Le conquérant de l’inutile

Extra-vacante
à contretemps
Inutile.
La
fondamentale
poésie
Est
L’essence musicale de tout ce qui est, fut, sera !

Inutilement, pour rien…

Le poète
navigue immobile
à grand infini

Galaxies des connaissances inutiles
Amas des nébuleuses ivres
Au delà du delà du delà de la lumière
Au delà du delà du delà de la gamme des sons

Inutilement, pour rien.
Le poète soutient la Vraie Vie

???
t.0

S?tra du Cœur:

Aller, aller, aller au-delà, au-delà du par delà, que l’éveil soit réalisé!
Tadyath? om gaté gaté p?ragaté p?rasamgaté Bodhi Sv?h?

  

La bénédiction du vide

« Il est de la première importance de ne pas s’accrocher au vide ».

Ici, la forme c’est le vide*

Un jour, au cours d’une audience, l’empereur posa maintes questions à Hui-chung, qui ne le regarda même pas.
Contrarié, l’empereur dit : « Je suis l’empereur du grand T’ang. Comment se fait-il que mon maître ne daigne même pas me regarder ? »
Hui-chung lui demanda en retour : « Votre Majesté voit-elle l’espace vide ? »
« Oui » répondit l’empereur.
« L’espace vide cligne-t-il de l’œil à Votre Majesté ? »
La conversation s’arrêta là.

Vide et vacuité

Après avoir parlé du « véritable vide de la nature de soi », le maître mit aussitôt ses auditeurs en garde contre le trop grand attachement au mot « vide » :
« Mes amis, dit-il, quand vous m’entendez parler du vide, ne vous accrochez pas, je vous en prie, au vide.
Il est de la première importance de ne pas s’accrocher au vide ».

Marcher sur le chemin du Vide

— Quand tu as tué ton père et ta mère, tu te confesses au Bouddha. Mais quand tu as tué Bouddha, à qui te confesses-tu ?
— Vacuité !

Celui qui sait, ne parle pas.
Celui qui s’exhibe n’existe pas.
Celui qui EST, est silencieux, discret et vide.
Être est l’évidence de Soi-même à soi-même !
Sans aucun intermediaire, serait-ce l’invisible !

L’Être essentiel n’a pas besoin de reconnaissance.
Si le Vide avait besoin d’être vu pour exister, il cesserait d’être le Vide.

L’Être Est ! Et puisqu’IL Est, Il n’a nul besoin de justifier son existence!
Il Est comme s’Il n’était pas.
Il Est comme un point imaginaire.

« Il Est » est d’une telle simplicité qu’il passe inaperçu.
Heureusement !

Rejeter le masque de la « personne » et vivre ouvertement avec le « visage originel »
Face à face… effacé
Vacuité

???
t.0

*Sutra du Coeur
Aller, aller, aller au-delà, au-delà du par delà…

Infinie, elle s’étend encore !

L’infini a toujours posé problème.
Du point de vue du fini, il n’y a pas de réponse. Et du point du vue de l’infini… il n’y pas de question !

Rappel

Je Suis !
Je Suis (est) le Lieu Unique.
Je Suis (est) la Vivante dans la Vie.
Je ne Suis que Commencement sans fin.
Infinie, Je m’étends encore, Absolument !
Je Suis le Mouvement et le Repos
Je Suis Une, indivisible.
Je Suis sans cloison étanche.
Je Suis l’Ouverture de l’Ouvert !
L’Univers est mon Corps.
Stable à l’intérieur de l’infinité de mes mouvements, Je Suis !

???
t.0

Signe, Signifiant, Signifié…
Entendre l’appel, c’est y répondre : Me Voici !

Le Rappel est adressé à un nombre d’Hommes infiniment petit – mais pas insignifiant – qui ne se satisfait pas de l’état de somnambulisme dans lequel est plongée la quasi totalité de l’humanité !

