Israël-Gaza : devoir d’insolence

Égarés, perdus, étrangers à eux-mêmes (et aux autres !), certains hommes aujourd’hui n’ont plus le moindre repère… mais hélas ils n’en cherchent pas non plus, certains qu’ils sont d’être parfaitement établis dans la réalité indiscutable, ayant trouvé le repère ultime, le bon, le seul, l’unique : le manichéisme. Non pas le manichéisme ontologique, médité et argumenté, enseigné par Mani, qui invitait ses adeptes à surmonter le royaume des ténèbres par l’accroissement de l’intensité de la lumière. Leur manichéisme à eux, celui qui exclut, qui décrète qu’il y a les hommes de bien d’un côté et les hommes du mal de l’autre, n’a rien à voir avec celui de Mani qui préconise la douceur, la bienveillance, et de ne pas s’opposer au mal en se croyant hors du mal, mais au contraire en se reconnaissant aussi en lui, et lui en nous, en acceptant sa réalité et sa prise sur nous-même afin de le transformer, le rédimer. Une proposition toute Christique, donc, car ce qui s’esquisse là c’est déjà l’Amour comme rédempteur de l’espèce humaine !

Mais je n’ai pas l’âme métaphysique, cette nuit… J’ai plutôt l’âme d’un oiseau blessé par le refus de ses congénères à prendre leur envol (on voit tellement plus clair d’en haut !), et qui leur demande sans cesse : « Pourquoi ne voles-tu pas ? Quel est donc le poids qui t’empêche de voler avec moi ? Qui t’oblige à rester inerte sur la Terre ? »*

Face à cette déferlante « manichéiste » qui souffle un peu partout, notamment autour de ce fameux conflit israélo-palestinien, face à cette vague incontrôlée qui procure à tous ceux dont elle s’empare une si bonne conscience et l’absolue conviction de détenir la Vérité, d’agir en détenteurs et représentants exclusifs du Bien en défendant à cor et à cri non pas les palestiniens, mais le Hamas (comme si sa Charte n’était pas suffisamment éloquente sur le projet de société qui est le sien), contre un Axe du Mal Absolu incarné par les juifs (comme s’ils ne souffraient pas aussi, soit dit en passant, de cette situation terrible), face à cette certitude indiscutable que « les juifs » ne poursuivent qu’un seul but, celui de tuer, de massacrer, d’exterminer gratuitement des innocents, par simple application de leur nature foncièrement inhumaine, face à tout cela, c’est un fait, l’humain en moi est effrayé, terriblement effrayé !

Non pas pour « moi », mais pour la Bonté Humaine, la Bienveillance Humaine, la Fraternité Humaine, la Vie !

Quelle réponse proposer, quel argument apporter aux Gens du Bien, à tous ceux qui ne doutent pas un seul instant d’être les détenteurs de la vérité, du jugement juste, du bien ? Que dire aux bons, aux toujours bons, immobiles dans leur certitude et tellement satisfaits de ce confortable manichéisme, citoyens d’un monde où l’opinion dicte la vérité aux faits, et pour qui l’univers se divise en deux camps essentiellement inconciliables ? Dans un tel monde, ceux qui n’agissent pas guidés par la seule émotion, qui cherchent et qui doutent, qui tentent de dépasser le simplisme binaire et d’analyser les enjeux et les valeurs défendues par les uns et les autres, tout en tenant compte des conditions locales spécifiques, ceux-là sont considérés d’office comme ennemis de l’humanité, incapables de compassion et réfractaires à la justice et à l’évidence du Bien.

Il est vrai que ce monde de l’image et du zapping dans lequel nous vivons prédispose davantage à la propagande émotionnelle qu’à la réflexion. Quand le « choc des photos » tient lieu d’argument, le discours s’arrête. Mais la justice et la raison s’en trouvent-elles nécessairement renforcées ? Et la recherche des responsabilités, nécessairement partagées et mutuelles, s’en trouve-t-elle facilitée ?

