Je vous souhaite, pour la Nouvelle Année 2009, toute la Bonté du Monde !

Pourquoi la Bonté ?
Parce que en Elle est toute la Beauté du Monde, sa raison d’être !

Dans toutes les traditions, la Beauté est liée à la Sagesse, à la modération (la mesure), au Beau, au Bien. Dans la langue grecque, il y a d’ailleurs identité entre le beau et le bien (kalonkagathon). Platon le démontre avec talent, dans le Banquet notamment. Dans la Kabbale, Tiphereth est au coeur même de l’Arbre, entre la Rigueur, la Mesure et la Miséricorde. Elle est à la fois à l’extérieur et à l’intérieur de l’homme, elle est sérénité,tendresse, Amour, Sagesse, Paix !
Ibn El Arabi, maitre Soufi, nous invite à méditer sur Elle, qui est en elle-même la Vérité et la Réalité du Monde ! Intemporelle, suprasensible, gratuite, la Beauté « s’impose » à nous et révèle notre présence au monde, pourvu qu’on se laisse faire… qu’on la laisse faire !

Écoute, ô bien-aimé !
Je suis la réalité du monde,
le centre et la circonférence,
J’en suis les parties et le tout.
Je suis la volonté établie entre le ciel et la terre,
Je n’ai créé en toi la perception
que pour être l’objet de Ma perception.
Si donc tu Me perçois, tu te perçois toi-même,
mais tu ne saurais Me percevoir à travers toi.
C’est par Mon oeil que tu Me vois et que tu te vois,
ce n’est pas par ton oeil que tu peux Me concevoir.

Bien aimé,
tant de fois t’ai-Je appelé,
et tu ne M’as pas entendu !
Tant de fois Me suis-Je à toi montré,
et tu ne M’as pas vu !
Tant de fois Me suis-Je fait douces effluves,
et tu n’as pas senti,
nourriture savoureuse
et tu n’as pas goûté.
Pourquoi ne peux-tu M’atteindre
à travers les objets que tu palpes ?
Ou Me respirer à travers les senteurs ?
Pourquoi ne Me vois-tu pas ?
Pourquoi ne M’entends-tu pas ?
Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?

Pour toi Mes délices surpassent
tous les autres délices,
et le plaisir que Je te procure
dépasse tous les autres plaisirs.
Pour toi Je suis préférable
à tous les autres biens.

Je suis
la Beauté
Je suis
la Grâce
*

Platon nous rapelle que le beau sensible éveille le souvenir de la beauté essentielle, qu’il nous fut donné de contempler lorsque nous faisions encore partie du cortège des âmes ailées emportées dans le cycle de l’âme universelle, comme le suggère plus tard le mythe du Philèbe.

Mohamed nous affirme que D.ieu est Beau et qu’IL aime la Beauté.

D’anciennes traditions nous apprennent que la beauté est antérieure à l’homme, qu’elle a précédé son apparition dans le monde, qu’elle se révèle à nous tantôt sur le visage de la Sagesse, tantôt sur celui des « divines proportions » afin de nous aider à nous ressouvenir de l’Essence même de tout ce qui Est, c’est-à-dire de la Bonté qui est le Visage même de la Vérité, de la Réalité du Monde. De ce Monde qui n’était nullement obligé d’être Beau, et qui pourtant est Beau !

Et si (et j’en suis convaincue !) l’homme n’avait été mis au monde que pour contempler la Beauté, la Bonté, la Grâce ? La Gratitude même de toute création ? Sinon d’ou viendrait cette nostalgie de la Beauté, cette nostalgie de la lumière, cette recherche du Beau et du Bien, cette recherche de la vérité qui habite le coeur des amoureux, cette certitude de sa Réalité, sinon dans le souvenir essentiel de notre propre lumière, de notre propre Beauté, de notre essence même ?

Que percevons-nous dans la perception de l’instant présent (que l’homme nomme l’éveil), sinon l’éclair étincelant de la Bonté/Beauté qui nous saisit et nous révèle l’unicité de tout ce qui est, dans l’instant même qui devient ce qu’il n’a jamais cessé d’être : un Instant Éternel de Pure Grâce, absolument gratuit (sans pourquoi) !

