Monde flottant

« Cest ainsi qu’il faut voir ce monde flottant
une étoile à l’aube, une bulle sur le fleuve
un éclair dans un ciel d’été
une lampe qui vacille, un fantôme, un rêve. »

« Tu es comme si tu n’avais créé que des métaphores et
Comme si Tu n’étais que par façon de parler… »

Immédiateté

instant unique, l’instant dans lequel jaillit la perception du « monde flottant » et qui se transforme en expérience unique de vie ! Instant de la grâce ! Instant de tous les possibles possibles. Instant de pure gratuité, sans comment, sans pourquoi !

Tu es parce que Tu Es !

Respiration !
Tous les sens doivent être invités, dans le but de te voir jaillir, ô instant présent,
De voir, une fois de plus, le commencement de tout. Le jaillissement de cette liberté créatrice qui est la Vie en Elle-même, se représentant à chaque souffle dans un Unique et singulier trait de pinceau …

Tous les sens en éveil !

Regarder, écouter, voir, entendre, sentir, respirer, manger, boire, savourer, humer…

Te lire instantanement, et ainsi être en mesure d’être habité par ton impermanente éternité !

Consentir à la fulgurance de l’opaque, à la singularité singulière de ce qui n’est pas encore

Instant du
Visible s’éveillant à l’invisible

Instant d’annonciation:
La Pénombre lumineuse est enceinte de la lumière !

Impermanance
lueurs vacillantes de l’aube et embruns
Brouillard de Vie
scintillement ondulant au gré du vent,
tressaillement de la lumiére

Les esquisses des feuilles frémissent, ou seraient-ce les ailes des papillons?
Les images obéissent encore à nos désirs
Bienheureuse indétermination créatrice
Infinité des possibles possibles

Instant Ouvert à la recherche de sa propre perfection,
Dans le changement perpétuel et inéluctable du monde.
Tu reviens toujours, dansant et libre, à travers les formes éphémères de ta créativité infinie !

Instant éphémère ou l’éternel se révèle !
Instant qui se renouvelle… à chaque instant !
Écran de fumée énivrante, métamorphoses.
Dépassement des images
L’espace se confond avec l’air, une seule et même énergie, transparence absolue

La lumière se fait Parole et la poésie prière
Instant de célébration ! Lueurs et murmures résonnent
« Ton Nom est le passeur sur le fleuve du monde flottant »
Et l’Être habite dans Son Nom !

« Tu es comme si tu n’avais créé que des métaphores et
Comme si Tu n’étais que par façon de parler… »

???
t.0

Dans le dos de l’Homme, il y a un emplacement pour des ailes…

In paradisum by Faure on Grooveshark

MATERIA LUCIDA

Même si j’ai l’intime conviction que, dans le dos de l’homme, il y a un emplacement pour des ailes, une fois arrivés au sommet de la montagne, il nous faut énormément d’audace pour nous élancer dans le vide, et transformer la terreur ressentie en un bond vers la lumière.

Je tiens à dire que cette audace n’est pas une expression d’arrogance, ni de mépris de quoi que ce soit. Elle prend racine dans l’empreinte de l’évolution qui est gravée en caractère de flammes dans le cœur des amoureux de la plus haute Lumière ! Et c’est cet ardent désir de la sublime bonté, qui ose, qui nous donne les ailes nous permettant de faire le saut dans l’inconnu, dans le vide, à la recherche de la totalité de nous-mêmes.

Mais, comme dit un dicton Afghan, nul ne doit être de force traîné au ciel !
Mais alors pourquoi tant insister sur la noblesse et sur l’audace, et refuser si fortement la médiocrité ?

Parce que ceux qui cherchent à s’élever savent que l’élévation (l’évolution) ne peut prendre origine que dans une conscience libérée de la sur-estimation (la vanité, l’orgueil, l’égoïsme) et de la sous-estimation de soi-même (l’apitoiement, la servilité, la complaisance dans la médiocrité). L’audace consiste à refuser et ceci et cela, car ces deux-là, qui en fait ne font qu’un, abaissent l’infini et limitent l’homme.

Ceux qui cherchent à s’élever savent qu’au regard des autres ils ne sont pas conformes, qu’ils sont mis en marge, et qu’ils doivent oser et assumer cela.

