Pour Natacha, Sacha et Etienne
Nous, qui ne nous approchons de nous-mêmes et des autres qu’à travers les images que nous fabriquons sans cesse dans notre tête encombrée, sans être jamais directement en contact ;
Nous, toujours masqués derrière l’image que nous avons de nous-mêmes et de l’autre ;
Nous, toujours armés pour défendre notre image idéale, en nous refusant à nous-mêmes d’apparaître tel que nous sommes, et en refusant à l’autre d’apparaître tel qu’il est ;
Nous, toujours en contact indirect avec la réalité, à tel point que nous finissons par nous effrayer nous-mêmes…
Avons-nous déjà fait l’expérience d’être là, simplement là, présents au Présent, sans la pesanteur des mémoires accumulées, sans chercher à posséder ou à dominer, sans porter des masques, sans préjuger, jauger, juger, supposer, à propos de tout et de rien ?
Avons-nous déjà fait l’expérience d’être simplement là, en rapport direct avec ce qui est là, non pas en pensée mais en présence, sans comment ni pourquoi ?
Si la réponse est non, il nous faut d’urgence répondre à l’invitation sans cesse renouvelée des sages, des fous et des poètes à prendre le grand rendez-vous avec soi-même, oser franchir cette « porte étroite » qui s’ouvre et se referme constamment (et qui n’est autre que l’instant présent) pour nous délivrer de notre exil, de notre aliénation.
Redevenir « comme des enfants », spontanés et neufs.
S’ouvrir à l’émerveillement, s’abandonner, se laisser éblouir par la lumière, tourner et retourner sur nous-mêmes, et face contre face, face à face, comprendre que l’infini est dans le fini, le dehors dans le dedans, l’éternel dans le moment présent, la multiplicité dans l’Unité, et vice-versa !
Invisible à « moi-même » puisqu’il ne reste qu’UN, le mortel fini que nous étions, loin de disparaître, devient un pur espace, UN INFINI !
Et comme celui qui revient à la source – devient La Source, reconnaître dans la plénitude du vide la plénitude de notre essence profonde qui se confond avec l’essence de toute chose… notre chez Soi !
t.
La Vie bénie soit-Elle!
L’Univers est mon Corps !
Ô Vie immense et sans borne !
Immortelle et radieuse splendeur..
Tu es désormais mon unique CORPS !
Tu es mon unique demeure !
Je suis la Flamme secrète,
anonyme..
qui brille au coeur des ténèbres
extérieures..
En une lumière véritablement divine
Je suis à jamais transfiguré..
Et je transfigure toute choses..
En termes de l’Éclair Éternel que je suis !
Au cœur de la pierre froide
Je suis le Feu Divin
D’un Amour inconnu !
Au delà du visage glacial
des êtres où la Mort a fait son oeuvre..
Je suis la Flamme de Vie Divine
Qui brille sans fin
Bien au delà de tout ce qui naît et qui meurt !
Au coeur de la branche morte
Qui porta tant de sève, de fleurs…
et de fruits..
Je demeure la Lumière Suprême
d’un éternel Printemps !
Au delà du Royaume des Ombres
du Grand Jeu Cosmique..
Ju suis l’Unique Acteur
Au corps de Feu et de Lumière !
Au coeur des êtres qui naissent…
et qui meurent,
Je suis la Flamme de Vie,
et de la mort.
Je suis le Feu (Non-né)
d’un ultime Amour..
Qui ne laisse ni cendres ni fumées !
Au cœur du vacarme et des agitations
extérieures..
Je suis le Grand Silence des profondeurs !
l’Univers est mon CORPS !
Mon seul corps !
corps du Grand Silence !
Grand Silence omniprésent !
Grand Silence Omnipénétrant !
L’Univers est mon corps !
Mon seul corps !
corps de Lumière Divine!
L’Univers est mon corps !
Mon seul corps !
corps de béatitude infinie…
et d’Amour !
Extrait de : La divine féérie, R. Nirmayananda, le courrier du livre, 1980.