La Beauté de la Vie se révélant à Soi-même, se donnant à Soi-même, avec l’Infinie Bienveillance qui est son Essence, sa raison d’être !

Écoute, ô bien-aimé !

Oui, nous pouvons nous changer nous-mêmes et changer le monde, car nous avons en nous-même la potentialité de la Bonté. J’ai confiance en la Bonté Infinie, et aussi radical que le mal puisse paraître, il ne sera jamais aussi profond que la Bonté qui, in fine, sauvera le monde !

Bonne et Belle Année 2009/5770 😉

Humainement,
t.


Anne-Sophie Mutter – Hebert von Karajan – Vivaldi – Spring mov2: Largo

* Vers l’Union – Ibn El Arabi
Traduction: Eva de Vitray-Meyerovitch

De la complaisance Dieudonnéenne envers l’abjection humaine

De la complaisance Dieudonnéenne envers l’abjection humaine

J’ai beaucoup réfléchi avant de poster ce message, car ce blog est un blog de vie, d’espérance et de foi en l’humanité, fait pour chanter la Vie et célébrer l’être humain, et non pour se condamner ou jeter des pierres. Mais comme nous le savons tous, hélas, nous sommes capables du meilleur comme du pire, et il est parfois nécessaire de dénoncer le pire, ne serait-ce que pour ne pas le reproduire ou y participer.

Je suis infiniment triste d’évoquer ce sujet, surtout en cette période de célébration de la lumière universelle, mais encore une fois, la réalité a dépassé ce qui pouvait être imaginé.

Comme le dit justement Pierre Assouline,  » leurs détracteurs n’auraient pas même osé en rêver : ils l’ont fait. »
Cela s’est passé chez nous, en France, plus précisément le vendredi 26 décembre, au Zénith de Paris, pendant le spectacle « J’ai fait le con » de Monsieur Dieudonné M’bala M’bala.
Un régisseur travesti en déporté, pyjama à étoile jaune présenté par Dieudonné comme « son habit de lumière », a remis à l’universitaire lyonnais Robert Faurisson, pionnier en France du négationnisme, un « Prix de l’infréquentabilité et de l’insolence ». Sous un tonnerre d’applaudissements, produit par les quelque 5.000 spectateurs présents…

Que pouvons-nous dire, écrire, penser ou faire pour empêcher la bête immonde de s’exprimer et de sévir ?

Comment faire en sorte que l’homme ne reproduise plus ce que le nazisme a organisé (je dis bien organisé, comme Dieudonné a organisé sa célébration négationniste) : une extermination méthodique et industrialisée, avec chambres à gaz et fours crématoires ?
Comment un tel système de mort, rationalisé et optimisé, a-t-il pu exister ? Et comment une telle abomination peut-elle être niée aujourd’hui en France ? Et comment cette négation même peut-elle être applaudie, sous couvert de la liberté d’expression ou, pire encore, avec l’aura de la transgression, de l’impertinence et de l’exploration artistiques ?

Il n’y a pas grand chose à ajouter. Mais dénoncer cette abjection, certainement !
Et comme dirait Primo Levi, « si ce n’est ainsi qu’il faut faire, quoi faire ? Et si ce n’est pas maintenant, quand alors ? »

Humainement,
t.

DEVOIR DE MÉMOIRE

En 1976, Primo Levi a rédigé un appendice à « Si c’est un homme », où il écrit :

« j’ai délibérément recouru au langage sobre et posé du témoin plutôt qu’au pathétique de la victime ou à la véhémence du vengeur : je pensais que mes paroles seraient d’autant plus crédibles qu’elles apparaîtraient plus objectives et dépassionnées ; c’est dans ces conditions seulement qu’un témoin appelé à déposer en justice remplit sa mission, qui est de préparer le terrain aux juges. Et les juges, c’est vous. »

[…]

Primo Levi se retrouve dans la file des déportés valides. Ceux-ci vont à la douche pour la « désinfection » puis se font tondre les cheveux et remettre un uniforme rayé et enfin tatouer un matricule. Levi a le numéro 174517. Tout cela rentre dans le cadre d’une entreprise de « démolition d’un homme ».

