Noël ou le temps de la délicatesse

Il ne suffit pas d’éprouver la nostalgie de la lumière, la nostalgie du temps ancien, le temps de l’innocence… Non il ne suffit plus de souffrir de cette folie désabusée qui caractérise notre temps actuel, qui est en effet le temps de la détresse et de la déroute intérieure.

Il nous faut nous orienter autrement, vers une dimension de connaissance, vers cet Orient majeur si cher à l’ami H. Corbin auquel se lève le pur soleil intelligible, et ainsi recevoir dans notre demeure intérieure les feux de cette éternelle aurore. Prêter l’oreille musicale pour entendre l‘Appel affectueux, doux comme le miel, qui nous dit : Élève-toi !
Et dès lors, habiter notre corps poétiquement et pouvoir ainsi répondre à l’Appel en disant : « Me Voici ! »

Se mettre à danser, tournoyant sur soi-même comme l’atome, au Soleil de l’éternité, afin qu’il nous délivre de notre exil de nous même, comme dit Rumi : Vole, vole, oiseau, vers ton séjour natal, car te voilà échappé de la cage et tes ailes sont déployées. Éloigne-toi de l’eau saumâtre, hâte-toi vers la source de la vie.
Oui ! S’élever dans le ciel en tournoyant et quitter ce temps de détresse, aller vers ce « temps » ancien, ce temps d’avant le temps, se laisser emporter par le mouvement éternel, intime, de la fondamentale. Ah ! s’envoler vers le temps « hors des temps » qui est le temps de la délicatesse !

Se retrouver l’âme dans l’âme, enfant d’un monde ré-enchanté où il est naturel de dialoguer avec les pierres, les fleurs, les anges et les ruisseaux.

Devenir radicalement simple en esprit, et vivre seulement dans la Bonté des êtres et des choses.

Amen !

Joyeux Noël à tous, et puisse la grâce vous rendre « à nouveau » l’émerveillement des cœurs enfants, où tout est toujours possible et d’où le dénigrement et la malveillance sont (encore) absentes.

9 réflexions sur “Noël ou le temps de la délicatesse

  1. Noël, jour de natal, retour en Terre natale…
    Transparence légère comme la neige
    scintillante dans la lumière dorée.
    Lumière qui revêt de cristal tout ce qu’elle touche et enveloppe.
    Féerie de ce qui est.

    Oui à l’enfant qui s’éveille et s’émerveille.
    Merci de vos paroles douces comme les flocons de neige, accueillantes.

    Joyeux Noël

    🙂

  2. Qui me donnera les ailes de la colombe pour que je m’envole et me repose en Toi?
    (Ps, LIV, 7)

    Si tu m’oublies (extrait)

    Si tu m’oublies
    je veux que tu saches
    une chose.

    Tu sais ce qu’il en est:
    si je regarde
    la lune de cristal, la branche rouge
    du lent automne de ma fenêtre,
    si je touche
    près du feu
    la cendre impalpable
    ou le corps ridé du bois,
    tout me mène à Toi,
    comme si tout ce qui existe,
    les arômes, la lumière, les métaux,
    étaient de petits bateaux qui naviguent
    vers ces îles à Toi qui m’attendent. »

    Pablo Neruda

  3. ….
    Et surtout
    après fabulations histoires vraies et approches du concept
    la présence amicale de l’Autre
    qui enfin fait silence
    et se contente d’ouvrir la porte-fenêtre de son bureau qui donne sur le jardin
     » ce monde ouvert devant le texte »

    ( Les secrets du Jardin)

  4. 😉

    Eau, tu n’as ni goût, ni couleur, ni arôme, on ne peut pas te définir, on te goûte sans te connaître. Tu n’es pas nécessaire à la vie : tu es la vie. Tu nous pénètres d’un plaisir qui ne s’explique point par les sens. Avec toi entrent en nous tous les pouvoirs auxquels nous avions renoncé. Par ta grâce s’ouvrent en nous toutes les sources taries de notre cœur. Tu es la plus grande richesse qui soit au monde, et tu es aussi la plus délicate, toi si pure au ventre de la terre. Tu n’acceptes point des mélanges, tu ne supportes point d’altérations, tu es une ombrageuse divinité … Mais tu répands en nous un bonheur, infiniment simple.