Éveille-toi, et rejoins la révolution. La révolution de la conscience. La révolution de l’évolution.
Eveille-toi ! Car il y a quelque chose qu’il faut faire naître ici, et que le monde n’a pas encore vu.

Veiller est tout.
Photo : ESO

L’idiote dans la grande ville.

Voici l’histoire d’une idiote, ni plus ni moins idiote que cette foule d’idiots avec laquelle elle partage son existence dans cette Ville Lumière…

L’idiot est arrivé un jour dans une grande ville. Il fut véritablement dérouté, et totalement déconcerté par la multitude qui emplissait les rues. Jamais il n’avait vu une cité si vaste, et tout cela l’étourdissait.

« Je me demande comment les gens arrivent à ne pas se perdre de vue eux-mêmes – à se rappeler qui ils sont – dans un endroit pareil ! », murmura-t-il d’un ton rêveur.
Puis il pensa : « Je dois absolument me rappeler de moi-même si je ne veux pas me perdre. »

Troublé et apeuré, il entra précipitamment dans la première auberge de jeunesse qu’il pu trouver, où on lui attribua un lit. Fatigué, il décida de s’allonger dans le dortoir pour faire une sieste, mais le problème se posa à nouveau. Comment se retrouver lui-même lorsqu’il se réveillerait ?
Il fit part de ses préoccupations à son voisin, qui était un redoutable farceur.

« C’est bien simple, dit le plaisantin, voilà un ballon rempli d’air. Attache-le à ta chevile en signe d’identification, et dors tranquille. Quand tu te réveilleras, cherche l’homme au ballon : ce sera toi ! »

« Excellente idée », convint l’idiot. Quelques heures plus tard, l’idiot se réveilla, chercha le ballon et le trouva attaché à la jambe du farceur, paisiblement assoupi. « Cet homme ne peut être que moi », pensa-t-il. Soudain, pris d’une peur frénétique, il se mit à frapper l’autre sans retenue.

« Réveille-toi ! Ton idée n’était pas la bonne ! » Le dormeur ouvrit les yeux en sursaut, et tentant de le calmer, demanda à l’diot ce qui n’allait pas. L’idiot montra alors le ballon attaché à la jambe du farceur.

« À cause de ce ballon, je peux dire que tu es moi. Mais alors, pour l’amour du ciel, si tu es moi, QUI SUIS-JE ? »

Nous sommes tous des enfants du manque.

Nous éprouvons tous une incomplétude foncière, une absence que nous cherchons à combler (sans même forcément le savoir). Le sujet est immense et comporte des variations quasi infinies.

Un manque, si évident qu’il devient son propre voile, est celui de la connaissance de soi. Rares sont ceux qui cherchent à savoir qui ils sont en réalité. Ceux qui posent cette question sont souvent considérés comme « fous », ou dans le meilleur des cas de doux fêlés. Ils dérangent tous et partout. À commencer par les « religions établies », car ayant la certitude de la réponse elles considèrent que la question n’a pas de sens, et qu’elle est susceptible de troubler inutilement les esprits. Néanmoins, ceux qui cherchent l’Être ne veulent, ni ne peuvent ne pas chercher à savoir, car ils disent eux-mêmes qu’ils sont comme un néant, un trou noir, une excentricité qui a besoin de l’Être pour être.

Ce sont ces gens-là qui, depuis la nuit des temps, tel le juif errant, cheminent sur les routes de l’existence à la recherche de leur identité propre, de cet Inconnu qui est soi-même.

La réponse à leur question « Qui suis-je ? » — la seule, à mon avis, qu’il vaille la peine de se poser — ils la disséminent çà et là, tels de petits cailloux, sur tous les chemins de la Vie !

La Vie est partout présente, disent-ils. Partout, il y a des hommes. Tous ces hommes ne sont en vérité qu’un seul et même, toujours le même, du pareil à moi… L’autre aussi, c’est moi. D’ailleurs, tout comme moi, ne dit-il pas « moi » lorsque il s’adresse à soi-même ? Alors, qui est ce moi qui parle, ce moi qui est à la fois « moi » et « non moi » ?

