D’abord, il y a eu le Silence. Ensuite, il a fallu habiter ce silence, le faire parler ! La musique est la Parole du silence et il y a autant de silences que de modes musicaux.
La musique est partout, tout le temps, qu’on l’entende ou non. Une mélodie est comme un fragment de pensée, un mouvement spirituel, un dialogue ininterrompu depuis le commencement de tout, qui oscille avec une infinie gracilité entre soi et soi-même, tissant le monde !
La musique est une flamme, d’ailleurs c’est en Elle qu’est la Vie !
Qui d’autre qu’Elle pourrait accompagner le Vide créateur ? L’envelopper, tout en respectant son intimité discrète ?
Vous me direz : mais toutes les expressions musicales ne parlent pas de l’intériorité de l’Être, encore moins de la discrétion, ni n’invitent à l’écoute silencieuse de la vacuité parlante… Certes ! Néanmoins, comme en tout et partout, il y a l’expression proche et l’expression lointaine. La musique dont j’essaie maladroitement de parler est celle qui se fond et se confond avec le silence. Elle est ce murmure quasi inaudible que seule l’oreille intérieure peut entendre, et qui ne parvient à nos oreilles sensibles, frappées de surdité intérieure, que grâce aux êtres musicaux qui la mettent en partition, en partage !
Et si le premier et le dernier souffle, la première et la dernière phase de l’œuvre humaine étaient musicales ?
Et si la « mort » tant redoutée n’était que le retour à l’Accord Parfait Majeur ? Dans la Symphonie de la Vraie Vie ?
Ah! Se dissoudre comme le Sel dans l’Eau !
t.
Lorsque la conscience retrouve le donateur de ses données, on aborde cette Terre Musicale où l’Impossible s’accomplit en fait. Car toutes nos constructions mentales, tous nos vœux, jusqu’à notre amour le plus consubstantiel à nôtre Être, tout ne serait que métaphore sans l’intermonde de cette terre de l’Âme !
Extrait — Henri Corbin
Terre Céleste et Corps de Résurrection
Buchet Chestel 1960
Photo — Natacha Quester-Semeon