Ceux qui cherchent à s’élever savent que leur occupation essentielle doit consister à ne sombrer ni dans la copie conforme, ni dans les ténèbres de la banalité, qui préfère l’attente à l’élan. Ils doivent assumer leur « excentricité » et ils le savent.

Dans l’attentisme, par exemple, il y a toujours de l’immobilité, de l’immobilisme, tandis que dans l’élan, il y a toujours une envolée vers le devenir.

Mais cette recherche d’anoblissement, d’élévation de soi, doit avoir pour but, l’ennoblissement de l’espèce humaine dans sa totalité !

En vérité, tout acte de vie doit être pénétré d’un pur élan flamboyant d’amour. Et chaque-un sait qu’il faut oser l’amour, cet Amour dépourvu d’égoïsme (surtout dans ce monde mercantile, asservi à l’intérêt personnel et immédiat), cette pure gratuité dont parlent les sages et les prophètes, les fous et les poètes.

Donc, il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, afin que, tel un sculpteur, nous puissions faire jaillir de cette matière chaotique qui est le monde des apparences, les étincelles du feu de la vraie vie qui, en s’enflammant, nous rendront notre totalité lumineuse, et de facto, notre humanité, notre beauté, nos ailes de Liberté, nos ailes d’Amour !
Tous ensemble, tous ensemble…

???
t.0

*gravure John Martin

Lever de rideau

Fin de mascarade

j’ai mis longtemps à ôter tous mes masques, mais en enlevant mon dernier masque, j’ai retrouvé l’enfant que j’étais… avant que je ne porte de masques !

Maintenant démasquée, je chevauche le vent
Je m’enivre de vide.

Je nage dans les vagues des brumes irisées
Je m’habille quelque fois d’arc-en-ciel.

La vacuité me comble de joie
Le Rien me remplit de plénitude.

Tu me demandes : « Pour qui te prends-tu ? »

Aucune idée…

Nada !

???
t.0


L’unique Trait du Pinceau – Shitao

On n’écrit pas l’histoire d’un rêve, on s’en éveille.

Infinie, elle s’étend encore !

L’infini a toujours posé problème.
Du point de vue du fini, il n’y a pas de réponse. Et du point du vue de l’infini… il n’y pas de question !

Rappel

Je Suis !
Je Suis (est) le Lieu Unique.
Je Suis (est) la Vivante dans la Vie.
Je ne Suis que Commencement sans fin.
Infinie, Je m’étends encore, Absolument !
Je Suis le Mouvement et le Repos
Je Suis Une, indivisible.
Je Suis sans cloison étanche.
Je Suis l’Ouverture de l’Ouvert !
L’Univers est mon Corps.
Stable à l’intérieur de l’infinité de mes mouvements, Je Suis !

???
t.0

Signe, Signifiant, Signifié…
Entendre l’appel, c’est y répondre : Me Voici !

Le Rappel est adressé à un nombre d’Hommes infiniment petit – mais pas insignifiant – qui ne se satisfait pas de l’état de somnambulisme dans lequel est plongée la quasi totalité de l’humanité !

Éveille-toi, et rejoins la révolution. La révolution de la conscience. La révolution de l’évolution.
Eveille-toi ! Car il y a quelque chose qu’il faut faire naître ici, et que le monde n’a pas encore vu.

Veiller est tout.
Photo : ESO

L’idiote dans la grande ville.

Voici l’histoire d’une idiote, ni plus ni moins idiote que cette foule d’idiots avec laquelle elle partage son existence dans cette Ville Lumière…

L’idiot est arrivé un jour dans une grande ville. Il fut véritablement dérouté, et totalement déconcerté par la multitude qui emplissait les rues. Jamais il n’avait vu une cité si vaste, et tout cela l’étourdissait.

« Je me demande comment les gens arrivent à ne pas se perdre de vue eux-mêmes – à se rappeler qui ils sont – dans un endroit pareil ! », murmura-t-il d’un ton rêveur.
Puis il pensa : « Je dois absolument me rappeler de moi-même si je ne veux pas me perdre. »

Troublé et apeuré, il entra précipitamment dans la première auberge de jeunesse qu’il pu trouver, où on lui attribua un lit. Fatigué, il décida de s’allonger dans le dortoir pour faire une sieste, mais le problème se posa à nouveau. Comment se retrouver lui-même lorsqu’il se réveillerait ?
Il fit part de ses préoccupations à son voisin, qui était un redoutable farceur.