Et les souffrances des êtres humains engendrées par la guerre dédouanent-elles nécessairement ceux qui les dirigent de toute faute et de toute responsabilité, et doivent-elles faire oublier la teneur des idées qu’ils promeuvent ?

Le monde est en guerre, le monde souffre, partout (ou presque), les crises se propagent, s’amplifient et se multiplient. Ce n’est pas le moment d’abdiquer de notre intelligence, de notre raison et de l’universalité de notre humanisme !

Il semble hélas qu’en France, lorsqu’il s’agit de la Palestine, la mesure fasse systématiquement défaut. Pourquoi ?

Est-ce parce que regarder en face ce que le Hamas projette, et risquer d’y voir la négation de tout ce que le siècle des lumières nous a légué, remettrait en cause trop de certitudes et de vérités automatiques ? Est-ce parce qu’il est tout de même difficile d’accepter de trahir ouvertement le meilleur de nous-même, et qu’il est dès lors plus aisé, pour continuer à penser de façon binaire, d’occulter la réalité du Hamas ?

Est-ce parce qu’il est devenu inconvenant et presque scandaleux de dire que, même si Israël aussi a tort, comme tous et comme chacun, il lui arrive aussi d’avoir raison et de mener un combat qui, sur le fond, est utile aux valeurs universelles ?

S’il est un message qu’il me paraisse important de faire passer, en cette circonstance comme en de nombreuses autres, c’est que rien n’est plus dangereux, humainement parlant, que de se considérer comme détenteur de la vérité, comme représentant du bien et de la justice. Il n’y a pas, sur cette Terre, de lumière sans ténèbres. Il n’y a pas d’innocents absolus, ni de coupables absolus. Chercher ce qui nous unit plutôt que, systématiquement, ce qui nous divise : telle est à mon avis la seule solution qui nous reste pour que demain existe encore.

Humainement, donc imparfaitement vôtre,
t.0 ????

t.

« *Ainsi parlait Zarathoustra 


Sinfonia concertante by Mozart, Oistrakh David and Igor Movt 1
Dialogue. L’alto répond au violon.

18 réflexions sur “Israël-Gaza : devoir d’insolence

  1. Grâce vous soit rendu de porter haut et fort une autre voix, dans cet assourdissant consensus des « bien pensants », que celle, unique et sans issue aucune, si, comme vous le dîtes, on ne recherche pas vraiment à regarder la situation, à comprendre, mais juste à se donner bonne conscience, en se croyant toujours et encore « du bon côté »…
    Cette voix/voie que vous portez, de la Bienveillance, de l’Humanité incarnée, n’est pas la bienvenue par les temps qui courent … elle n’est pas politiquement correcte.. et, personnellement, je suis révoltée et fatiguée d’entendre toujours le même son de cloche, le sens unique absolu de la pensée pseudo manichéenne, comme vous l’expliquez, qui semble se repaître de la division, de la provocation …
    Non, il n’y a pas les gentils d’un côté (Palestiniens, Hams ..) et les méchants de l’autre ( le Juifs, Israel ..), et il faut le dire, comme vous faites, car je n’entends pas beaucoup d’intellectuels, de journalistes etc .. apporter cet autre son de cloche…. Oui, il faut du coeur et du courage pour le dire et je vous en remercie.

  2. ???Pourquoi ne voles-tu pas ? Quel est donc le poids qui t’empêche de voler avec moi ? Qui t’oblige à rester inerte sur la Terre ????

    « Faut avoir de sacrés reins pour oser être une plume »
    (Jean-Marie Barnaud (Au rique de flotter dans Etats provisoires du poème V)

  3. « Parti pris

    Je sais la mort, le vide, l’angoisse suante.
    Je pourrais hurler au mal, à la nuit.
    Crier le temps à l’œuvre en moi:
    la lente corruption des sources,
    la chair qui se défait
    et le cœur qui s’effrite.
    Les pans d’ombre dévorant le soleil*
    et la vie s’échappe et fuit par toutes les issues.
    Les espoirs mort-nés,
    les soifs mal étanchées.
    Les folies douces et noires,
    les suicides rêvés,
    et l’usure de l’être,
    la solitude, le gel de l’âme,
    les illusions fanées,
    les amours avortées.

