Sans détour…

Que de candidats voyageurs passent leur existence dans la préparation des provisions pour un voyage qu’ils ne feront jamais !

Dans “Poème en ligne droite???, Fernando Pessoa supplie la vie de lui faire entendre une voix humaine qui ne témoignerait pas d’un haut fait, d’une réussite insolente, d’un courage à toute épreuve… Car il n’est entouré, dit-il, que de demi-dieux, de princes qui ne connaissent de la vie que des réussites…

Lui, vil, sale, mesquin, comique, grotesque, émet le voeu d’entendre une voix humaine, une seule, qui admette ses faiblesses, sa solitude, ses insuccès, qui ne feigne ni le bonheur, ni la toute puissance, ni la gloire… de son ego.

Lui qui n’a connu que des champions, forme le voeu de rencontrer un humain, tout simplement humain, qui reconnaisse son impuissance et sa lâcheté, ses imperfections et son désarroi devant la condition humaine, et qui par là même manifeste et assume son humanité, dans la fraternité et la solidarité !

Et, tout comme Fernando que j’aime tant, je suis moi aussi fatiguée de n’être entourée que de demi-dieux, de princes qui pensent n’avoir besoin de personne, enfermés dans les hautes tours de leur glaciale et indifférente solitude.

Chacun pour Moi parce que je le vaux bien ! L’autre m’insupporte, seul le même, mon clone me convient. Quid de la différence ? ils ne veulent entendre en retour que l’écho de leur propre voix !

Ah! si je pouvais entendre une voix humaine… Une voix humble !!!

Et si, tout comme Fernando Pessoa, il ne me restait plus qu’à ranger mes valises, à les laisser derrière moi et prendre le vent, ou mieux : me laisser emporter par le vent ?

Aller vers Lekh Lekha ! Vers Soi-même.

Certains voyagent par exotisme, pour se dépayser, pour l’excitation de connaître d’autres vies, d’autres langues. D’autres voyagent pour s’évader, prendre des vacances de soi-même, s’oublier…

Il leur faut toujours des bagages. Plus le voyage est long, plus il leur faut de bagages.

Pour ces voyageurs semi-divins et princiers, ceux qui « ne sont pas n’importe qui », le prix de l’excédant de bagages dépassera même le prix du billet de première classe.

Et le voyage, tout voyage (ici) devient signe extérieur de richesse.

Il existe néanmoins un voyage que seul un voyageur sans bagages peut entreprendre. Nous ne connaissons de ce type de voyage que ce que nous appelons la mort, le voyage sans retour !

Il existe cependant un autre versant du voyage, un versant abrupte vers une plongée dans l’abîme (de nous-mêmes), à la recherche de la vérité de ce que nous sommes.

Ce voyage, contrairement aux autres, est l’expression d’une humilité intérieure !

Dans ce voyage (comme dans la mort), nous n’emportons rien d’autre que la confiance que nous recevrons en chemin tout ce dont nous aurons besoin.

On se sait pauvre, et parce qu’on se sait pauvre, on osera demander et recevoir.

On se sait seul, et parce qu’on si sait seul, on osera aller vers l’autre et chercher sa compagnie.

Ce voyage vers soi-même, c’est la Vie, car même si nous feignons de l’oublier, nous sommes tous des voyageurs, des passants sur cette Terre. Rien de ce que nous accumulons, tant d’efforts après tant d’efforts, nous ne l’emporterons le moment venu.

Que nous soyons « riches » où pauvres, il n’y aura aucun bagages. RIEN. Nous arrivons nus, nous partirons dépouillés de tout, y compris de « notre » corps !

Alors, puisque il en est ainsi, pourquoi jouer les demi-dieux, arrogants, orgueilleux et indifférents ? Pourquoi ce sentiment d’importance quasi divine, cet orgueil, cette vanité ?

Pourquoi si mal aimer son prochain ? Pourquoi si mal aimer l’Amour ?

Oh oui, que je suis fatiguée de n’être entourée que de demi-dieux, de princes qui n’ont besoin de personne, enfermés dans la solitude glaciale et indifférente de leurs tours magistrales !

