j’ai mis longtemps à ôter tous mes masques, mais en enlevant mon dernier masque, j’ai retrouvé l’enfant que j’étais… avant que je ne porte de masques !
Maintenant démasquée, je chevauche le vent
Je m’enivre de vide.
Je nage dans les vagues des brumes irisées
Je m’habille quelque fois d’arc-en-ciel.
La vacuité me comble de joie
Le Rien me remplit de plénitude.
Tu me demandes : « Pour qui te prends-tu ? »
Aucune idée…
Nada !
???
t.0
L’unique Trait du Pinceau – Shitao
On n’écrit pas l’histoire d’un rêve, on s’en éveille.
L’infini a toujours posé problème.
Du point de vue du fini, il n’y a pas de réponse. Et du point du vue de l’infini… il n’y pas de question !
Rappel
Je Suis !
Je Suis (est) le Lieu Unique.
Je Suis (est) la Vivante dans la Vie.
Je ne Suis que Commencement sans fin.
Infinie, Je m’étends encore, Absolument !
Je Suis le Mouvement et le Repos
Je Suis Une, indivisible.
Je Suis sans cloison étanche.
Je Suis l’Ouverture de l’Ouvert !
L’Univers est mon Corps.
Stable à l’intérieur de l’infinité de mes mouvements, Je Suis !
???
t.0
Signe, Signifiant, Signifié…
Entendre l’appel, c’est y répondre : Me Voici !
Le Rappel est adressé à un nombre d’Hommes infiniment petit – mais pas insignifiant – qui ne se satisfait pas de l’état de somnambulisme dans lequel est plongée la quasi totalité de l’humanité !
Éveille-toi, et rejoins la révolution. La révolution de la conscience. La révolution de l’évolution.
Eveille-toi ! Car il y a quelque chose qu’il faut faire naître ici, et que le monde n’a pas encore vu.
Voici l’histoire d’une idiote, ni plus ni moins idiote que cette foule d’idiots avec laquelle elle partage son existence dans cette Ville Lumière…
L’idiot est arrivé un jour dans une grande ville. Il fut véritablement dérouté, et totalement déconcerté par la multitude qui emplissait les rues. Jamais il n’avait vu une cité si vaste, et tout cela l’étourdissait.
« Je me demande comment les gens arrivent à ne pas se perdre de vue eux-mêmes – à se rappeler qui ils sont – dans un endroit pareil ! », murmura-t-il d’un ton rêveur.
Puis il pensa : « Je dois absolument me rappeler de moi-même si je ne veux pas me perdre. »
Troublé et apeuré, il entra précipitamment dans la première auberge de jeunesse qu’il pu trouver, où on lui attribua un lit. Fatigué, il décida de s’allonger dans le dortoir pour faire une sieste, mais le problème se posa à nouveau. Comment se retrouver lui-même lorsqu’il se réveillerait ?
Il fit part de ses préoccupations à son voisin, qui était un redoutable farceur.
« C’est bien simple, dit le plaisantin, voilà un ballon rempli d’air. Attache-le à ta chevile en signe d’identification, et dors tranquille. Quand tu te réveilleras, cherche l’homme au ballon : ce sera toi ! »
« Excellente idée », convint l’idiot. Quelques heures plus tard, l’idiot se réveilla, chercha le ballon et le trouva attaché à la jambe du farceur, paisiblement assoupi. « Cet homme ne peut être que moi », pensa-t-il. Soudain, pris d’une peur frénétique, il se mit à frapper l’autre sans retenue.
« Réveille-toi ! Ton idée n’était pas la bonne ! » Le dormeur ouvrit les yeux en sursaut, et tentant de le calmer, demanda à l’diot ce qui n’allait pas. L’idiot montra alors le ballon attaché à la jambe du farceur.
« À cause de ce ballon, je peux dire que tu es moi. Mais alors, pour l’amour du ciel, si tu es moi, QUI SUIS-JE ? »
Nous sommes tous des enfants du manque.
Nous éprouvons tous une incomplétude foncière, une absence que nous cherchons à combler (sans même forcément le savoir). Le sujet est immense et comporte des variations quasi infinies.