    Je dis la beauté du monde toujours offerte,
    là, sous mes doigts, sous mes yeux.
    La joie pudique et la fête sans lendemain.
    L’espérance apprise,
    la sève obstinée,
    la chanson patiente.
    Les instants d’éternité et l’éternité entrevus.
    L’aventure inouïe d’un réveil,
    le jaillissement de la création
    et l’intervention de l’amour.
    Le bonheur surpris et la mort apprivoisée.

    Je ne maudirai pas les ténèbres,
    je tiendrai haut la lampe. »

    (Colette Nys-Mazure-Feux dans la nuit I La vie à foison)

  4. …et là, moi, petitement,
    pour reprendre souffle
    en un troisième temps
    je veux
    marquer un temps de silence
    réellement

    fraternellement…

  5. HAMAS CRIMINEL, ISRAËL PAS INNOCENTE (Rama Yade)

    La secrétaire d’Etat française aux Droits de l’Homme Rama Yade a déclaré qu’il fallait mettre un terme à la « martyrisation de Gaza » et sa « situation humanitaire désastreuse » dont le Hamas est « en grande partie responsable » en raison de son « comportement criminel ».

    « La deuxième semaine de guerre vient de s’achever. Le Hamas est en grande partie responsable de cette situation, mais Israël n’est pas tout à fait innocent et je crois qu’il est normal qu’on demande que la martyrisation de Gaza cesse », a déclaré Mme Yade sur une radio de la communauté juive, radio J.

    A Gaza, la population est « aujourd’hui prise au piège entre les belligérants », a expliqué Mme Yade, insistant sur le fait que « la situation qui prévaut aujourd’hui » dans le territoire palestinien « est absolument intolérable, inacceptable, inadmissible ».

    http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2009/01/11/01011-20090111FILWWW00074-hamas-criminel-israel-pas-innocent-yade.php

  6. Le Hamas, une « armée » de 16 000 hommes
    http:/lemonde.fr/la-guerre-de-gaza/portfolio/2009/01/07/le-hamas-une-armee-de-16-000-hommes_1139046_1137859.htm

  7. On nous parle de disproportion. Effectivement on peut en parler, d’abord au niveau des intentions. 100% des roquettes du hamas sont destinées à tuer des civils.
    Ensuite au niveau des actes. Vous avez d’un côté des militaires israéliens qui protègent la population civile ce qui semble logique et de l’autre des civils qui servent de protection aux miliciens.
    Vous avez d’un côté un état démocratique qui a pour souci de construire des abris où les femmes et les enfants peuvent se protéger (à la condition qu’ils courent vite) de l’autre des chefs terroristes qui construisent des tunnels non pas pour protéger la population mais pour y organiser un trafic d’armes, de munitions, de roquettes.
    Et après on s’étonne qu’il y ait plus de victimes d’un côté que de l’autre. Les armes sont ce qu’elles sont, artisanales au début et de plus en plus perfectionnées mais de toute façon destinées à TUER. Et si le hamas disposait d’armes plus destructrices, il faudrait être d’une extraordinaire mauvaise foi pour penser qu’il ne les utiliserait pas !

  8. Merci d’avoir le courage de témoigner, en essayant d’être nuancée, c’est si difficile.

    Je suis mal à l’aise, très mal à l’aise, avec cette nouvelle page du conflit. Parce que l’on ne parvient pas à régler ce problème, que ces deux peuples n’arrivent pas à coexister pacifiquement. Les images de victimes me touchent, bien sûr. On ne peut pas s’arrêter à un constat émotionnel, d’un conflit qui a des racines politiques (bien plus que religieuses). Soutenir le peuple palestinien dans sa détresse est une chose et vouloir leur apporter de l’aide humanitaire, mais soutenir le Hamas et donc soutenir ses idées et pour moi totalement d’une autre nature.