Moi qui suis si impuissante, si faible, si ignorante, si pauvre et démunie…
Comment moi, n’importe qui, esclave de la condition humaine, pourrais-je vivre avec vous, dans un même espace que vous,

Ô Princes, mes frères ?

t.

Poème en ligne droite

Je n’ai jamais connu quiconque qui ait pris des coups.
Tous, parmi mes connaissances, ont été des champions en tout.

Et moi, tant de fois méprisable, tant de fois porc, tant de fois vil,
Moi, tant de fois irréfutablement parasite,
Inexcusablement sale.
Moi qui, tant de fois, n’ai pas eu la patience de prendre un bain,
Moi qui fus tant de fois ridicule, absurde,
Qui me suis pris publiquement les pieds dans les tapis des étiquettes,
Qui ai été grotesque, mesquin, soumis et arrogant,
Qui ai souffert l’humiliation et me suis tu,
Et qui, lorsque je ne me suis pas tu, me suis senti plus ridicule encore;
Moi dont se sont ris des domestiques d’hôtel,
Moi qui ai senti les clins d’œil des employés du fret,
Moi qui me suis livré à des hontes financières, contracté des emprunts sans payer,
Et qui, à l’heure de prendre des coups, me suis accroupi
Pour échapper à la possibilité d’un coup ;
Moi qui ai souffert l’angoisse des petites choses ridicules,
Je constate que je n’ai pas de pair en tout ceci dans ce monde.

Tous ceux que je connais et qui parlent avec moi
N’ont jamais eu un geste ridicule, n’ont jamais souffert l’humiliation,
N’ont jamais été rien d’autre que princes – tous, ils sont princes – dans la vie…

Si seulement je pouvais entendre de quelqu’un une voix humaine
Qui confesse, non pas un pécher, mais une infamie ;
Qui raconte, non pas une violence, mais une lâcheté !
Non, ils sont tous l’Idéal, si je les écoute, et qu’ils me parlent.
Qui y a-t-il, dans ce vaste monde, pour me confesser qu’une fois, il a été vil ?
Ô princes, mes frères,

Allez, j’en ai assez des demi-dieux !
Où y a-t-il des hommes dans le monde ?

Ainsi, je suis le seul à être vil et dans l’erreur sur cette terre ?

Les femmes peuvent ne pas les avoir aimés,
Ils peuvent avoir été trahis – mais ridicules jamais !
Et moi, qui ai été ridicule sans avoir été trahi,
Comment pourrais-je parler avec mes supérieurs sans vaciller ?
Moi, qui suis vil, littéralement vil,
Vil au sens mesquin et ignoble de la vilénie.

(??lvaro de Campos – Fernando Pessoa)

Poema em Linha Reta

Nunca conheci quem tivesse levado porrada.
Todos os meus conhecidos têm sido campeões em tudo.

E eu, tantas vezes reles, tantas vezes porco, tantas vezes vil,
Eu tantas vezes irrespondivelmente parasita,
Indesculpavelmente sujo.
Eu, que tantas vezes não tenho tido paciência para tomar banho,
Eu, que tantas vezes tenho sido ridículo, absurdo,
Que tenho enrolado os pés publicamente nos tapetes das etiquetas,
Que tenho sido grotesco, mesquinho, submisso e arrogante,
Que tenho sofrido enxovalhos e calado,
Que quando não tenho calado, tenho sido mais ridículo ainda;
Eu, que tenho sido cômico às criadas de hotel,
Eu, que tenho sentido o piscar de olhos dos moços de fretes,
Eu, que tenho feito vergonhas financeiras, pedido emprestado
[sem pagar,
Eu, que, quando a hora do soco surgiu, me tenho agachado
Para fora da possibilidade do soco;
Eu, que tenho sofrido a angústia das pequenas coisas ridículas,
Eu verifico que não tenho par nisto tudo neste mundo.

Toda a gente que eu conheço e que fala comigo
Nunca teve um ato ridículo, nunca sofreu enxovalho,
Nunca foi senão príncipe – todos eles príncipes – na vida…

Quem me dera ouvir de alguém a voz humana
Que confessasse não um pecado, mas uma infâmia;
Que contasse, não uma violência, mas uma cobardia!
Não, são todos o Ideal, se os oiço e me falam.
Quem há neste largo mundo que me confesse que uma vez foi vil?
Ó principes, meus irmãos,

Arre, estou farto de semideuses!
Onde é que há gente no mundo?