Un manque, si évident qu’il devient son propre voile, est celui de la connaissance de soi. Rares sont ceux qui cherchent à savoir qui ils sont en réalité. Ceux qui posent cette question sont souvent considérés comme « fous », ou dans le meilleur des cas de doux fêlés. Ils dérangent tous et partout. À commencer par les « religions établies », car ayant la certitude de la réponse elles considèrent que la question n’a pas de sens, et qu’elle est susceptible de troubler inutilement les esprits. Néanmoins, ceux qui cherchent l’Être ne veulent, ni ne peuvent ne pas chercher à savoir, car ils disent eux-mêmes qu’ils sont comme un néant, un trou noir, une excentricité qui a besoin de l’Être pour être.
Ce sont ces gens-là qui, depuis la nuit des temps, tel le juif errant, cheminent sur les routes de l’existence à la recherche de leur identité propre, de cet Inconnu qui est soi-même.
La réponse à leur question « Qui suis-je ? » — la seule, à mon avis, qu’il vaille la peine de se poser — ils la disséminent çà et là, tels de petits cailloux, sur tous les chemins de la Vie !
La Vie est partout présente, disent-ils. Partout, il y a des hommes. Tous ces hommes ne sont en vérité qu’un seul et même, toujours le même, du pareil à moi… L’autre aussi, c’est moi. D’ailleurs, tout comme moi, ne dit-il pas « moi » lorsque il s’adresse à soi-même ? Alors, qui est ce moi qui parle, ce moi qui est à la fois « moi » et « non moi » ?
Et qui serait donc ce Super Moi, dont parlent justement les religions : cet être Unique, cet Inconnu, D.ieu ?
Pour les Idiots mystiques, la réponse est simplisssimme. Ayant posé la question tout simplement, ils ont au fil de leurs vagabondages réalisé que se poser la question du moi (« qui suis-je ? ») et la question de l’Être (D.ieu), c’est se poser la même question : de fait, l’apparition de l’un entraîne l’apparition de l’autre, la disparition de l’un entraîne la disparition de l’autre…
L’idiot de l’histoire n’est qu’au début de cette révélation, somme toute si simple…
« Si tu es moi, alors qui suis-je ? »
Si je dis moi et que tu dis moi, le problème reste insoluble. Le problème est donc « Moi ». C’est Moi qui décide que l’être est ailleurs. C’est Moi qui empêche l’Être d’être pleinement. Comme un poisson au milieu de l’océan, Moi s’interroge sur la nature de l’eau et ne voit pas qu’elle l’entoure de toute part.
Et de même qu’il n’y a qu’une seule mer, il n’y a qu’un seul Être, un seul homme. La réponse à la question du moi, à cette quête éperdue d’identité, la seule réponse qui puisse combler le manque, ce trou noir béant qu’est l’existence humaine, ne serait-elle pas simplement : « Je suis Toi, et Toi c’est Moi » ?
À mon sens, c’est une évidence. Nous sommes un seul et même.
Si simple, si proche, si vrai, et si fou, n’est-ce pas?
Selon une très ancienne tradition, « quand souffle le vent solaire » le moment est arrivé de rechercher la Réalité qui est au-delà des apparences de l’être humain.
Nous sentons et ressentons tous que « quelque chose » se passe. Quelque chose sur quoi nous n’avons apparemment aucune prise… Quelque chose se passe… Rien ne va plus. Les jeux seraient-ils déjà faits ?
La terre tremble, les âmes tremblent, le temps s’accélère, pendant que nous nous accrochons à un monde à jamais révolu, à des ombres errantes.
Des milliers d’êtres sont déroutés, empruntent des chemins hostiles, se noient sur des routes maritimes au bout desquelles aucun port ne les attend. Aucune terre pour les sans-terre ? Pas de famille d’accueil pour les membres de la famille, de la seule famille à laquelle nous appartenons tous ?
Absurditas : « Qu’ils restent chez eux ! Chacun chez soi… »
Chacun chez soi dans une Terre appartenant à tous ?
De quel « soi » parlons-nous, lorsque nous servons de soi pour exclure justement soi-même ?
Ne sommes-nous tous des hommes, sur une Terre des hommes ?
Ce qui a été n’est plus, ce qui va être n’est pas encore. Une seule certitude : la mutation ou, mieux, les mutations.
D’un côte l’homme augmenté avec de plus en plus de puissance, de longévité, de droits, et de l’autre l’homme diminué, humilié, chassé, expatrié, enterré ?
Tremblements, secousses, soulèvement de la terre et des hommes. Avons-nous perdu l’équilibre de façon irréversible, ou tout cela n’annonce-t-il rien d’autre qu’un nouvel équilibre, une harmonisation des hémisphères ?