    Or, c’est tout le problème, c’est que le discours autour du conflit (quasi permanent) au Proche-Orient s’est radicalisé. Et il s’est installé en France. Dans notre pays, des proPalestiniens modérés, se sont rapprochés pas à pas du Hamas. Dans les manifestations, ils défilent aux côtés de drapeau du Hamas avec tous les slogans que l’on connaît. (Rappelons que le Hamas veut la destruction d’Israël).

    Les modérés ont chuté, ils n’ont pas tenu, et se sont rangés aux côtés des plus extrémistes. Et qu’arrive-t-ils dans ces cas-là ? On stigmatise l’adversaire qui devient un ennemi, on radicalise son discours et donc sa pensée, oubliés les Israéliens laïques, oubliés les Israéliens qui ont toujours soutenu les efforts de paix, oubliés les attentants dont ils sont victimes, les tirs de missile, les morts de leur côté et toutes les nuances politiques qui composent le paysage d’un pays démocratique sont réduites à néant : ils sont tous Israéliens, cela suffit à les condamner. Mais on ne dit plus le mot Israélien, peut-être parce que dire Israélien, c’est reconnaître de fait l’existence d’Israël, alors on pense très fort, non plus les Israéliens, mais les Juifs, (tous les Juifs !), et pour prendre soin de ne pas être condamnés pour antisémitisme, on les dit «les sionistes». On détourne les mots, on réduit les nuances pour leur accoler la couleur noire, la couleur du mauvais.

    Le plus inquiétant ici, c’est qu’il est aujourd’hui très difficile de discuter de tout ça, on ne peut plus dialoguer, les positions sont trop violentes. Et quand on ne plus discuter, cela est très inquiétant.

    Aujourd’hui, en France, on entend dire des choses sur les Juifs que l’on n’aurait jamais imaginées, il y a dix ans. Cela veut dire que c’est profond, que les verrous ont sauté. Et on stigmatise, on se réapproprie des mots historiques pour les galvauder. Ces propos racistes que l’on entend ci et là sont choquants, si on dit propos antisémites, justement, on connote, alors disons propos racistes, justement pour ceux qui répondent que certains distinguent l’antisémitisme du racisme. Cette pente est mauvaise, très mauvaise. L’antisémiste ambiant est palpable.

    L’ex-comique Dieudonné est, en France, le symptôme de cette dérive radicalisante. Beaucoup de ceux qui défendaient, il y a quelques années : la laïcité, les droits de l’homme, les droits des femmes et des homosexuels, marchent aux côtés de ces propalestiniens violents et radicaux aux préceptes profondément antihumanistes.

    Au bout du compte, les positions ont tellement dérivé, que ce qui se joue derrière tout ça touche même aux principes fondamentaux de la démocratie. Je m’étonne moi-même de reconnaître aujourd’hui que les États-Unis l’ont toujours dit et que je ne les croyais pas vraiment. Il faut défendre la démocratie et la liberté et avoir le courage de réfléchir réellement sur son conflit et de regarder en face tout ce qu’il entraine aujourd’hui, d’un point de vue idéologique. Non, on n’a pas besoin d’être juif pour s’inquiéter. J’espère que les batailles vont cesser à Gaza, mais j’espère aussi que les palestiniens pourront un jour se libérer du Hamas.

    La seule solution, il faut le dire et répêter : deux peuples, deux États.

  9. «Ma compassion va aux civils palestiniens»

    Comment la communauté juive de France doit-elle se positionner par rapport à Israël et, plus particulièrement, sur le conflit en cours à Gaza ?
    Les juifs de France considèrent avec angoisse les combats qui font rage à Gaza. Ils sont très nombreux à avoir des proches en Israël et tremblent à l’idée des victimes et des soldats qui, à l’image de Guilad Shalit, pourraient être enlevés. Mais un autre facteur les tourmente et je voudrais le faire comprendre à partir du récit biblique. Lorsque Jacob va à la rencontre de son frère Esaü dont il apprend qu’il est armé jusqu’aux dents, le verset dit que Jacob eut peur et qu’il fut effrayé. Tous les commentateurs s’interrogent sur cette répétition et concluent qu’il eut peur d’être tué mais qu’il eut plus peur encore d’avoir à tuer. Ma compassion, comme celle de tous mes coreligionnaires, s’étend aux populations civiles palestiniennes et je regrette que les guerriers du Hamas soient entrés dans une folie meurtrière qui les dépasse et les broie.

