La Mort du Clown

HOMMAGE À CAREQUINHA !


18 juillet 1915 / 5 avril 2006

Il est mort le clown, il s’est envolé au moment même où l’aube pointait ses doigts de rose. D’ailleurs, un clown ne meurt pas, il est justement cueilli comme une fleur, car un clown, comme chacun sait, a pour mission l’enchantement cosmique de tous, étoiles comprises !

Inutile de préciser que ce clown n’est pas un simple clown comme il en existe par milliers… « Petit Chauve » était le clown le plus fulgurant, sidérant, extraordinaire de toute la galaxie clownesque, car il était « mon clown à moi », le clown de mon enfance ! Il a vécu 90 ans d’innocence et d’allégresse, dit-on, et je le crois volontiers, d’autant plus qu’il était (qu’il est) — et ce n’est pas moi que le dit — réellement heureux et gai, naturellement heureux et gai ! D’ailleurs pour pouvoir sans répit, jusqu’à avant-hier, faire jaillir à la fois des gerbes d’étincelles des yeux des petits et des moins petits et des carillons de rires et de folles fontaines de pure allégresse, il faut non seulement être « comme un enfant » mais… être D.ieu lui-même … Bon d’accord, disons qu’il faut être comme un Dieu. Et c’est justement cela qu’il était pour celle que j’étais et même pour celle que je suis devenue !

Il aurait aimé être enterré habillée en clown, mais bon, la bêtise des hommes n’a ni limites ni frontière…

http://pt.wikipedia.org/wiki/Carequinha

Célébrer Sayd Bahodine Majrouh, c’est célébrer la Liberté de Rire Avec Dieu !

Ce moi fasciné, incomplet, entravé dans ses chaînes, étranger à sa source, ignorant de sa fin, abstrait, isolé, dérisoire, n’hésite pas à se prendre pour la réalité suprême. Il chasse Dieu hors de soi, et s’installe en tyran.
Majrouh


I
l est conseillé, lors de la plus longue nuit, d’allumer une chandelle dans l’obscurité. Or nous sombrons dans l’obscurantisme. Voila pourquoi il est aujourd’hui essentiel de célébrer Sayd Bahodine Majrouh, car à travers lui nous célébrons la Liberté de Rire Avec Dieu !

Sayd Bahodine Majrouh, considéré comme le plus grand poète afghan, a été assassiné à Peshawar le 11 fevrier 1988, par les talibans (les mêmes qui ont assassiné Massoud ! ), à la veille de son soixantième anniversaire. Ancien doyen de la Faculté de Kaboul, Sayd Bahodine Majrouh était un conteur inspiré, l’une des voix les plus rebelles d’Afghanistan. Il était un soufi d’islam. Il est l’auteur, entre autres, d’une immense épopée intitulée
« Ego-Monstre », chant épique, conte poétique décliné en mille paraboles.
C’est une œuvre visionnaire, faite d’émerveillement et de
révolte, de chant et de critique sociale.

Sayd Bahodine Majrouh,
salué pour sa tolérance et son esprit visionnaire, n’a cessé d’alerter
contre les hystéries de l’Histoire : dogmatismes, fanatismes, intégrismes en tous genres ne pouvaient être pour lui porteurs ni d’espoir, ni de vérité. Cela n’a pas empêché — au contraire ? — des fanatiques musulmans intégristes de l’assassiner d’une anonyme et lâche rafale de mitraillette. Son exigence de Liberté et d’universalisme lui a coûté la Vie !

Sans rien renier de ses héritages d’Orient et d’Occident, il était nourri aussi bien de Rumi et de Khayyam que de Montaigne et de Diderot.

« Les forces de bêtise et de haine qui ont tué Majrouh n’ont cessé depuis de prospérer en Afghanistan et ailleurs. Ces forces dont il avait, revendiquant d’emblée le rôle désespéré de l’éveilleur qui chemine au plus noir de la nuit, annoncé la venue puis l’essor. »

Il est mort parce qu’il avait refusé de se plier aux dogmes des talibans et de tous les adeptes de tyrannies qui décrètent la mort de tous ceux que ne pensent pas comme eux, musulmans ou non-musulmans.

Sayd Bahodine Majrouh
Az khud-i-ma hasten!
(Tu es l’un des nôtres)