    St Exupéry

  5. SOLSTICE

    La décroissance lumineuse s’achève, le jeune soleil est prêt.
    La plus longue nuit se glisse de l’Est déjà sombre,
    Les arbres dépouillés frissonnent en leur sommeil,
    Murmures des vies en dormition, confiantes en le Retour.

    SELENE

    La vague grise du crépuscule charriant le soufre de son ciel
    Comme une plainte désolée chevauchant les collines
    S’en est allée au loin drainer les derniers rêves du soleil mourant.

    La nuit a établi le théâtre de sa geste,
    De fins réseaux de brume se glissent hors de la mousse
    Et caressent en mains pâles les grands fûts des arbres tapis en somnolence.

    Au seuil de leurs retraites profondes, les bêtes aux aguets
    Surveillent l’Est sombre d’où est venue la nuit,
    Où tremblent les prémisses fluides d’une lumière à venir.

    La clarté grandit qui éteint les étoiles,
    Elle crée la transparence où les yeux se heurtaient au dur rempart de l’ombre.
    Orfèvre habile, elle découpe les crêtes en formes étranges,
    Inquiétantes de silence…
    De cette déchirure, dans un appel secret, le ventre blanc de la nuit se découvre,
    Comme glissent les pans d’un manteau lacéré, le globe nu et fragile,
    Son eau transparente et moirée, se délivre des derniers cils de l’ombre.

    Et la terre s’enfle de soupirs et de songes,
    Sa chair obscure palpitante de luisances
    Monte à la rencontre de celle qui l’avait éveillée…

    « Dix lunes ont poussé les vagues de l’océan de ma naissance,
    Nuit chaude du désir, création d’un instant qui dure infiniment …
    Ivre d’eau au coeur de la méduse,
    Les caresses survenues éclosent en rouges corolles,
    Lumières des sentiments qui fusent vers moi, hors de moi…
    Ballet constant que transforme le sommeil ; univers de la mer.
    Une fois, du lointain, comme un frémissement de l’équilibre,
    Dans les vagues qui me roulent, un autre son naît, et du profond monte une tempête qui m’emporte
    Frêle esquif à la pointe d’une lame, je prends corps dans l’espace…
    J’entends, des voix me guident vers le rivage proche,
    des voix appellent vers ma profondeur ; me hissent de l’autre silence.
    Voix des sables, voix d’orient ; emportées par la force du cri me faisant naître.
    Quand la lumière déchire ma nuit, quand des mains me prennent,
    Me glissent sur une plage dont je connais les sons, dont je connais la voix, rive de mon océan …
    L’aube de mes yeux rencontre d’autres yeux, les reflets de ma nuit.
    Tout est calme maintenant, les vagues chantent encore, par là, derrière la dune chaude.
    Naître, c’est la lumière qui change… »

  6. A tous les chrétiens,

    à tous ceux qui fêtent Noël,

    et à tous ceux qui ne le fêtent pas,

    ici et là-bas,

    à tous les hommes (et les femmes) de bonne volonté,

    nous souhaitons un joyeux Noël

    et une bonne et heureuse année.

  7. Joyeux Noël à vous, très chère Femme aux semelles de vent ! Et mille merci pour tous ces délicats éclats de lumière que vous dispensez tout au long de votre blog.

  8. Merci pour ces vœux généreux ! C’est le programme le plus merveilleux, le plus ambitieux et le plus pertinent qui se puisse formuler : « Prêter l’oreille musicale pour entendre l‘Appel affectueux, doux comme le miel, qui nous dit : Élève-toi ! Et dès lors, habiter notre corps poétiquement et pouvoir ainsi répondre à l’Appel en disant : “Me Voici !???
    Votre blog est une aide précieuse pour rendre plus transparents les voiles de l’âme, épurer l’eau pour la changer en eau de Source, afin que ce « me Voici ! » soit véritablement limpide, spontané et sincère. Merci encore pour une telle générosité ! En percevant votre chant, animé comme l’onde claire dévalant des sommets enneigés, l’âme se souvient : me voici !

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