Então sou só eu que é vil e errôneo nesta terra?

Poderão as mulheres não os terem amado,
Podem ter sido traídos – mas ridículos nunca!
E eu, que tenho sido ridículo sem ter sido traído,
Como posso eu falar com os meus superiores sem titubear?
Eu, que venho sido vil, literalmente vil,
Vil no sentido mesquinho e infame da vileza.

??lvaro de Campos – Fernando Pessoa

Traduit par Zar et t.

*Georges de La Tour – La Madeleine à la veilleuse

29 réflexions sur “Sans détour…

  1. Que de richesses ! Que de richesses sans cesse renouvelées, à tous les vents, sur tous les modes, dans toutes les tonalités !
    Se peut-il que nous n’ayons pas encore compris ?

    Que nous passions ainsi nos existences à côté de la Vie ?
    Pourquoi ? Par crainte de quoi ?

    Ce blog parviendra-il enfin à nous dépouiller de tout ce qui nous encombre inutilement ?
    Ce ne sera pas faute de s’y être employé, en tout cas !

    Merci une fois de plus pour ces vérités essentielles et la simplicité de leur expression, si nette, si bienveillante, si humaine…

    À vous autant que possible,
    ET

  2. MONSIEUR PERSONNE

    à Pessoa et à ses hétéronymes

    – Quelqu’un c’est à dire Personne ?
    – Une personne ?
    – Oui, si l’on a compris que c’est une somme de contradictions mais qui recherche la manière d’ajouter, de s’ajouter au grand palimpseste des autres et de soi, du monde visible et du monde autre.
    – Une personne ?
    – Non, s’il s’agit de ce masque qui durcit avec les ans et auquel le pauvre homme qui est en nous s’efforce de ressembler.
    – Une personne alors ?
    – Mettons, quelqu’un qui ne se regarde jamais dans l’insignifiant miroir mais qui traverse ses reflets comme le salutaire fou des cirques, des métaphysiques et comme le bouffon des tragédies…
    -Et à part ça, comment allez-vous aujourd’hui Monsieur Pessoa ?

    jj dorio (inédit)

    en portugais « pessoa » signifie « personne »

    personne du latin persona ( sur « personare » : résonner )qui désigne le masque de l’acteur

  3. « Moi qui suis si impuissante, si faible, si ignorante, si pauvre et démunie… »

    Telle est la parole que le voyageur solitaire, perdu dans la nuit, adresse à un autre voyageur solitaire; telle est la parole qu’au-delà de toute prosopolepsie mesquine l’homme adresse à un autre homme sur le chemin de la vie. Dans un monde inhumain, cette salutation atteste la fraternité de deux visages et célèbrera la rencontre de deux regards…sans détour !

  4. Merci de nous appeler et rappeler sans cesse et avec amour à l’essentiel, à cette part essentielle, Celle qui veille et qui nous veut du Bien
    Voyager oui, vers Soi-même, sans peur, sans certitudes, faire confiance à la Vie
    Se faire Rivière emportée dans les bras accueillants du Vent*
    Votre parole est la nourriture nécessaire pour ce voyage, invitation au dépouillement, à quitter nos beaux masques et trop jolis costumes, à être ce que l’on est. Merci aussi pour le poème.

    * Le Conte des Sables – Contes derviches-
    Idries Shah.

  5. Sans détour, là tout est dit : le regard tourné vers la Lumière, orienté vers cette petite flamme allumée dans le noir de notre ignorance et une main posée sur un crâne pour nous rappeler que nous sommes de passage et ce qui fait la Beauté de la Vie c’est de s’en rappeler.
    Merci de Vous.

  6. « …et moi ver et non pas homme,
    risée des gens, mépris du peuple
    ceux qui me voient me bafouent… »
    (Psaume 22)

    « …je plongerai
    Sans bourse dans l’infini esprit sous-jacent ouvert
    à tous,
    ouvert moi-même à une nouvelle et incroyable
    rosée à force d’être nul
    et ras…
    et risible… »
    (Henri Michaux)

    FRATERNELLEMENT

    Bernard

  7. Merci pour ce billet et ce magnifique poême. La vie est un jeu de masques , où nous nous perdons souvent. La vie nous remet dans l’axe et nous redévions, car nous refusons de voir la vérité en face et de nous poser l’un en face de l’autre pour partager. Tu le fais par ton billet avec beaucoup de force et je t’en remercie. Amicalement.

