Charleville, 20 octobre 1854 – Marseille, 10 novembre 1891
« La vraie vie est absente », fait-il dire à l’une des deux voix du dialogue entre la « Vierge folle » et l’« Époux infernal », dans Une saison en enfer.
Je pense que ce qu’il veut dire, c’est que « La vrai vie n’est absente » que dans l’esprit de l’homme normalisé, où l’humanité se fond et se confond avec la raison, l’utilité, l’intérêt, l’ordre établi… Bref, sur tout ce que l’on voudra, jamais sur la poésie !
Mais l’homme « normal » et « raisonnable » a-t-il raison ?
Et si l’essence de l’homme n’était que poésie, de sorte que la vraie vie ne se manifesterait qu’en présence de la poésie, dans la Présence poétique ?
Cela voudrait dire que celui qui croît pouvoir se passer de la poésie passe tout simplement à côté de la Vraie Vie !
Et cette Vraie Vie, où se trouve-t-elle sinon dans la plongée au-delà des apparences, au-delà des certitudes sécurisantes, au-delà de l’ordre établi ? Dans l’insolente insouciance rimbaldienne, justement !
Folie, chaos ? Non ! Simplement un face à face avec la Liberté, là où, devenant consciente d’elle-même, la conscience naît à la Vraie Vie.
Et des lors, on se retrouve…
[…] baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d’astres, et lactescent
[…]
Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
Et les ressacs et les courants : je sais le soir,
L’Aube exaltée ainsi qu’un peuple de colombes,
Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir…
Cru voir quoi ?
Le sentiment d’éternité que procure le spectacle de « la mer / allée avec le soleil »…
Sensation
Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien,
Mais l’amour infini me montera dans l’âme ;
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, heureux- comme avec une femme.
Arthur Rimbaud
__________________________
Je viens de découvrir le site des humains associés que je trouve génial. Cela fait chaud au coeur de voir de telles initiatives. Merci.
Si cela peut te faire plaisir je te propose une lecture de la page des poètes sur l’Oeil de la realité. http://morne.free.fr/OeilZinE/poesie_poetes_poemes.htm
Je te propose d’écouter la musique hors norme du elabel le colibri Nécrophile http://www.all-freaks-go-download-horsnorme-free-mp3.info/ ou de mon dernier projet Gestalt OrchestrA http://www.myspace.com/gestaltorchestra
Et des papillons électriques !
Je faisais une recherche personnelle sur Pessoa et voila que je tombe sur un petit article, mini, avec un nom si provoquant, si charmant et qui est pleine de mémoires: « aux semelles de vents »! J’avais vu l’Homme, et voila que je découvre la Femme.
J’apprécie cet article sur mon Compagnon de chemin, celui qui me guide dans mes délires organiques. Je suis un de ses élevés les plus fidèles et je découvre une Femme, qui parle de ce Monstre, ce Salaud!
Quel plaisir! Vous m’éprouvez, vraiment.. Je me dois de lire plus vos articles. Chose que je me promets de faire ces derniers jours.
« Les poètes troublent l’eau pour faire croire qu’elle est profonde » écrivait Nietzsche mais il était en colère contre les « rimailleurs » de son temps.
Quoique ces temps ne changent guère…
La poésie est l’art de dire l’indicible du réel qui se trouve dans les liens et non dans les choses. Tout est partage en équilibre d’une subtilité grandiose.
L’art de dire les signes concordants entre le monde et le soi,le Soi aussi, sans fioritures ; dire seulement, au plus simple, au plus court, au plus précis…
Ainsi poésie est souffle de ce daïmon socratique perché sur l’épaule et qui conduit le calame du dit. Sinon, elle n’est que parodie.
Grande amitié Tatiana,amante et aimante des aimants 😉