18 juillet 1915 / 5 avril 2006
Il est mort le clown, il s’est envolé au moment même où l’aube pointait ses doigts de rose. D’ailleurs, un clown ne meurt pas, il est justement cueilli comme une fleur, car un clown, comme chacun sait, a pour mission l’enchantement cosmique de tous, étoiles comprises !
Inutile de préciser que ce clown n’est pas un simple clown comme il en existe par milliers… « Petit Chauve » était le clown le plus fulgurant, sidérant, extraordinaire de toute la galaxie clownesque, car il était « mon clown à moi », le clown de mon enfance ! Il a vécu 90 ans d’innocence et d’allégresse, dit-on, et je le crois volontiers, d’autant plus qu’il était (qu’il est) — et ce n’est pas moi que le dit — réellement heureux et gai, naturellement heureux et gai ! D’ailleurs pour pouvoir sans répit, jusqu’à avant-hier, faire jaillir à la fois des gerbes d’étincelles des yeux des petits et des moins petits et des carillons de rires et de folles fontaines de pure allégresse, il faut non seulement être « comme un enfant » mais… être D.ieu lui-même … Bon d’accord, disons qu’il faut être comme un Dieu. Et c’est justement cela qu’il était pour celle que j’étais et même pour celle que je suis devenue !
Il aurait aimé être enterré habillée en clown, mais bon, la bêtise des hommes n’a ni limites ni frontière…