
L’Univers est plus profond que le jour ne l’a pensé, écrit Nietzsche dans Zarathoustra.
Natacha est née dans cette profondeur, et avec elle. Profondeur d’âme, profondeur d’esprit. Aussi loin que remontent mes souvenirs, des étincelles jaillissaient déjà en elle — étincelles de détermination, de persévérance, de responsabilité. Elle se disait au service de la Vie, du bien commun, de l’humanité. Toujours en veille, toujours en mouvement, portée par le vaisseau-mère Gaïa, elle a grandi fidèle au désir le plus intime de son cœur, et à l’humanisme transmis par sa mère, qui la berçait en lui murmurant :
« In fine, ma princesse, je ne peux vraiment te donner que trois choses : de l’Amour, des racines et des ailes. »
Et c’est bien cela qu’elle a reçu en héritage : des racines nombreuses et des talents pluriels.
De notre ami Aron Lustiger, elle a reçu la Parabole des talents comme on reçoit une lumière. Elle en a fait sa boussole de responsabilité, son fil d’or, et cette parole continue de la guider aujourd’hui encore. Du collage de timbres pour les lettres d’Amnesty International aux manifestations humanistes, écologistes ou féministes, elle était là. Toujours. Présente, espiègle, indomptable, animée d’une joie profonde et d’une nostalgie secrète — nostalgie de la lumière, peut-être — qui ne l’ont jamais quittée.
Il y aurait tant à dire… et pourtant, à un moment, il faut aussi accepter le silence.
Le 18 novembre 2025, elle a reçu des mains de celui qu’elle avait choisi, son « tonton » adoré Jean-Michel Blanquer, la médaille nationale du Mérite, couronnant — c’est rare ! — trente années de service d’intérêt général. Trente années… autrement dit, depuis l’âge qu’elle avait sur cette photo où on la voit, minuscule, portée lors d’une manifestation féministe parce qu’elle ne pouvait pas encore suivre les longues marches.
Alors, avec un cœur plein de gratitude et les larmes aux yeux, je veux célébrer, rendre hommage et témoigner de mon admiration infinie pour cette enfant déjà engagée, et pour cette femme qui n’a jamais trahi le rêve, ni la force, ni la pureté de cette petite fille. Deux photos, deux éclats d’une existence tout entière tournée vers l’action et le service.
Et la vie est encore devant elle ! En hébreu, le mot « vie » se dit H’aïm (חיים), un mot dont la particularité est de n’exister qu’au pluriel. Nos vies sont plurielles, tissées de multiples chemins. Natacha, déjà, a vécu plusieurs vies en une seule… et ce n’est qu’un commencement !
Tisser ainsi plusieurs vies demande un grand effort personnel, une non moins grande ouverture du cœur et de l’esprit, la force du chêne et la souplesse du roseau — qui ploie, ondule et danse au gré du vent sans jamais se briser.
Telle est Natacha, ma fille.
Lé’Haïm ! À la vie, Natacha !
Tu as amplement mérité cette reconnaissance de la France. Notre pays bien aimé, notre France des Lumières !
