Vagabondage au cœur du vide

Je suis dès l’origine la Vacuité absolue.
Où la poussière pourrait-elle se déposer ?
*

Quand le vent solaire souffle…

Rentre en toi

au lieu où il n’y a rien

et prends garde que rien n’y vienne !

Pénètre au-dedans de toi

jusqu’au lieu où nul penser n’est plus

et prends garde que nul penser ne s’y lève !

Là où rien n’est,

le Plein !

Là où rien n’est vu,

Vision de l’Etre !

Là où rien n’apparaît plus,

apparition du Soi

Cela même qui n’a pas de forme ! **

La forme n’est pas différente de la vacuité. La vacuité n’est pas différente de la forme. La forme est vacuité et la vacuité est forme***

Luminescence
L’essence de l’Ouvert se dévoile seulement à celui qui devient un véritable zéro dans le monde .

Point zéro ?!
Le point est plus petit que tout ce qui est mesurable, et n’est plus grand que rien. Il est de taille nulle, mais il n’est pas « rien ». Il est comme la conscience immédiate.

On ne peut rien lui ôter. Et si on l’ôte, il n’y a plus rien.
Étant de taille nulle, il ne peut rien contenir. Pourtant il n’est pas vide, puisqu’il se contient lui-même et s’emplit entièrement de lui-même. Nul espace ne l’habite… mais il est le fondement de l’espace. N’ayant nulle extension, il est sans forme, et semblable à lui seul.

Vacuité
La vacuité ne vide pas les choses de leur contenu, elle est leur véritable nature.

La vacuité, c’est l’expérience de l’Être comme Ouvert !

L’appeler « être » est une erreur. L’appeler « non-être » est également une erreur. Il vaut mieux éviter toute description, toute appellation.

Et…
Puisque personne ne va nulle part, puisque la « personne » n’existe pas, et que le monde étant un tout, on ne peut aller « nulle part », il s’agit seulement d’être pleinement au monde, un monde vide de distinctions. Unifié. Vivre et voyager ainsi, c’est suivre le chemin du vide. Le chemin du pur Amour !

t.0 ????

* Houei-Neng
** Pensée Zen Soufi
*** Sutra du Coeur
**** Sûnyavâda

Photo : Sushicam

13 réflexions sur “Vagabondage au cœur du vide

  1. En topologie usuelle, seuls deux ensembles de points sont à la fois ouverts et fermés : d’une part, l’espace entier, l’ensemble maximal, contenant tous les éléments, et d’autre part, ce qu’on appelle « l’ensemble vide », minimal, n’en contenant aucun.

    En vous lisant, chère femme aux semelles de vent, je réalise qu’il y a deux manières différentes d’envisager le point : le point ouvert, et le point fermé…

    On pense généralement au point comme à l’élément d’espace élémentaire : dans la perspective des ensembles, c’est l’ensemble contenant un seul élément – le singleton, comme on dit –, et du point de vue topologique cet ensemble est un ensemble fermé.

    Mais votre point à vous, hôte de grâce à la voix de flûte éthérée, est ouvert.

    Il me semble – et ce n’est sans doute pas un hasard ! – que c’est précisément l’ensemble vide qui résout la tension susceptible d’exister entre cette perception métaphysique et la pénétration mathématique. Car vous parlez de « point zéro » : ce point qui n’est pas véritablement – ce point qui n’est point ! 😉 –, mais qui est cependant ce qu’il est, ouvert et vacuité, est le corps même de cet « ensemble vide » dont les mathématiciens s’émerveillent toujours de retrouver, dans des contextes et sous des formes sans cesse renouvelés, l’élégance exceptionnelle de la nature et de l’usage.

    Le « point zéro » que vous indiquez, ce n’est pas le point en acte, affirmé, manifesté, fermé, mais la possibilité du point. Ce n’est pas encore un point, mais c’est déjà un ensemble topologique, une possibilité d’être un point. Une « possibilité d’être » indéterminée, mais qui se détermine dans cette possibilité même. Sans substance, mais qui se substantialise dans son insubstantialité même…
    Un ensemble vide de contenu, mais qui, devenant son propre contenu, devient alors le premier point, le premier contenu qui n’est autre que la vacuité même.

    Or ce point-là – merci à vous de nous le montrer ainsi ! – est ouvert et fermé : ouvert dans son essence, qui est indétermination, promesse d’être et potentialité sans forme, et fermé dans sa manifestation singulière, dans la vérité de cet en-soi qui est sa propre plénitude, ouverte ainsi à sa totalité.

    Disparaissant à lui-même, le point manifesté, fermé, devient ensemble vide, et s’ouvre ainsi à sa propre réalité : le point zéro, l’Ouvert !

  2. @Etienne: les anciens rabbins disaient : Quand le Saint – béni Soit-Il – a voulu se manifester, Il se concentra en un point…

  3. Retrouver le regard clair et innocent quand le grand usurpateur, fardé comme une courtisane, le moi et sa cour d’images, finit par abdiquer son trône, un jour, pour simplement devenir le « point zéro » ?

  4. Point
    du
    Tout
    et
    de Rien

    Je comprends
    sans comprendre…

    Comment dire ?

    J’entends comme
    dans un Rêve
    Votre voix qui
    me souffle avec
    Douceur et
    Bienveillance

    le chant
    du Point
    qui Est sans
    Être

    et Cela résonne
    comme une Vérité
    qui vas droit à ce qui est
    le plus vrai
    en moi

    Quel homme chanceux
    que je
    Suis.

    Merci infiniment, Chère Femme aux semelles de vent!

  5. Tel le bambou, dans sa verticale aspiration, vidée de tout contenu mais pas creux
    tout empli de Vide, inspiration, traversée du chant de la flûte
    Respiration de l’Etre

  6. J’aime ce chemin de bambous qui n’est pas un chemin de bambous.
    Pour autant que je puisse en saisir une brindille.
    Votre voix, moins qu’un zéphyr, qui est encore quelque chose, parle la langue du cœur. Et le cœur ouvert «peut entendre» (parce qu’il n’a pas d’argument qui va à l’encontre de son intention ?)

    Il y a un écho très ancien qui me vient. Je ne sais pas dire.
    Sobriété lumineuse de Celle qui veille.
    Inclinaison…

  7. Point-Zéro: et puis … le soleil de son Coeur … et puis cette Vision qui accompagne et tout embrasse sans distinction … Libéré, Lumière de sa Lumière Il va où le vent le conduit, il parle, il vit … il sème … il demande et la voix repond …Il est là … pour Chacun … quelle douceur indicible … la seule Vie, mon Dieu!
    Merci …

  8. « Ce point est la montagne
    à gravir,
    comprenne qui pourra !
    La voie te conduit
    au Désert admirable
    qui au large et au loin
    déployé sans limite
    hors du lieu- hors du temps-
    se suscite en Lui-même
    parfait de Son seul Être »

    Maître Eckhart

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