    Gilles Bernheim, 56 ans, Grand Rabbin de France.

    http://www.lefigaro.fr/debats/2009/01/12/01005-20090112ARTFIG00272-bernheim-ma-compassion-va-aux-civils-palestiniens-.php

  10. Comment la communauté juive de France doit-elle se positionner par rapport à Israël et, plus particulièrement, sur le conflit en cours à Gaza ?

    Neuf cocktails Molotov lancés dimanche soir contre la synagogue à Saint-Denis
    (AFP)Neuf cocktails Molotov ont été lancés dimanche soir contre le centre communautaire juif Ohr Menahem et la synagogue à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), dont deux ont provoqué un début d’incendie dans la cafétéria, a précisé lundi à l’AFP le parquet de Bobigny.
    Lundi 12 janvier 2009

  11. Militairement, quand le faible se bat contre le fort, il sait que ce sera très douloureux. Si, vaincu, il choisit néanmoins de poursuivre le combat, il sait que ce sera très, très, très douloureux. Je peux imaginer deux raisons de mener un tel combat, en dépit de ses conséquences : 1) l’espoir que le fort se convaincra finalement que sa cause est mauvaise ou inutile et qu’il décidera de lui-même de capituler, en dépit de sa supériorité militaire, et 2) la conviction que ce combat est juste par essence et que ses conséquences importent peu au regard de sa légitimité foncière (par exemple, lorsqu’on estime se battre pour des valeurs fondamentalement plus humaines, que l’on résiste à la barbarie, ou pour la connaissance face à l’ignorance, et qu’il n’y a aucun autre moyen de faire valoir sa cause).

    Dans le cas présent, il me semble que chacun peut comprendre qu’Israël n’a pas de raisons particulières de penser que la cause qu’il défend contre le Hamas, c’est-à-dire la cause de sa propre existence et de la pérennité de ses valeurs, soit mauvaise ou inutile. Il n’y a donc aucune chance que les israéliens décident finalement de quitter leur terre et de partir chacun de leur côté, ailleurs, loin, où l’on voudra bien les accueillir.

    Il reste donc l’autre raison, celle de la cause fondamentalement juste, que l’on place au-delà de la victoire ou de la défaite militaire, et sans commune mesure avec la réalité des rapports de force effectifs sur le terrain. La cause palestinienne, réclamant un état et la possibilité de développer une économie ouverte au sein d’un environnement paisible, est éminemment juste, et doit à ce titre être défendue et favorisée par tous. Fort heureusement, autant que je sache, cette cause n’est pas seulement la cause du Fatah et d’une majorité de palestiniens : elle est également défendue par l’immense majorité des israéliens !

    En revanche, la cause défendue par le Hamas, à savoir par exemple l’élimination pure et simple Israël, la négation de certains droits fondamentaux des individus, l’inégalité foncière des hommes et des femmes, avec bien sûr la soumission de ces dernières, l’établissement d’un régime islamiste qu’il serait vraiment difficile de ne pas qualifier de totalitaire, etc., ne devrait pas pouvoir être jugée particulièrement juste et inaliénable par des observateurs un tant soit peu éclairés. Le Hamas, lui, peut bien sûr croire sa cause parfaitement juste et légitime, et l’on comprend aisément que cela puisse le conduire à poursuivre un combat déséquilibré et extrêmement douloureux pour tout un peuple, tout simplement parce que, dans ce contexte, son infériorité militaire ne prouve ni ne signifie absolument rien. Mais dans ce cas, c’est en connaissance de cause, et les conséquences de la poursuite de cet objectif ne devraient-elles pas être perçues comme étant d’abord et avant tout de leur propre responsabilité ?