« C’est bien simple, dit le plaisantin, voilà un ballon rempli d’air. Attache-le à ta chevile en signe d’identification, et dors tranquille. Quand tu te réveilleras, cherche l’homme au ballon : ce sera toi ! »

« Excellente idée », convint l’idiot. Quelques heures plus tard, l’idiot se réveilla, chercha le ballon et le trouva attaché à la jambe du farceur, paisiblement assoupi. « Cet homme ne peut être que moi », pensa-t-il. Soudain, pris d’une peur frénétique, il se mit à frapper l’autre sans retenue.

« Réveille-toi ! Ton idée n’était pas la bonne ! » Le dormeur ouvrit les yeux en sursaut, et tentant de le calmer, demanda à l’diot ce qui n’allait pas. L’idiot montra alors le ballon attaché à la jambe du farceur.

« À cause de ce ballon, je peux dire que tu es moi. Mais alors, pour l’amour du ciel, si tu es moi, QUI SUIS-JE ? »

Nous sommes tous des enfants du manque.

Nous éprouvons tous une incomplétude foncière, une absence que nous cherchons à combler (sans même forcément le savoir). Le sujet est immense et comporte des variations quasi infinies.

Un manque, si évident qu’il devient son propre voile, est celui de la connaissance de soi. Rares sont ceux qui cherchent à savoir qui ils sont en réalité. Ceux qui posent cette question sont souvent considérés comme « fous », ou dans le meilleur des cas de doux fêlés. Ils dérangent tous et partout. À commencer par les « religions établies », car ayant la certitude de la réponse elles considèrent que la question n’a pas de sens, et qu’elle est susceptible de troubler inutilement les esprits. Néanmoins, ceux qui cherchent l’Être ne veulent, ni ne peuvent ne pas chercher à savoir, car ils disent eux-mêmes qu’ils sont comme un néant, un trou noir, une excentricité qui a besoin de l’Être pour être.

Ce sont ces gens-là qui, depuis la nuit des temps, tel le juif errant, cheminent sur les routes de l’existence à la recherche de leur identité propre, de cet Inconnu qui est soi-même.

La réponse à leur question « Qui suis-je ? » — la seule, à mon avis, qu’il vaille la peine de se poser — ils la disséminent çà et là, tels de petits cailloux, sur tous les chemins de la Vie !

La Vie est partout présente, disent-ils. Partout, il y a des hommes. Tous ces hommes ne sont en vérité qu’un seul et même, toujours le même, du pareil à moi… L’autre aussi, c’est moi. D’ailleurs, tout comme moi, ne dit-il pas « moi » lorsque il s’adresse à soi-même ? Alors, qui est ce moi qui parle, ce moi qui est à la fois « moi » et « non moi » ?

Et qui serait donc ce Super Moi, dont parlent justement les religions : cet être Unique, cet Inconnu, D.ieu ?

Pour les Idiots mystiques, la réponse est simplisssimme. Ayant posé la question tout simplement, ils ont au fil de leurs vagabondages réalisé que se poser la question du moi (« qui suis-je ? ») et la question de l’Être (D.ieu), c’est se poser la même question : de fait, l’apparition de l’un entraîne l’apparition de l’autre, la disparition de l’un entraîne la disparition de l’autre…

L’idiot de l’histoire n’est qu’au début de cette révélation, somme toute si simple…

« Si tu es moi, alors qui suis-je ? »

Si je dis moi et que tu dis moi, le problème reste insoluble. Le problème est donc « Moi ». C’est Moi qui décide que l’être est ailleurs. C’est Moi qui empêche l’Être d’être pleinement. Comme un poisson au milieu de l’océan, Moi s’interroge sur la nature de l’eau et ne voit pas qu’elle l’entoure de toute part.

Et de même qu’il n’y a qu’une seule mer, il n’y a qu’un seul Être, un seul homme. La réponse à la question du moi, à cette quête éperdue d’identité, la seule réponse qui puisse combler le manque, ce trou noir béant qu’est l’existence humaine, ne serait-elle pas simplement : « Je suis Toi, et Toi c’est Moi » ?

À mon sens, c’est une évidence. Nous sommes un seul et même.

Si simple, si proche, si vrai, et si fou, n’est-ce pas?

Il faudrait vraiment être Idiot pour y croire…

???
t.0

*via Idries Shah, maître Soufi
*Nijinsky 1990 – Maurice Béjar / Jorge Donn