« Cet alignement de chiffres remplace désormais son nom, sa profession, sa personnalité, ses qualités et capacités. Primo Lévi est mort, remplacé par le Häftling 174517. Le numéro semble donner un certain nombre d’informations sur la place du prisonnier dans cette société particulière : on sait s’il est arrivé depuis longtemps, ainsi que d’où il vient, suivant la date des rafles. Le tatouage ressemble à un rite initiatique marquant l’intégration à une nouvelle société (« nous avons été baptisés »), de laquelle il va falloir apprendre et intégrer rapidement les normes et les attentes. Passage obligé dans la vie du camp, il marque également la contrainte : le tatouage est fait à vie : « aussi longtemps que nous vivrons nous porterons cette marque tatouée sur le bras gauche ».

[…]
“Mais dans la haine nazie, il n’y a rien de rationnel : c’est une haine qui n’est pas en nous, qui est étrangère à l’homme, c’est un fruit vénéneux issu de la funeste souche du fascime, et qui est en même temps au-dehors et au-delà du fascisme même. Nous ne pouvons pas la comprendre ; mais nous pouvons et nous devons comprendre d’où elle est issue, et nous tenir sur nos gardes. Si la comprendre est impossible, la connaître est nécessaire, parce que ce qui est arrivé peut recommencer, les consciences peuvent à nouveau être déviées et obscurcies : les nôtres aussi.???

Si c’est un homme (Se questo è un uomo) – Primo Levi

Primo Levi : résistant, fait prisonnier le 13 décembre 1943 à l’âge de 24 ans. C’est un juif italien parmi d’autres.
Arrive fin janvier 1944 à Fossoli près de Modène dans un camp d’internement. Déporté le 21 février 1944, il arrive à Auschwitz. Son témoignage est essentiel.

© photo -Yad Va Shem – Jérusalem

Fêter la lumière…

Joyeuse Hanoukka, Joyeux Noël 2008 !

Arbre de Noël 2008

Quand la lumière s’élève, toutes choses s’élèvent et s’unissent à elle, elle parvient jusqu’à s’abriter dans le lieu de l’Infini, et tout devient Un.*

Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec D.ieu, et le Verbe était D.ieu. Il était au commencement auprès de D.ieu. Par lui, tout s’est fait, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes. La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue. **

Lumière qui est à la fois le visible et l’invisible, le visible de l’invisible, celle qui voit et fait voir.

À travers le voile des apparences, elle nous fait percevoir la trans-apparence et nous dé-voile la substance lumineuse dont sont tissés les rêves et nos corps de rêve. Pure, immédiate, innocente car toujours nouvelle, elle est aussi ce Divin Enfant qui nous porte et nous transporte.

Source de l’étonnement et de l’émerveillement, en Elle est la Vie ! Et la Fête des Lumières nous rappelle que la Lumière, cette lumière dont Saint Jean nous dit qu’elle est venue dans le monde et que le monde ne l’a pas reconnue, est elle-même et en elle-même celle qui éclaire, illumine, purifie, guérit, sauve, vivifie !

Don de Soi à Soi-même… Materia Prima. L’Amour !

Fêter la lumière, c’est donc fêter la Vie, cette Vie qui triomphe de tous les obstacles et qui nous rappelle sans cesse que « Post Tenebras Lux ! »

Salut par milliards de Saluts à la Lumière qui unifie, transfigure, vivifie et révèle l’être à l’Être !

Puissions-nous être de ceux qui transforment toute expérience de vie en rayonnement lumineux !

Et ainsi participer à cette danse où « la lumière monte vers la lumière, la lumière descend vers la lumière », afin que tout ne soit que lumière, lumière sur lumière !

t.

*Le Zohar et Genèse I, 3-4 (Zohar, Berechit 16)
**Évangile selon Saint Jean
©Photo Sacha Quester-Séméon

In memoriam Francine Segrestaa-Comte-Ségeste

Aujourd’hui Francine « la plus belle » s’est envolée vers la transparence.

Elle a joué de la flûte et nous avons beaucoup dansé.

Et maintenant, elle tourbillonne avec les étoiles.

— Elle est retrouvée. Quoi ? — L’Éternité.

Francine Ségeste 1935-2008.

Vivre, c’est transformer en conscience l’expérience la plus large possible.*

« J’ai vraiment fait ce que je pouvais faire de mieux », postface pour l’édition de Trames étranges de Francine Ségeste, par Alain Lipietz.