    J’ose croire encore que le peuple palestinien, en dépit de sa souffrance atroce, de la propagande permanente qu’il subit et du terrorisme idéologique qui l’assaille de l’intérieur, aura la sagesse héroïque de le comprendre et d’agir en conséquence… sans doute bien avant une certaine classe de bien-pensants à la française !
    Deux peuples frères pourront alors prendre leur destin commun en main, loin de toute idéologie et de tout fanatisme, en commençant par le plus immédiat des pragmatismes : en construisant la prospérité partagée dans la paix et le respect mutuel.

    Que la sagesse qui inspire votre blog infuse l’univers entier, et surtout le cœur des hommes !

  12. Merci à Vous pour cet éclairage si précieux et votre courage de témoigner face à cette grosse vague bien-pensante, émotionnelle et médiatique, qui ne semble pas vouloir voir qu’elle nourrit aussi la division et la haine.
    J’ai peur des dégâts anti-juifs que font déjà les mots détournés, les images qu’elle propage…

    Est-ce réellement, profondément, la paix que nous voulons, que nous appelons dans nos coeurs, en choisissant de nous voiler la face devant la réalité du Hamas, et en niant finalement la volonté de Paix d’Israel ?

    Merci pour ce merveilleux et fraternel duo mozartien qui nous rappelle le chemin du dialogue et de la beauté de l’union dans ces temps difficiles !

    En gratitude,
    nathalie

  13. Merci à vous pour cet espace si précieux où il est encore possible de réfléchir, d’écouter et de dialoguer, comme le souligne Alex, cela ne semble presque plus possible ailleurs.

    Merci pour cet éclairage sur Mani, je suis infiniment touchée par cette sagesse par delà les siècles, qui comme la phrase de Térence, préfigure l’enseignement de Jésus et j’étends comme en écho cette phrase d’une si brûlante actualité : Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre !

    Au lieu de cette conscience de notre humanité imparfaite et complexe, s’exprime partout cette absurde certitude de pouvoir embrasser le réel, de posséder la vérité et au nom de cette prétention, d’avoir le droit de juger et de condamner ses semblables, ses frères. Habité ni par le doute ni par la bienveillance au nom de notre commune condition.

    « Non la vérité, en possession de laquelle un homme est ou pense être, mais l’effort sincère qu’il a fait pour l’atteindre, fait la valeur de l’homme. Car ce n’est pas par sa possession, mais par la recherche de la Vérité que ses forces s’étendent et dans laquelle réside son accomplissement toujours grandissant. La possession rend passif, indolent, orgueilleux –

    Si D.ieu tenait enfermée dans sa droite toute la Vérité et dans sa gauche le seul élan, toujours vivant, vers la Vérité, quoiqu’avec le complément de toujours et éternellement être dans l’ignorance, et qu’il me dise : choisis ! je tomberais avec humilité à sa gauche et dirais, père, celle-ci ! car la vérité pure n’est que pour toi seul. »

    Gotthold Ephraim Lessing (1729 – 1781) (écrivain et dramaturge allemand, auteur de Nathan le Sage), extrait du texte L’Anti-Goetz

    Traduit à partir d’ici :
    http://www.harpers.org/archive/2007/11/hbc-90001466

    Humainement,

  14. Lorsque un individu isolé ou un minuscule groupe, profère des propos racistes envers une personne ou un petit groupe, cela à juste titre soulève l’indignation des citoyens. Lorsqu’un lieu de culte ou un cimetière quel qu’il soit est profané, il y a une vive réaction même s’il n’y a pas de morts.
    Par un effet curieux voire paradoxal, quand c’est un groupe très important à l’esprit belliqueux reconnu, affiché et revendiqué, qui s’attaque à de très nombreux civiles dont des femmes et des enfants à l’intérieur de leur pays et en dehors, les protestations et l’indignation ne sont plus proportionnels.
    Même s’il n’y a pas de » petits » faits qui ne soient pas graves, pourquoi quand ce sont des crimes, la négation des droits humains, l’asservissement de la femme, les menaces de mort envers tout un peuple, pourquoi cette barbarie énorme, évidente, bien rodée n’entraîne telle pas une réaction proportionnée?
    Comment se fait il que lorsque la haine se manifeste avec une ampleur exponentielle, l’humanité dans son ensemble ne se sente pas concernée par ce manque d’Humanité ?
    Le dévoilement en grand de la haine et de la violence ne nous renvoie t’il pas à notre propre haine et violence individuelle, cachées sous un vernis social que chacun ne veux pas reconnaître ni assumer?
    Je pense que les fondements réels du monde sont l’amour et la beauté. La haine et la violence détournent les yeux et les cœurs de ces valeurs fondamentales, pourquoi faire à nous-même autant de mal?
    Avec espérance.

