Pourquoi la Bonté ?
Parce que en Elle est toute la Beauté du Monde, sa raison d’être !
Dans toutes les traditions, la Beauté est liée à la Sagesse, à la modération (la mesure), au Beau, au Bien. Dans la langue grecque, il y a d’ailleurs identité entre le beau et le bien (kalonkagathon). Platon le démontre avec talent, dans le Banquet notamment. Dans la Kabbale, Tiphereth est au coeur même de l’Arbre, entre la Rigueur, la Mesure et la Miséricorde. Elle est à la fois à l’extérieur et à l’intérieur de l’homme, elle est sérénité,tendresse, Amour, Sagesse, Paix !
Ibn El Arabi, maitre Soufi, nous invite à méditer sur Elle, qui est en elle-même la Vérité et la Réalité du Monde ! Intemporelle, suprasensible, gratuite, la Beauté « s’impose » à nous et révèle notre présence au monde, pourvu qu’on se laisse faire… qu’on la laisse faire !
Écoute, ô bien-aimé !
Je suis la réalité du monde,
le centre et la circonférence,
J’en suis les parties et le tout.
Je suis la volonté établie entre le ciel et la terre,
Je n’ai créé en toi la perception
que pour être l’objet de Ma perception.
Si donc tu Me perçois, tu te perçois toi-même,
mais tu ne saurais Me percevoir à travers toi.
C’est par Mon oeil que tu Me vois et que tu te vois,
ce n’est pas par ton oeil que tu peux Me concevoir.
Bien aimé,
tant de fois t’ai-Je appelé,
et tu ne M’as pas entendu !
Tant de fois Me suis-Je à toi montré,
et tu ne M’as pas vu !
Tant de fois Me suis-Je fait douces effluves,
et tu n’as pas senti,
nourriture savoureuse
et tu n’as pas goûté.
Pourquoi ne peux-tu M’atteindre
à travers les objets que tu palpes ?
Ou Me respirer à travers les senteurs ?
Pourquoi ne Me vois-tu pas ?
Pourquoi ne M’entends-tu pas ?
Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?
Pour toi Mes délices surpassent
tous les autres délices,
et le plaisir que Je te procure
dépasse tous les autres plaisirs.
Pour toi Je suis préférable
à tous les autres biens.
Je suis
la Beauté
Je suis
la Grâce *
Platon nous rapelle que le beau sensible éveille le souvenir de la beauté essentielle, qu’il nous fut donné de contempler lorsque nous faisions encore partie du cortège des âmes ailées emportées dans le cycle de l’âme universelle, comme le suggère plus tard le mythe du Philèbe.
Mohamed nous affirme que D.ieu est Beau et qu’IL aime la Beauté.
D’anciennes traditions nous apprennent que la beauté est antérieure à l’homme, qu’elle a précédé son apparition dans le monde, qu’elle se révèle à nous tantôt sur le visage de la Sagesse, tantôt sur celui des « divines proportions » afin de nous aider à nous ressouvenir de l’Essence même de tout ce qui Est, c’est-à-dire de la Bonté qui est le Visage même de la Vérité, de la Réalité du Monde. De ce Monde qui n’était nullement obligé d’être Beau, et qui pourtant est Beau !
Et si (et j’en suis convaincue !) l’homme n’avait été mis au monde que pour contempler la Beauté, la Bonté, la Grâce ? La Gratitude même de toute création ? Sinon d’ou viendrait cette nostalgie de la Beauté, cette nostalgie de la lumière, cette recherche du Beau et du Bien, cette recherche de la vérité qui habite le coeur des amoureux, cette certitude de sa Réalité, sinon dans le souvenir essentiel de notre propre lumière, de notre propre Beauté, de notre essence même ?
Que percevons-nous dans la perception de l’instant présent (que l’homme nomme l’éveil), sinon l’éclair étincelant de la Bonté/Beauté qui nous saisit et nous révèle l’unicité de tout ce qui est, dans l’instant même qui devient ce qu’il n’a jamais cessé d’être : un Instant Éternel de Pure Grâce, absolument gratuit (sans pourquoi) !
La Beauté de la Vie se révélant à Soi-même, se donnant à Soi-même, avec l’Infinie Bienveillance qui est son Essence, sa raison d’être !
Écoute, ô bien-aimé !