  8. Je comprends que l’on puisse être las de tant de grandeur. Ici, nous sommes tous parfaits, bouffis par nos egos et alourdis par ce que nous croyons posséder. Quand on est trop occupé à contempler le plein, son propre trop-plein, on en oublie le vide et toutes les évidences.

    Tu nous montres que pour être emportés par le vent, il est nécessaire de s’alléger, de se libérer de ces poids qui nous donnent, croit-on, une contenance.

    Comme si le jeu réel consistait à devenir indominant. La légèreté n’écrase rien, ni personne, il faut apprendre à ne pas peser, ni à s’appuyer sur, à s’effacer.

    D’ailleurs, nous ne laissons même pas d’empreintes contrairement à ce que nous aimons croire, signe peut-être que nos corps ne sont encore réels ?

    Dissoudre sa projection, pour voir enfin. Merci de rappeler que c’est en se dépossédant de sa propre image, en se mettant à nu que l’on peut devenir.

    (Merci aussi pour la traduction originale !)

  9. Le secret de la force est d’admettre votre faiblesse. Le secret de la puissance est d’admettre votre impuissance. Le secret du bonheur est l’humilité et le secret de la victoire est la capitulation devant le Dieu d’Amour !

    Que la Paix reste sur vous !

  10. Mais il m’a déclaré:
    « Ma grâce te suffit: car la puissance se déploie dans la faiblesse. »

    (2ème épitre aux corinthiens de Saint Paul »

  11. Bienheureux les humbles de cœur! Ils sont les véritables temples de Dieu (Jn 14,23).

  12. questa notte, una candela blu bruciato sul mio comodino, accanto al mio letto, è posto accanto a un libro che è legato a Maria di Magdala.
    Ho letto le sue parole e io grido.
    con tutto il mio amore.
    Mi piacerebbe vedere ancora una volta come
    D.io benedica

  13. Alleluia !

    Mes amis sont donc revenus, ceux que j’avais de si près tenus et tant aimés ? Le vent ne les a donc pas ôtés. Et l’amour n’est pas morte…

    Alleluia !

  14. @topi: le masque de l’humilité est le plus difficile à retirer.

    Si le grain ne meurt pas…

    Oui topi, sans aucun doute ! Merci infiniment de me le rappeler. Ce disant, je ne cherche pas à être humble : je pense que vouloir l’humilité est un non sens. L’humilité, je la conçois comme un état de grâçe, une pure gratuité, un don de D.ieu… certainement !

    Fernando Pessoa, encore lui, dit dans un de ses poèmes : « quand il a voulu retirer le masque, il a réalisé qu’il était collé à sa figure… »

    Dans ce sens, le dernier masque, seule la mort nous l’enlève.

    Ah ! Mourir avant mourir !

    Une belle aventure, non ? 😉

  15. Fernado Pessoa (Alvaro de Campos) – Extrait de « Bureau de Tabac »

    J’ai vécu, aimé – que dis-je ? j’ai eu la foi,
    et aujourd’hui il n’est de mendiant que je n’envie pour le seul fait qu’il n’est pas moi.
    En chacun je regarde la guenille, les plaies et le mensonge
    et je pense : « peut-être n’as-tu jamais vécu ni étudié, ni aimé, ni eu la foi »
    (parce qu’il est possible d’agencer la réalité de tout cela sans en rien exécuter) ;
    « peut-être as-tu à peine existé, comme un lézard auquel on a coupé la queue,
    et la queue séparée du lézard frétille encore frénétiquement ».