  15. J’ai l’impression que c’est vraiment le monde à l’envers.
    D’un côté une force politico religieuse qui refuse l’état d’Israêl et qui utilise son propre peuple comme bouclier dans le but, entre autre, de provoquer une réaction émotionnelle dans le monde entier contre Israël et contre les Juifs.Une force qui utilise des méthodes bolchéviques pour asseoir sa domination ; décisions prises de façon collégiale, absence de scrupule, population prise en otage et qui paie, qu’elle le veuille ou non le prix du sang pour l’objectif du groupe,une charte qui fait froid dans le dos…

    De l’autre, une force contrôlée par un état démocratique dont les habitants , dans leur majorité, ne demandent qu’à ce qu’on les laisse vivre en paix.

    Je pense que cette guerre est vraiment une guerre pour l’essentiel, c’est-à-dire , la guerre de la démocratie contre le fanatisme et l’intolérance.
    Oui ! Je vis aussi douloureusement le fait de voir, tant de Palestiniens tués dans cette guerre. Mais franchement, en ouvrant les yeux sur l’éclairage nuancé et tellement humain que vous apportez, Dame aux semelles de vent, que peut faire d’autre Israël?
    Je me demande combien parmi ceux qui ont manifesté
    contre cette riposte Israëlienne ont pris le temps de lire la charte du Hamas.

    Le plus triste, c’est qu’Israël semble bien seul dans cette riposte qui me parait être réellement une riposte essentielle. Comme si, mieux que les autres, cet Etat a su percevoir le sens de l’offensive terroriste menée par le Hamas. Dans une Europe où ce
    qui unit les peuples c’est l’Euro, l’argent,je mesure
    à quel point, quand on perd le sens du sacré, on perd aussi la capacité de percevoir ce que signifie dans le fond un événement.

    Je pense que c’est aussi cela que veut nous dire Israël. Mais qui veut l’entendre ?

    Comme le dit le Gilles Bernheim, le grand Rabbin de France, «  »ma compassion va aux civils Palestiniens. »

    Fraternellement.

    Félix

  16. « Le Hamassent le pétrole Iranien »
    par François D’orcival dans le Figaro

    « Ce que l’armée israélienne est allée chercher dans les souterrains de Gaza, ce sont les armes du Hamas. Les plus puissantes d’entre elles proviennent d’Iran. Le Hamas n’existe que par l’Iran. Or l’équation iranienne c’est : islamisme conquérant + pétrole = nucléaire. Sans pétrole, pas d’argent pour financer les centrifugeuses nucléaires et l’islamisme. (…) En déchaînant le Hamas à Gaza, pour entraîner ensuite les représailles massives des Israéliens, les mollahs iraniens ont notamment cherché à refaire autour d’eux l’union nationale de leur peuple tout en mobilisant les opinions publiques, « la rue arabe », dans les autres pays musulmans. Les Égyptiens, premiers concernés, comme les Saoudiens et les émirs du Golfe ont bien compris l’enjeu : tout succès du Hamas serait celui de l’islamisme radical et de l’expansionnisme iranien. »

    source : http://www.objectivite.org/2009/01/actualite-france-usa-etats-unis-economie-finance-informations-paix-conflit-proche-orient-asie-iran-syrie-jordanie-liban-egypte-israel-palestine-sionisme-antisemitisme/le-hamas-sent-le-petrole-iranien/

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