Oui, nous pouvons nous changer nous-mêmes et changer le monde, car nous avons en nous-même la potentialité de la Bonté. J’ai confiance en la Bonté Infinie, et aussi radical que le mal puisse paraître, il ne sera jamais aussi profond que la Bonté qui, in fine, sauvera le monde !
Bonne et Belle Année 2009/5770 😉
Humainement,
t.
Anne-Sophie Mutter – Hebert von Karajan – Vivaldi – Spring mov2: Largo
* Vers l’Union – Ibn El Arabi
Traduction: Eva de Vitray-Meyerovitch
Merci pour ce merveilleux message et pour cette divine musique !
Puisse notre engagement, notre ferveur et notre fidélité à Soi-même ne jamais se ternir. Et que nous demeurions toujours dans la Lumière et dans la Paix, en toute circonstance.
—
Mets-moi dessus la mer d’où le soleil se lève,
Ou près du bord de l’onde où sa flamme s’éteint ;
Mets-moi au pays froid, où sa chaleur n’atteint,
Ou sur les sablons cuits que son chaud rayon grève ;
Mets-moi en long ennui, mets-moi en joie brève,
En franche liberté, en servage contraint ;
Soit que libre je sois, ou prisonnier rétreint,
En assurance, ou doute, ou en guerre ou en trêve ;
Mets-moi au pied plus bas ou sur les hauts sommets
Des monts plus élevés, ô Méline, et me mets
En une triste nuit ou en gaie lumière ;
Mets-moi dessus le ciel, dessous terre mets-moi,
Je serai toujours même, et ma dernière foi
Se trouvera toujours pareille à la première.
(Jean-Antoine de Baïf)
Belle année à celles et ceux qui trouvent en ce lieu la lumière d’une étoile, le chant d’un ange et les mots pour le dire
Amie,
Mon voeu est en ta certitude, les autres chemins sont voilés, un temps…
Il y a cette petite flamme qui pâlit au soleil levant,
Je veux m’éteindre.
Il y avait cette chandelle de nuit qui permettait de lire,
Je veux m’éteindre.
Il y avait ce reflet passionnant de cet amour en femme,
Je veux m’éteindre.
Il y avait sortilège de voix conniventes qui ne sont plus,
Je veux m’éteindre
Il y avait assoupissements en douceurs charnelles,
Je veux m’éteindre.
Il reste cette durée inexorable, les heurts en sa conscience,
Je veux m’éteindre.
Charnel enfui je ne sais où, tendresse et devoir resté,
Je veux m’éteindre.
Anges lumineux du sépulcre je souhaite n’avoir que ce désir,
Je veux m’éteindre.
Pourquoi me poseriez-vous cette question ? Elle est si évidente,
Je veux m’éteindre.
O toi maître d’amour qui ne souhaite rédimer cette douleur
Cueille-moi là, dans l’instant afin que je sache enfin
Ce qui était juste en mes pas, ce qui était faux en mon âme.
Avec toute la tendresse et les voeux de ton oiseau de passage…
Comme le roi David, Dieu, le roi des rois, nous cherche et s’écrie «Où est-il?, je veux lui manifester ma bonté.»
Au tout début le feu de l’amour
N’était qu’une faible flamme vacillante
Cependant, de beaucoup vinrent s’ajouter
Et depuis, contribuèrent ainsi à son intensification.
Hadi Sabziwari – le Soufi
Bonne année à vous, femme aux semelles de vent.
Bonne Année, ma bien-aimé !
« Tard je t’ai aimé,
Beauté ancienne et si nouvelle,
tard je t’ai aimé.
Tu étais au-dedans de moi
et moi j’étais dehors.
Et c’est là que je t’ai cherchée.
Ma laideur occultait
tout ce que tu as fait de beau.
Tu étais avec moi,
et je n’étais pas avec toi.
Ce qui me tenait loin de toi,
ce sont tes créatures,
qui n’existent qu’en toi.
Tu m’as appelé, tu as crié,
et tu as vaincu ma surdité.
Tu as montré ta lumière
et ta clarté a chassé ma cécité.
Tu as répandu ton parfum
je l’ai humé,
et je soupire après toi.
Je t’ai goûtée,
j’ai faim et soif de toi.
Tu m’as touché,
et je brûle du désir de ta paix. »
(Saint Augustin)
C
–
Et ces trois êtres : Beauté, Amour et Nostalgie, éclos
d’une même source originelle, sont »frères » l’un de l’autre.