Elégie pour Francine Ségeste

Il fait froid dans cette pièce ils ont dit

Eteignez le chauffage on reviendra demain

Pour préparer le corps

Il fait froid je veux sur elle étendre son châle mais ce n’est plus la peine

Elle n’aura plus jamais froid

Cette couverture sur son corps de morte qu’on a mis

Achetée je ne sais plus où je ne sais plus quand

Et pourquoi je lui mettrais pas son châle

Trente-cinq ans qu’on l’a choisi ensemble

À Vézelay

Suite sur le site d’Alain Lipietz

*André Malraux cité par Francine Comte dans l’article paru dans la revue intemporelle des Humains Associés : « Alain Lipietz : Comprendre, dit-il…  »

Jean-Sébastien Bach : L’offrande musicale.

Rêver un impossible rêve

Jesse Jackson pleure de joie à Chicago.

J’aime ceux qui désirent l’Impossible !

Salut en humanité, Jesse Jackson,

Comme tu le sais, l’histoire de l’humanité sur Terre nous a appris que c’est toujours un petit nombre – à son propre détriment d’ailleurs – qui met en doute le schéma mental établi comme dogme absolu, qui ose proposer ce que d’autres – par ignorance et par peurs de toutes sortes, peur du ridicule et de l’exclusion entre autres – n’oseront jamais.

Avec ton ami, Martin Luther King, vous avez beaucoup osé et c’est grâce à des êtres comme vous qu’aujourd’hui Barack Hussein Obama est devenu le premier président coloré du monde nouveau.
Oui ! Barack a grandement osé et… grandement réussi !

Alors, effectivement, et je dirais même avec une fierté humainement assumée, nous pouvons dire que:
Si jamais quelqu’un doute encore que la Terre soit un endroit où tout est possible, qui se demande si l’impossible rêve d’une unité dans la multiplicité est toujours vivant, qui doute encore du pouvoir de notre humanité, la réponse lui a été donnée par le nouveau monde, par tous ceux qui, comme vous, ont toujours osé désirer l’impossible !

L’Espoir est là* !

*Même si Obama n’est pas le messie. 😉

 

I have a dream 
« « Je vous le dis aujourd’hui, mes amis, bien que nous devions faire face aux difficultés d’aujourd’hui et de demain, j’ai tout de même un rêve. C’est un rêve profondément enraciné dans le rêve américain. »

 

Je fais le rêve qu’un jour, cette nation se lève et vive sous le véritable sens de son credo : “Nous considérons ces vérités comme évidentes, que tous les hommes ont été créés égaux.???

 

Je fais le rêve qu’un jour, sur les collines rouges de la Géorgie, les fils des esclaves et les fils des propriétaires d’esclaves puissent s’asseoir ensemble à la table de la fraternité.

 

Je fais le rêve qu’un jour, même l’État du Mississippi, désert étouffant d’injustice et d’oppression, soit transformé en une oasis de liberté et de justice.

 

Je fais le rêve que mes quatre jeunes enfants vivront un jour dans une nation où ils ne seront pas jugés pour la couleur de leur peau, mais pour le contenu de leur personne. Je fais ce rêve aujourd’hui !

 

Je fais le rêve qu’un jour juste là-bas en Alabama, avec ses racistes vicieux, avec son gouverneur qui a les lèvres dégoulinantes des mots interposition et annulation; un jour juste là-bas en Alabama les petits garçons noirs et les petites filles noires puissent joindre leurs mains avec les petits garçons blancs et les petites filles blanches, comme frères et sœurs.

 

Je fais ce rêve aujourd’hui.

 

Je fais le rêve qu’un jour chaque vallée soit glorifiée, que chaque colline et chaque montagne soit aplanie, que les endroits rudes soient transformés en plaines, que les endroits tortueux soient redressés, que la gloire du Seigneur soit révélée et que tous les vivants le voient tous ensemble.»

 

 

Le révérend Martin Luther King Jr est un pasteur baptiste afro-américain né à Atlanta (États-Unis) le 15 janvier 1929 et mort assassiné le 4 avril 1968 à Memphis.

Le discours fut prononcé sur les marches du Lincoln Memorial pendant la Marche vers Washington pour le travail et la liberté à Washington DC le 28 août 1963.