    J’ai fait de moi ce que je n’aurais su faire,
    et ce que de moi je pouvais faire je ne l’ai pas fait.
    Le domino que j’ai mis n’était pas le bon.
    On me connut vite pour qui je n’étais pas, et je n’ai pas démenti et j’ai perdu la face.
    Quand j’ai voulu ôter le masque
    je l’avais collé au visage.
    Quand je l’ai ôté et me suis vu dans le miroir,
    J’avais déjà vieilli.
    J’étais ivre, je ne savais plus remettre le masque que je n’avais pas ôté.
    Je jetai le masque et dormis au vestiaire
    comme un chien toléré par la direction
    parce qu’il est inoffensif –
    et je vais écrire cette histoire afin de prouver que je suis sublime.

  16. « Eu sou apenas um pobre amador,
    apaixonado,
    um aprendiz do teu amor… »

    (in « Luiza » de Antonio-Carlos Jobim)

  17. le grain doit mourir, il ne peut pas conserver son intégrité car s’il le fait simplement la plante ne s’épanouie pas… même en terre arride, la poésir reste le sel.
    rappelez vous: qui perce l’oeil du cyclope? personne…
    connaitre l’astronomie et la mécanique célèste sur le bout des doigts ne signifie pas que l’on comprend le ciel
    je vous embrasse, qui que vous soyez réellement

  18. ITHAQUE

    Quand tu partiras pour te rendre à ’Ithaque,
    souhaite que la route soit longue,
    pleine d’aventures, pleine de connaissances .
    Les Lestrygons et les Cyclopes,
    Poséïdon irrité, n’en aie pas peur,
    Tu ne trouveras jamais rien de tel sur ta route,
    si ta pensée reste haute, si délicate
    est l’émotion qui touche ton esprit et ton corps .
    Les Lestrygons et les Cyclopes,
    le farouche Poséïdon, tu ne les rencontreras point,
    si tu ne les transportes pas déjà dans ton âme,
    si ton âme ne les dresse pas devant toi.
    Souhaite que la route soit longue.
    Que nombreux soient les matins d’été
    Où, avec quelle reconnaissance, quelle joie,
    tu entreras dans des ports vus pour la première fois !
    Fais escale à des comptoirs phéniciens,
    et acquiers de belles marchandises :
    nacre et corail, ambre et ébène,
    et voluptueux parfums de mille sortes,
    aussi abondants que tu peux, les voluptueux parfums ;
    visite de nombreuses cités égyptiennes,
    et apprends, apprends encore de ceux qui se sont
    instruits.
    Garde toujours Ithaque présente à ton esprit .
    Y parvenir est ton but final .
    Mais ne hâte pas du tout ton voyage.
    Mieux vaut qu’il dure de nombreuses années ;
    et qu’ aux jours de ta vieillesse enfin tu jettes l’ancre
    dans ton île,
    riche de tout ce que tu as gagné en chemin,
    sans t’attendre à ce qu’Ithaque te donne des richesses.
    Ithaque t’a donné le beau voyage .
    Sans elle, tu ne te serais pas mis en route.
    Elle n’a plus rien d’autre à te donner .
    Même si tu la trouves pauvre, Ithaque ne t’a pas trompé.
    Sage comme tu l’es devenu, avec tant d’expérience,
    tu dois avoir déjà compris ce que signifient les Ithaque.

    Constantin Cavafy (1863-1933)

  19. « Ah, mes îles fortunées ! Surprises du matin, espérances du soir — vous reverrai-je encore quelques fois ? Vous seules qui me délivrez de moi et en qui je puis me reconnaître. Miroirs sans tain, cieux sans lumière, amours sans objet. »

  20. « l’humilité, c’est s’effacer,face à la Lumière, pour ne pas faire ombrage »
    dans les anciens temps, la « personna » revêtait le Masque de théatre pour incarner la Divinité, et en être animée pour délivrer une Direction.
    Aujourd’hui, le masque sert à dissimuler quelque projet inavouable…
    les Temps changent et le Renversement est presque total: la séduction des Grands Projets cachent l’appétit le plus cruel -quid de la poésie des « Etoiles »?

  21. la rose est sans pourquoi ; elle fleurit parce qu’elle fleurit,/N’a garde à sa beauté, ne cherche pas si on la voit.
    Angélus Silésius

  22. « Humble fleur dressée au creux d’un mur
    Ton bonheur d’être toi-même
    Te suffit
    pour être au centre de l’univers »

    Ping Hsin

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