Beauté qui est le frère aîné se contempla soi-même. Elle eut vision d’elle-même comme étant le Bien
suprême ; l’allégresse naquit en Elle, et Elle sourit. Alors des milliers d’anges du plus haut rang furent manifestés, éclos de ce sourire.
Amour, le frère moyen, était le compagnon fidèle de Beauté. Il ne pouvait détacher d’Elle son regard, et restait en serviteur assidu à son service.Lorsque
lui apparut le sourire de Beauté, il fut pris d’un vertige de folie ; il fut bouleversé. Il voulut faire un mouvement, s’en aller. Mais Nostalgie, le jeune frère se suspendit à lui. Et c’est de cette suspension
de la Nostalgie étreignant l’Amour que naquirent le Ciel et la Terre.
Sorhavardî, L’Archange empourpré.
Bonne année à Vous, femme aux semelles de vent.
Mille mercis de nous rappeler la potentialité de bonté en nous-même.
Avec gratitude.
Félix
Magnifique musique qui, je le souhaite, illuminera le ciel de 2009…
Merci pour ce tendre et aimant rappel !
Merci pour votre message d’amour,le rappel que nous pouvons changer et manifester Beauté et Bonté, puisqu’ils sont potentiellement en nous-mêmes !
…et ainsi lui permettre de Se nous révéler à nous-mêmes…dans le sensible…comme dans cette musique merveilleuse, si intimement jouée, où le souvenir nostalgique de Sa Beauté chante à l’oreille de mon coeur…
Elle est là oui, tout près, la Bien Aimée !
En mieux il tournera l’usage des cinq sens
« En mieux il tournera l’usage des cinq sens.
Veut-il suave odeur ? il respire l’encens
Qu’offrit jésus en croix, qui en donnant sa vie
Fut le prêtre, l’autel et le temple et l’hostie.
Faut-il des sons ? le Grec qui jadis s’est vanté
D’avoir ouï les cieux, sur l’Olympe monté,
Serait ravi plus haut quand cieux, orbes et pôles
Servent aux voix des saints de luths et de violes.
Pour le plaisir de voir les yeux n’ont point ailleurs
Vu pareilles beautés ni si vives couleurs.
Le goût, qui fit chercher des viandes étranges,
Aux noces de l’Agneau trouve le goût des anges,
Nos mets délicieux toujours prêts sans apprêts,
L’eau du rocher d’Oreb et le Man toujours frais :
Notre goût, qui à soi est si souvent contraire,
Ne goûtra l’amer doux ni la douceur amère.
Et quel toucher peut être en ce monde estimé
Au prix des doux baisers de ce Fils bien-aimé ?
Ainsi dedans la vie immortelle et seconde
Nous aurons bien les sens que nous eûmes au monde,
Mais, étant d’actes purs, ils seront d’action
Et ne pourront souffrir infirme passion :
Purs en sujets très purs, en Dieu ils iront prendre
Le voir, l’odeur, le goût, le toucher et l’entendre.
Au visage de Dieu seront nos saints plaisirs,
Dans le sein d’Abraham fleuriront nos désirs,
Désirs, parfaits amours, hauts désirs sans absence,
Car les fruits et les fleurs n’y font qu’une naissance.
Chétif, je ne puis plus approcher de mon oeil
L’oeil du ciel ; je ne puis supporter le soleil.
Encor tout ébloui, en raisons je me fonde
Pour de mon âme voir la grande âme du monde,
Savoir ce qu’on ne sait et qu’on ne peut savoir,
Ce que n’a ouï l’oreille et que l’oeil n’a pu voir ;
Mes sens n’ont plus de sens, l’esprit de moi s’envole,
Le coeur ravi se tait, ma bouche est sans parole :
Tout meurt, l’âme s’enfuit, et reprenant son lieu
Extatique se pâme au giron de son Dieu. »
Théodore Agrippa d’AUBIGNÉ (1552-1630)
(v. 1181-1218) recueil « Les Tragiques »
En gratitude, amoureusement
nathalie
Merci de ce rappel et invitation au meilleur de Soi
Merci de semer dans nos âmes et nos coeurs ces grains de Beauté et de Bonté
Bonne Année 2009, toute neuve à Vous.
Bercée par vos mots-mélodie le monde paraît plus beau. Merci infiniment et prends bien soin de vous !