Allons nous, enfin, vers l’émergence d’une réelle humanité, ou sommes-nous en train de nous éloigner définitivement de notre humanité ?
J’aime à penser que la réponse dépend (encore) de chaque un de nous !
J’aime à penser… mais il est fort probable qu’en réalité :
Le vent nous emportera sans qu’aucune trace n’en puisse être trouvée…
Temps ouvert, espace ouvert, silence infini, stupéfaction multidimensionnelle.
Flamboiements du soleil de minuit.
Danse, ô atone, danse !
Qu’attends-tu pour faire danser tes atomes ?
Des flammes vivaces surgissent les filles du feu
Danse, ô atone, danse !
Prends le feu de ton éternel promise
Fiance-toi à toi-même !
Comme luit le soleil dans une goute d’eau… comme se manifeste l’esprit vêtu d’une étoffe de vent invisible, Tu pénètres en tout et partout, doucement, tendrement, amoureusement, ô Divine Bonté !
Murmure
La véritable essence de l’être humain est la Bonté. D’Elle vient toute merveille, et sa puissance est totale. Elle est le Bien suprême, l’Essence de tout ce qui est, fut et sera. Elle est la Vérité, la Réalité et la Beauté. Elle est la Vie, l’Authentique, la Vraie.
Salut par milliards de saluts, à la Pure Bonté gracieuse, gratuite, Intelligence Suprême du cœur aimant. Discrète et Sécrète, qui n’attend, dans l’intime de Soi-même, aucune récompense en retour.
Grâce sur Grâce !
???
t.0
La Divine Douceur
La divine douceur est paix, profonde paix, paix miséricordieuse, apaisement.
C’est une main douce et maternelle, qui sait, qui conforte, qui répare sans heurt, qui remet dans la juste place.
C’est un regard comme celui de la mère sur l’enfant naissant. C’est une oreille attentive et discrète, que rien n’effraie, qui ne juge pas, qui prend toujours le parti du bon chemin d’homme, où l’on pourra vivre même l’invivable.
Elle est ferme comme la bonne terre sur qui tout repose. On peut s’appuyer sur elle, peser sans crainte. Elle est assez solide pour supporter la détresse, l’angoisse, l’agression, pour tout supporter sans faiblir ni dévier. Elle est constante comme la parole du père qui ne plie pas. Ainsi est-elle le lieu sûr où je cesse d’être à moi-même frayeur.
C’est pourquoi c’est sottise de la croire faiblesse. Elle est la force même, la vraie, celle qui fait venir au monde et fait croître. L’autre, celle qui détruit et tue, n’est que l’orgie de la faiblesse.
Mais la divine douceur est une douce fermeté, car pas un instant elle ne blesse le cœur, elle ne meurtrit ce qui est au cœur de l’homme, où il trouve vie.
La divine douceur sauve tout, elle vient tout sauver. Elle ne désespère jamais de personne. Elle croit qu’il y a toujours un chemin. Elle est inlassablement inlassable à enfanter, soigner, nourrir, réjouir et conforter.
La divine douceur est charnelle, elle est du corps. Elle ne se passe pas en idées et discours, en décisions, en états d’âme. Elle ne se soucie pas d’exhorter ou d’expliquer.
Elle est dans les mains, le regard, les lèvres, l’oreille attentive, le visage, le corps entier. Elle est dans les gestes du corps. Elle est l’âme aimante du corps agissant. Elle est la beauté aimante du corps humain.
La divine douceur est sans preuve. Elle ne se donne pas par des arguments, des explications, des justifications. Elle paraît naïve et désarmée devant le soupçon ; en fait, elle y est indifférente.
Car elle se goûte.
Pourquoi divine ? Parce qu’elle ne serait pas humaine ? C’est tout l’inverse : elle est divine d’être humaine, entièrement humaine en vérité.
Elle est l’amour d’amitié. Elle est l’amour par-delà l’amour, parce qu’elle ne cherche ni preuve, ni satisfaction, ni possession, ni rien de semblable. Elle ne se donne pas par devoir, mais par goût. Elle ne sait même pas qu’elle se donne. Elle est d’un naturel exquis.
Elle peut se faire service, et de mille façons. Mais elle est d’abord elle-même, ô douceur divine, et ce don-là précède tous les autres.
Elle est présence, elle est hospitalité, elle est parole échangée. Elle est compassion. Elle est la discrétion même.
Oh, qu’elle est désirable ! Elle est le sel de la vie.