Et qui serait donc ce Super Moi, dont parlent justement les religions : cet être Unique, cet Inconnu, D.ieu ?

Pour les Idiots mystiques, la réponse est simplisssimme. Ayant posé la question tout simplement, ils ont au fil de leurs vagabondages réalisé que se poser la question du moi (« qui suis-je ? ») et la question de l’Être (D.ieu), c’est se poser la même question : de fait, l’apparition de l’un entraîne l’apparition de l’autre, la disparition de l’un entraîne la disparition de l’autre…

L’idiot de l’histoire n’est qu’au début de cette révélation, somme toute si simple…

« Si tu es moi, alors qui suis-je ? »

Si je dis moi et que tu dis moi, le problème reste insoluble. Le problème est donc « Moi ». C’est Moi qui décide que l’être est ailleurs. C’est Moi qui empêche l’Être d’être pleinement. Comme un poisson au milieu de l’océan, Moi s’interroge sur la nature de l’eau et ne voit pas qu’elle l’entoure de toute part.

Et de même qu’il n’y a qu’une seule mer, il n’y a qu’un seul Être, un seul homme. La réponse à la question du moi, à cette quête éperdue d’identité, la seule réponse qui puisse combler le manque, ce trou noir béant qu’est l’existence humaine, ne serait-elle pas simplement : « Je suis Toi, et Toi c’est Moi » ?

À mon sens, c’est une évidence. Nous sommes un seul et même.

Si simple, si proche, si vrai, et si fou, n’est-ce pas?

Il faudrait vraiment être Idiot pour y croire…

???
t.0

*via Idries Shah, maître Soufi
*Nijinsky 1990 – Maurice Béjar / Jorge Donn

Les yeux des poissons portent des larmes*

Selon une très ancienne tradition, « quand souffle le vent solaire » le moment est arrivé de rechercher la Réalité qui est au-delà des apparences de l’être humain.

Nous sentons et ressentons tous que « quelque chose » se passe. Quelque chose sur quoi nous n’avons apparemment aucune prise… Quelque chose se passe… Rien ne va plus. Les jeux seraient-ils déjà faits ?

La terre tremble, les âmes tremblent, le temps s’accélère, pendant que nous nous accrochons à un monde à jamais révolu, à des ombres errantes.

Des milliers d’êtres sont déroutés, empruntent des chemins hostiles, se noient sur des routes maritimes au bout desquelles aucun port ne les attend. Aucune terre pour les sans-terre ? Pas de famille d’accueil pour les membres de la famille, de la seule famille à laquelle nous appartenons tous ?

Absurditas : « Qu’ils restent chez eux ! Chacun chez soi… »

Chacun chez soi dans une Terre appartenant à tous ?
De quel « soi » parlons-nous, lorsque nous servons de soi pour exclure justement soi-même ?
Ne sommes-nous tous des hommes, sur une Terre des hommes ?

Ce qui a été n’est plus, ce qui va être n’est pas encore. Une seule certitude : la mutation ou, mieux, les mutations.

D’un côte l’homme augmenté avec de plus en plus de puissance, de longévité, de droits, et de l’autre l’homme diminué, humilié, chassé, expatrié, enterré ?

Tremblements, secousses, soulèvement de la terre et des hommes. Avons-nous perdu l’équilibre de façon irréversible, ou tout cela n’annonce-t-il rien d’autre qu’un nouvel équilibre, une harmonisation des hémisphères ?

Allons nous, enfin, vers l’émergence d’une réelle humanité, ou sommes-nous en train de nous éloigner définitivement de notre humanité ?

J’aime à penser que la réponse dépend (encore) de chaque un de nous !

J’aime à penser… mais il est fort probable qu’en réalité :

Le vent nous emportera sans qu’aucune trace n’en puisse être trouvée…

En tout état de cause… bénie sois la Vie !

???
t.0

*Basho