nomme « autre », puis « frère », « le même »… est-ce ainsi que j’apprend à « voir le monde entier en moi » ?
Au point de départ de ce chemin-là, je perçois l’autre, le monde, comme séparé de moi, c’est pourquoi je me vois « dans le monde » au lieu de ressentir que je suis, que nous sommes des fragments de ce monde qui s’ignorent et appelés à s’unir de nouveau.
et ce qui m’aide vers ce but, c’est de ressentir comment nous sommes tout enveloppés dans la beauté, la bonté de l’Amie qui veille en elle-même et qui sans cesse nous appelle de l’autre côté du miroir…
Le chant de cette flûte me bouleverse. C’est l’Amie, si près si loin, c’est nous exilés de nous-mêmes.
Silence. Espace. Retour
Merci Nathalie pour tes mots.
Oui en Soi au-delà
c’est Tout
Un
Monde